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Chemins de traverse,
Il n’est pas évident que toute musique se laisse métronomiser écrit Wittgenstein ... C’est d’une semblable hésitation dont les chercheurs en sciences sociales réunis pour cette troisième manifestation de l’Été du Lestamp, entendent témoigner à travers ce qui n’est ni une catégorie, ni un thème mais une image flottante de marche, de temps, de paysage ; image à solliciter des réappropriations multiples, image ouverte sur le plus délicat à penser dans les enquêtes, terrains, théorisations sociologiques, à savoir ce que l’on serait tenter d’appeler sur mode analogique varié : leur promenade, leur fuite, leur mouvement, leur relief, leur faille, leur clair obscur, leur dessin tracé.
Chemins de toutes sortes, voies courtes ou au contraire jardins aux sentiers qui bifurquent, dans les recherches qui, à l'instar de l'histoire de la géographie, de l'ethnographie, de l'ethnopsychanalyse, réinterrogent dans une sociologie sans rivages, un réel inépuisable aux frontières de ses opacités et pas seulement le construit transparent des disciplines tendant à réduire le savoir à un canon bétonné de questions et réponses circulaires.
Chemins qui enjambent s'il le faut les disciplines, pour ressaisir les singularités sociétales et civilisationnelles qui résistent à toute globalisation, qu'elle soit culturelle et même technique et économique, et les conjonctures indéductibles de quelque évolution, modalité molle et quasi zoologique, de l'ex sens de l'histoire.
Chemins qui interrogent les itinéraires temporels et idéels, de vies intellectuelles, personnelles ou de laboratoires, de questionnements aboutis ou non aboutis, plus dans l'esprit de l'angoisse à la méthode, des impasses et fourvoiements heuristiques, que dans la mise en spectacle et conventions institutionnelles, de fausses cohérences, (autres que celles de la vie) d'une prétendue toute puissance problématique initiale unique et consciente d'elle-même du départ à l'arrivée.
Selon les objets envisagés, les chercheurs en sciences sociales se heurtent aux paradoxes variés de la singularité, de l’événement, de l’aléa, de l’expérience, de la création, du présent, du flottement identitaire, de l’intuition clairvoyante… Si ces paradoxes de l’indécidable trouvent souvent à s’exprimer en quelque note de bas de page ou bien en quelque (pré) ou (post) face, ils ne font que plus rarement l’objet d’une écriture finalisée. C’est à cette tentative de dévoilement des ambivalences inédites de la recherche que nous vous convions en ce nouvel Été, sur les thèmes indicatifs suivants :
- celui des parcours improbables d’étudiants, de syndicalistes, de salariés …
- celui des cheminements intellectuels dans les mondes disciplinaires des sciences sociales,
- celui de l’œuvre à définition toujours problématique qu’elle soit signée d’artistes s’auto identifiant comme tels ou non,
- celui de la stylisation des personnes et des groupes,
- celui du pas de côté méthodologique,
- celui de la limite d’objet de la raison sociologique…
Les sciences sociales sont toujours confrontées à la fluctuante tension entre argumentation et démonstration… Face à l’impératif étroit, actuellement très en vogue du tout démonstratif, nous ferons ici pencher la balance du côté de l’argumentation.
Joëlle Deniot, Jacky Réault
Lestamp-asso
EA Habiter-PIPS
Université de Picardie - Jules Verne sur un thème du colloque proposé par Pierre Cam, Université de Nantes, Lestamp et Habiter-Pips. |