Broché: 216 pages
Editeur : Editions Le Manuscrit /Manuscrit.co (29 juillet 2014)
ISBN-10: 2304044328
ISBN-13 : 978-2304044324
Dimensions du produit: 22.5 x14 x1.2 cm
Eros et Liberté
Trois essais de sociologie et d’histoire
Eros sauvage, Eros sublimé : son mythe, son schème, son tragique sont inscrits au cœur des cultures, de leurs réflexivités artistiques et scientifiques. De Platon à Freud, pour ne prendre que ces deux grandes références, Eros, symbole et/ou concept, interroge le désir, l’élan dynamique qui tout à la fois maintient l’être, le sujet dans son unité et le projette dans le rapport à l’Autre ainsi que dans la connaissance intuitive du monde.
Eros dans notre culture, est d’abord en deçà des dieux, une des forces primordiales avec Chaos, celle de l’énergie du désir unitaire de vie qui relie en se complexifiant. Il présuppose la présence irréductible du sacré affrontant la violence latente. La question des pulsions que condense l’Éros fatal, interroge de toute part la statique et la dynamique sociale dans toutes leurs modalités.
Eros et Eleutheria : concepts complémentaires et antinomiques. Antigone MOUCHTOURIS revient dans sa réflexion sociologique aux sources d’une telle dialectique ravivant les questions de la potentialité créatrice et de l’individu citoyen. "Eλευθεpια, Eleutheria, terme qui désigne une construction politique, traduit par liberté, exprime davantage les relations par rapport aux contraintes, comprises comme une attitude sociale et un sentiment. La notion du mouvement est une préoccupation majeure dans la pensée grecque. La liberté/Eleutheria ne pouvait être qu’associée à cette mobilité. Dans la culture grecque, le terme signifie s’accomplir en tant qu’être humain dans différentes circonstances, mais aussi s’épanouir. Cette attitude n’est pas innée chez l’individu, elle doit être obtenue au niveau politique. Selon Aristote, c’est une tendance chez l’être humain libre. Son origine se trouve dans la maîtrise de la vie, mais aussi dans la capacité qu’a l’être humain de raisonner sur sa propre condition."
C’est à une saisie des formes d’Eros, amour, art, eleutheria, puisées au corpus grec, images et textes, que convie l’analyse historique de Jacky REAULT. "A l’instar de l’invention de la cité par l’écrit de la loi, Eros du premier écrit, a un prix nécessaire et tragique. Ce serait le beau deuil d’Orphée dans le langage et dans la vie, sur fond de liens d’Orphée et de l’orphisme plus antiques que la polis. Refoulés en sa marge, anticipant le sujet personnel par le ravissement de sa voix unique de la tradition et du chant, ils sont à l’origine d’Eros cosmique le prince, le plus beau. L’Eros de la cité, Eleutheros qui tacite rend libre ensemble au combat, supposait avec ce nomos écrit la prédation de l’ineffable oralité refoulée de l’histoire. A la pérennité du rauque cri primal du désir, rs, eros, rt erotos, en grec d’avant le phallique bétyle, on peut d’abord relier Eros brusque dieu divisé d’Hésiode au -8° S°, retraduit en poésie-chant amoureux par Sapho, et tard incorporé en un premier visage au -6° S, l’éphèbe clé du miracle."
L’art introduit alors un cosmos dans ce chaos de l’image obsédante : c’est dans cette perspective que se situe l’essai d’anthropologie esthétique de Joëlle-Andrée DENIOT.
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Biographie des auteurs
Joëlle-Andrée Deniot est professeur de sociologie à l’Université de Nantes. Elle est spécialisée en socio-anthropologie de l’esthétique, de l’image, des cultures populaires et de la chanson à laquelle est consacré son dernier ouvrage (Edith Piaf, la voix, le geste, l’icône, Lelivredart, Paris, 2012). Elle est actuellement membre du laboratoire C3S de l’université de Franche Comté et présidente du Lestamp-Association.
Antigone Mouchtouris est professeur de sociologie à l’Université de Lorraine. Elle est membre du laboratoire 2L2S. Responsable de l’équipe Culture, Savoir et Solidarité du laboratoire GEPECS Paris Descartes de 2010 à 2013, elle est spécialisée en sociologie de la culture et plus particulièrement en sociologie du public et de la réception. Ses préoccupations scientifiques sont axées autour de la dynamique sociale et de la temporalité.
Jacky Réault est agrégé d’histoire. Directeur du transdisciplinaire GIRI CNRS (1989-1993), secrétaire du Lestamp, il est spécialiste des espaces-temps des mobilisations sociales, culturelles et politiques en France. D'abord contemporainiste, il relie, lors de sa retraite de M. de Conférence de sociologie à l'Université de Nantes, sa formation d'helléniste au temps long braudélien des civilisations et du monde.
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Charles DREYFUS-PECHKOFF, membre du mouvement FLUXUS et auteur de l'ouvrage de référence sur son histoire
a préfacé
et dédié l'oeuvre de couverture
Le jour où la nuit vit le jour- Lampe de dentellière
à
l'ouvrage de J A DENIOT, A MOUCHTOURIS, J REAULT,
Eros et Liberté, trois essais de sociologie et d'histoire.
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Bleu Noir Rouge
Trois bonnes feuilles choisies par Joëlle Deniot, pour Eros et Liberté[1]
Plus que ce Dieu grec, le premier, le plus beau, le plus puissant, Eros principe universel de la passion de vie en toutes ses sublimations et perversions, en l'amour, l'aventure politique, l'art, est présenté par les trois auteurs de ce livre comme un prisme de questionnement tant d'une histoire des civilisations que de la créativité humaine et de son inversion.
Eros ailé est Eleutheria, liberté, audace de la philosophie, passion de la beauté, fulgurante et brève démocratie, sublimation de l’amour qu’une longue histoire mène jusqu’à la si précaire altérité. Eros signifie aujourd’hui en toutes langues. La dérive individualiste, instinctuelle, marchande, hors sol, des hommes et sociétés de la mondialisation tend à scinder une liberté réduite au vouloir jouir auquel fait pendant un terrifiant vouloir tuer, de celle qui est le souffle même d’un Demos souverain. Ces trois textes si singuliers semblent se jouer de tous les savoirs disponibles sur l’expérience humaine pour nous dire dans la jubilation de la pensée que les hommes peuvent se sauver en retrouvant l’institution imaginaire de leur excellence.
Eros à l’œuvre
Joëlle-Andrée Deniot
« Il ne suffit pas cependant de dire que la fascination d’Eros nous amène à poser que désir et regard vont à l’unisson. Il nous faut aussi poursuivre en ajoutant que si désir, regard sont synonymes, l’art et notamment l’acte pictural vont exalter l’ardeur de cette conjonction. Peindre signifie s’affronter au périlleux vis-à-vis dont on est soi-même la proie. « Tout tableau est une tête de Méduse. On peut vaincre la terreur par l’image de la terreur. Tout peintre est Persée. » Le Caravage qui peignit la face de la Gorgone, proclama cela.
Etre non pas celui qui se retourne au risque de tout pétrifier, tel Orphée, non pas celui qui fait de son visage sa prison, tel Narcisse, non pas celui qui s’expose frontalement à l’œil médusant, mais être celui qui invente le regard oblique, qui, par ce détour, devient maître de l’effroi, c’est sur la scène des reflets, l’histoire de Persée… Et n’est-ce pas toute l’histoire de la peinture occidentale réfléchissant l’Eros au ravissement hypnotique, de l’Eros sorti d’une relative innocence et cela dès la période de la Grèce romaine ? « L’artiste, dans ce processus, est le héros qui réussit l’écart, infime et décisif, qui lui permet d’éviter le coup mortel et de se saisir de ce qu’il avait envisagé. » (J. Clair, 1988).
Suivant cette piste, nous entrevoyons le fait que l’art pourrait se définir comme capture altérée des interdits du regard touchant au corps hanté par ces moments de ravissement à lui-même que sont l’extase du jouir, le fléchissement de l’agonie, la stupeur de la honte ; qu’il pourrait se penser comme capture altérée des interdits du regard touchant aux corps et âmes hantés par les grandes terreurs de la pétrification, de la sidération dont le sexe, la passion, la panique, la mort nous menacent.
Il est un rapport constant de l’art avec ces catastrophes du rapt, de l’absence à soi-même et à son identité sociale dont Eros, intrusif, insistant, dévorant et cela bien avant la stabilisation sociale et culturelle de l’imaginaire chrétien, est une figure condensatrice. « Il y a trois figures ailées : Hypnose, Eros, Thanatos […] A la source grecque ils sont cette unique et identique capacité de l’image dans l’âme, à la fois inconsistante et intrusive. Ces trois dieux ailés sont les maîtres du même rapt hors de la présence physique et hors de la domus sociale. » (Quignard, 1994). L’art introduit alors un cosmos dans ce chaos de l’image obsédante.
Capture altérée, en quel sens ? Je préciserai que cette altération est non pas celle d’un brouillage, d’une dissimulation ou d’un déguisement, mais celle d’une exaspération. Capture altérée, c’est-à-dire exaltée, enténébrée, dramatisée, affabulée de ces états-limites du surgissant libidinal, du défaillant stupéfait, du transi « né pour la mort ». Les fresques des interdits du voir, dès la Rome impériale, visent ces débordements d’un hors langage, ces fleurs de l’instant, ces « fleurs de la passion », qu’il s’agisse de la fureur de Médée, saisie à la pointe concentrée de sa douleur, de son épouvante juste avant le meurtre de ses enfants, ou bien qu’il s’agisse du Prométhée basculant dans la mort d’après le modèle agonisant que le peintre Parrhasios d’Ephèse venait de soumettre à la torture fatale pour mieux aiguiser la puissance, la vérité, les couleurs et les traits de son art ».
EROS et ELEUTHERIA
Antigone Mouchtouris
« En effet la liberté/Eleutheria ne pouvait être qu’associée à cette mobilité : être libre = être mobile. Dans la culture grecque, le terme signifie s’accomplir en tant qu’être humain dans différentes circonstances, mais aussi s’épanouir. Cette attitude n’est pas innée chez l’individu, elle est présente dans sa nature sociale et doit être obtenue au niveau politique. Selon Aristote, c’est une tendance chez l’être humain libre. Son origine se trouve dans la maîtrise de la vie, mais aussi dans la capacité qu’a l’être humain de raisonner sur sa propre condition. C’est une attitude qui procède d’une conduite où le sentiment peut jouer un rôle. Eleutheria signifie aussi cette maîtrise exprimée contre les circonstances et aléas de la vie ».
Erographie
Jacky Réault
« De l’antiquité païenne au christianisme instauré la tension d’amour partagé entre l’homme et la femme croit, sans s’achever et semble se résoudre dans le bref cycle d’un premier siècle d’Antoine et Cléopâtre. Elle reste confinée à une espérance populaire étouffée par l’ordre impérial romain, jusqu’aux genèses, païenne, puis chrétienne, d’un neuf Eros partagé, quand les élites acceptent d’intégrer lentement au cours de l’antiquité tardive, ce conte syncrétique Eros et Psyché, à une vision de l’amour que l’évêque de Rome vient, en 2007, de relire pour relier. Religere. S’il intègre la quête du beau divin dans l’eros, c’est, malgré Platon, dans la tension vers l’Autre absolu de l’androgyne séparé, non le même mais l’autre sexe (Vernant, J. P. 2011) ».
Jacky Réault initiateur et éditeur avec Joëlle Deniot, du colloque international du Lestamp Eros et société (Juin 2009), réinterroge indirectement, à propos du destin tragique de Nicos Poulantzas et directement pour l'occultation d'Eros et de sa manifestation phénoménologique spécifiquement grecque, l'érastie, dans l'oeuvre de Cornelius Castoriadis, dans le livre collectif aux textes réunis par
Panagiotis Christias et Antigone Mouchtouris Actualité de la pensée grecque. Paris Le Manuscrit juillet 2014. Son article s'intitule De Nicos Poulantzas à Cornelius Castoriadis, deux ponctuations grecques d'un itinéraire sociologique en France (1968-2009) Cliquer
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[1] Choix d'extraits par Joëlle Deniot désignée par ses co-auteurs comme porte-parole des trois auteurs pour répondre à la demande de textes de présentation de Eros et liberté par les Editions Le Manuscrit.
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EROS ET LIBERTE A L'UNIVERSITE DE NANTES
http://www.sociologie.univ-nantes.fr
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La sociologie à l'Université de Nantes
Recherche / Culture scientifique
Parution : "Eros et Liberté"
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Eros et liberté ET LE LESTAMP
Un aboutissement pour le Lestamp qui inaugure dès 2000 une anthropologie historique multiréférentielle de l'amour !
Le 7 août 2014 Jacky Réault
joelle.deniot@wanadoo.fr jacky.reault@wanadoo.fr
Ce livre est l'aboutissement pour le Lestamp d'une entreprise de long cours. Il est engagé dans sa genèse depuis son colloque international de 2009 Eros et société dont l'édition (Février 2009. Nantes) a été vite épuiséeVoir en BU. Ce sont deux articles issus de ce colloque qui fit date, remaniés et élargis, que ses deux initiateurs, Joëlle Deniot et Jacky RéaultLire leur appel à communiquer ont proposé d'adjoindre Lettre de Jacky Réault 6 mai 2012 à une version dilatée de la communication d'Antigone Mouchouris à l'Eté du Lestamp 2011, Sciences sociales et et Humanités* .
L'Edition des actes sous le titre Eros et sociétés,
Joëlle Deniot et Jacky Réault (dir.)avec Léonard Delmaire, Éros et Société. Vouloir vivre, vouloir jouir, vouloir mourir, vouloir tuer Lestamp Editions Nantes Février 2012, est épuisée mais disponible en bibliothèques
Pour le sommaire, les critiques, et la liste des BU achalandées
Sous réserve de l'adaptation finale et réussie par le Manuscrit de sa charte graphique qui respecte l'essentiel de la structure initiale des textes très largement illustrés de Joëlle Deniot et Jacky Réault, adeptes d'une science sociale qui en finisse avec l'iconophobie de l'intellectualisme tant d'auteurs que d'éditeurs universitaires, le livre reste redevable de l'expertise éditoriale du Lestamp pour le formatage des images, la substitution de dessins originaux de son maquettiste Léonard Delmaire, la mise en page générale et les successives campagnes de correction de textes exceptionnellement référencés. Le Lestamp est seul contractant du paiement de la contribution éditoriale aux Editions Le Manuscrit. A Antigone Mouchtouris revient l'accueil dans sa collection Topos de ce livre de trois associés libres et égaux, sous l'égide si bienvenu de deux artistes, Charles Dreyfus-Pechkoff du Mouvement Fluxus, pour la couverture et la Préface, Françoise Marbleu, initialement sollicitée qui au eu l'élégance d'offrir le cadeau d'accueil à la publication, son superbe bronze que notre site est fier de diffuser en exclusivité.
Les Editions Le Manuscrit, se sont montrées à la hauteur de cet hapax des sciences sociales, entre histoire de l'art et anthropologie de l'amour dans l'histoire des civilisations.
O
*Eletheria et Eros : temporalité d'un couple complémentaire et antinomique, selon la kinesis d'Aristote
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Colloque de sciences sociales et humaines
29 et 30 juin, 1° Juillet 2017 NANTES
11° Eté du LESTAMP
à NANTES Amphithéâtre J Vallès
en bords de Loire
APOCALYPSE NOW
SOCIOLOGIE (S) et autres SCIENCES SOCIALES ET HUMAINES DES RAPPORTS AU(X) TEMPS vécus et à vivre
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Pour soumettre une communication : joelle.deniot@wanadoo.fr ; jacky.reault@wanadoo.fr ;
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