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Université de Nantes sociologie  Colloque Sociétés de la Mondialisation
 

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Université de Nantes Sociologie
 
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Le rire de Norma Jean Baker Marylin 2012
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Variations anthropologiques
 Ethos de la juste mesure
Les ouvriers des chanson
L'envers du décor : les peuples de l'art
Les ouvriers Nazairiens ou la double vie
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Corps et imaginaire dans la chanson réaliste
Apocalypse à Manhattan
Du commun, Critique de sociologie politique
Des cultures populaires
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Corpographie d'une voix Edit. intégrale
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La CGT en Bretagne, un centenaire
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Sociologie Nantes

 

Joëlle Deniot Professeur de sociologie à l'Université de Nantes - Habiter-Pips,  EA 4287 - Université de Picardie Jules Verne - Amiens Membre nommée du CNU Affiche de Joëlle Deniot copyright Lestamp-Edition 2009

 
Sciences sociales et humanités Joëlle Deniot et Jacky Réault : colloque l'Eté du Lestamp avec HABITER-PIPS Université de Picardie Jules Verne.

Université de Picardie Jules Verne- LESTAMP, Amiens H-P Itinétaires de recherche à l'initiative de Jacky Réault

Joëlle Deniot et Jacky Réault Etats d'arts Affiche de Joëlle Deniot copyright Lestamp--Edition 2008

 Joëlle Deniot Jacky Réault 2006 Invention de l'Eté du Lestamp devenu Colloque du Lieu commun des sciences sociales

 
 
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Université de Nantes Sociologi eJ Deniot J Réault  CDrom The societies of the globalization Paris LCA 2007

Nantes sociologie

Pour un écosystème réel et virtuel des social scientists  et des sites ouverts à un lieu commun des sciences sociales et à la multiréférentialité

Revues en lignes,

-Pour un lieu commun des sciences sociales

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-Mycelium (Jean-Luc Giraud, Laurent Danchin=, Cliquer pour découvrir les nouveautés de septembre 2012

-Interrogations

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Cliquez sur l'image pour accéder au film sur Youtube Joëlle Deniot. Edith PIAF. La voix, le geste, l'icône. de ambrosiette (Jean Luc Giraud sur une prise de vue de Léonard Delmaire Galerie Delta Paris 7 09 2012 J A Deniot M Petit-Choubrac,J Réault  L Danchin, J L Giraudtous édités au  Lelivredart

 

 




 

Les sociétés de la mondialisation

Communication inaugurale au colloque international

Pour un lieu commun des sciences sociales *

* (Ce texte est de fait un manifeste pour un laboratoire alternatif de travailleurs intellectuels libres associés, Le Lestamp, fondé en août de la même année et fête en 2013 ses dix ans)

Suivi de Alter-mondialisme ou Anti-mondialisme, la question d'une servitude.


 

Jacky REAULT
Nantes Ancien directeur du GIRI CNRS, Agrégé d'Histoire, MDC Sociologie, LESTAMP Equipe associée de l'Université de Nantes et Lestamp-Association (juillet 2004)
Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP - 2005
Dépôt Légal Bibliothèque Nationale de France N°20050127-4889



Accueil aux participants au colloque international "Les sociétés de la mondialisation"

Salut d’abord à celles et ceux qui sont venus d’Oulan - Bator ou de Ouagadougou, de  Bucarest et d’Agadir, de Lisbonne ou de Londres voire des Pays-Bas, salut à celui qui est passé par Rancagua (Chili) pour nous parler d’un anti-avenir possible, salut à celui qui sera comme ambassadeur d’Istanbul notre autre Rome plus troublante de son ambiguïté radicale, salut aux francophone de Genève et d’Oran, à celle dont la voix restera anglaise pour évoquer les frontières de l’Ulster, aux voix italiennes qui nous parlerons de la fête et de la céramique en Grande Grèce, à la voix espagnole venue d’Alicante pour évoquer des villes mondialisées. Merci à ceux qui vont nous transporter comme en tapis volant entre le Cameroun les Etats Unis et Calcutta, Sao Paulo Rome et Bamako, la Bulgarie l’Inde et Dar es Salam, entre la Silicon Valley et Bangalore et même par Royaume uni qui n’a rien d’une troisième voie. Bravo à ceux qui évoqueront des continents et même cet objet si difficile à identifier qu’est l’Europe, à ceux qui évoqueront le destin mondial de religions voire des civilisations entières ou continents entiers à ceux qui s’exposent à penser le monde lui même. Merci d’être là à ceux qui viennent de cette France braudélienne, une et diversité, entre Paris, Brest, Toulouse, Montpellier, Aix- Marseille, Limoges ,Bordeaux, salut à nos voisins d’Angers et de Rennes, de Tours. Merci à la douzaine du Lestamp dont la plupart ont assuré à la fois l’intendance la pensée et la voix.

Votre présence impensable il y a seulement six mois nous comble, fait événement. Le monde est donc pensable ! N’ayons pas peur !

Après le salut comblé, le risque extrême d’inaugurer sans clore, de constituer sans préjuger. Si une simple formule peut résumer ce que nous allons tenter de dire en guise d’accueil nous proposons celle ci qui est, pour nous, mieux qu’un programme, un espoir.



Communication introductive de Jacky Réault : Pour un lieu commun des sciences sociales


 

Libres associés

Le Lestamp est heureux de vous accueillir à Nantes ; laboratoire d’universitaires patentés mais déjà associés à leur compte et roulant vers l’indépendance  institutionnelle, ouvert, petite universitas magistrorum discipulorum. En ces temps de mastérisation niveleuse et semestrialisée où il ne serait  plus question que de réduire la voilure des savoirs et de s’aligner dans les bornes de l’emploi régionalisé, verrouillé dans des clientèles, nous n’oublions pas d’où nous venons et ce que nous voulons transmettre, cet inestimable objet de la transmission[1] : des filiations de maîtres et de savoirs, qui capitalisent des fondamentaux fragiles, suspendus aux mémoires vivantes qui ne cesseraient jamais de transmettre ; sociologues pour la raison sociale, à ne pas trop prendre au mot des indurations institutionnelles, les femmes et les hommes en société,  mais aussi les sociétés elles-mêmes, voire des ensembles plus vastes encore, sont notre affaire, holistes et individualistes, inséparablement nous tentons d’être…, mais avec beaucoup d’autres corporations : les sociétés humaines et leur devenir sont affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux sociologues.

Qu’importent les emblèmes spécialisés et par trop séparés où nous faisons, souvent par hasard, nos carrières dans une clôture souvent inversement proportionnelle à la production d’idées neuves. A propos quel était le métier d’Ibn Khaldun[2]  inventeur de l’habitus mais, pour ce qui le concerne pourfendeur de clans, et dont le programme pourrait être le nôtre, les villes, les campagnes[3] les Etats, dans les aires et les cycles mortels des empires, au contact des deux grandes civilisations de la Méditerranée d’après l’Hégire ? Mare nostrum encore ? Nos fondateurs vous ressemblaient. Ils ressemblaient en tout cas à la totalité hétérogène que vous constituez ;  ils étaient aussi philosophes, juristes historiens-géographes, nourris de linguistique et de freudisme et plus généralement d’anthropologie, devenus sociologues comme par surcroît, moment le plus abstrait et le plus instrumental, le plus instrumenté aussi ; finalement plus ou moins sociologisés, comme on dit, nous avons eu la tentation un moment aussi - comment le nier ? -d’évaluer et moderniser nos semblables jusqu’à nous apercevoir que nous risquions ainsi de ne plus être ni savants ni politiques, des idéologues, voire (cette prise de conscience étant la plus récente quoique irréversible), dans le pire sens du terme, des mondialisateurs[4] !

Nous n’avons pas assez oublié cette genèse, pour croire qu’on puisse  penser la forme société  et surtout les sociétés-pays-réels, à partir de petits bouts découpés à la hache au sein de sous-spécialités, qui plus est en problématiques closes, pour croire que des abstractions sur la société objet construit, (c’est plus facile que l’opacité irréductible du réel mouvant) puissent remplacer la quête humble et sans fin de la concrétude des sociétés existantes, singulières et toutes cependant dans ce même bateau dont la coque est la cinquième planète. Héritiers, nous osons l’être, contre les éradicateurs de culture, nous n’avons pas oublié ceux qui nous ont formé ou éclairé de leurs œuvres dans tous les horizons du savoir et pas seulement dans les disciplines estampillées, et nous ne voulons pas nous séparer de bien d’autres contemporains vivants, tout aussi divers auxquels nous avons aussi adressé, comme à vous, notre appel à communiquer, comme on dit ... En espérant qu’on échangera sur le dos de la même terre, que nous grattons d’habitude sans trop sans nous voir mutuellement, bien autre chose que de la communication, cet art du vide et de l’insignifiance[5] où nous confinerait la bien-pensance utilitaire et l’interdit du nécessaire conflit d’idées.

Transformations et Acculturations Populaires... 

                                                                         c’est notre cible générale, on ne nous suspectera pas trop d’être dans l’air du temps central de la discipline ;  ce qui ne nous rend pas pour cela, au contraire peut-être, étrangers au Temps du monde[6]. C’est du sein de ce bloc de questions que nous avons profilé notre appel, parce que, d’où nous parlons, il était devenu nécessité à la fois intime et publique, de justifier notre existence et de faire connaître notre expérience. En une phrase où convergeraient la plupart d’entre nous, la mondialisations ne pourrait-elle pas, peut-être, se résumer aussi (à supposer, propos certes bien fou[7], qu’elle soit achevable), comme un processus et des politiques tendant à la fin des peuples. Le retour à l’espèce terrestre unique est également fantasmé par les Castor et Pollux (sur ce point interchangeables ? ) de l’impasse Adam Smith[8], les néo-progressistes et les pan-libéraux, également religionnaires du mouvement du monde quel qu’il soit et où qu’il aille. N’est-ce pas toujours le one best way, bougiste dit joliment Taguieff[9] ?  Bougistes d’hier et d’aujourd’hui,  négateurs d’histoire, déconstructeurs de sens et liquidateurs de mémoires, sous l’emblème de la réforme sans fin[10], N’a - t -on pas chez tous le module unique des déjà mondialisés, notamment dans l’archipel des capitales, ou d’une autre façon des déterritorialisés tant à l’égard des peuples qu’à l’égard des sens[11] ?

Questions que tout cela ! Rassurez vous,  questions seulement ! Questions quand même! Milieux
Que nos débats soient en quelque sorte l’empire du milieu ! Nous vous accueillons dans un site qu’on appelle opportunément, la Médiathèque, en une ville que les physiciens du globe, rejoignant tardivement les géographes, considèrent comme centre des terres émergées. Cette ville est un courant d’air culturel, où convergent et cohabitent (abstraction faite du flux récent de cadres supérieurs parisiens, très branchés très court-barbus version Canal plus, assez mondialisés, très lieu unique en un mot), trois provinces entrées en République au prix historique de quelque guerre civile aux effets toujours vifs. Où nous porterons nos regards ce soir en sortant d’ici, c’est un fleuve, un port mort, avec comme horizon la ligne où tombe chaque jour le soleil. De ce balcon, sur la lumière qui se noie, l’occidant même, le point d’observation n’est pas mauvais, sur ce qui veut vivre, et sur ce qui se laisse mourir, sur ce que l’on occis peut-être, aussi dans ce monde,  que, non sans dérision de quelque dieu, l’on peut aussi penser, d’ici encore mais en regardant à l’antipode, dans son recentrage… Pacifique.

Notre laboratoire et c’est le seul sans doute dans sa discipline, maintient dans son intitulé ce mot modeste de milieu : le contraire en termes de connaissance de l’homogène, du réseau[12], de l’épuration, du champ. Milieu, lieu commun du complexe et de l’hétérogène ;  au point que l’on ose y trouver encore, avec des géographes, des anthropologues, des historiens et quelques héritiers de Sigmund l’incorrect, des signes mêlés à de la nature, des corps sexués, des climats, - au sens de Montesquieu - , au point que l’on ne s’effraie pas non plus de l’insertion de machines et de produits, de matières pour parler cru[13], de modes de production et d’échange[14] au sein même de la société comme texte, selon le maître livre de Pierre Legendre[15] ; Penser en milieu, suppose pour le moins des signifiants quelques peu matériels et quelque référents par dessus l’individu du marché du sociologue et de l’économiste, trop souvent le même ; cela suppose peut être aussi le retour de sujets debout, sujet individuel comme sujet collectif,  mais toujours sujet historique, et pas seulement le sujet du droit, ou plutôt d’un seul droit civil où devrait s’abolir, selon le rêve actif des institutions centrales de la mondialisation, le si précieux, précaire et dépecé, droit collectif du travail[16].

A l’instar des géographes autres fidèles, - nous aimons en tout cas l’espérer - des milieux, nous aimons les contacts et les zones de contact. Nous nous plaisions à l’avance à vous imaginer accourus dans ce bon lieu - mauvais lieu du bord de l’eau, - délicieuse équivoque du vieux langage -, du bord d’une Loire qui donne à boire à l’océan, où l’on se souvient pourtant, sur ce fond maritime et mondial, d’un triangle immense de voiliers sans innocence. Mille sept cent cinquante six courses de traite entre 1703 et 1831, entre Nantes, l’Afrique et ce si mal nommé Nouveau monde. Au bord de ce quai de la Fosse qui fut un centre de cette pré-mondialisation ( ?), on ne peut cacher, sur ce point, l’eurocentrisme de Marx lui même :  le capitalisme engendra et l’esclavage moderne de ses marges occidentales comme d’ailleurs le second servage de son Orient , bien avant le travailleur libre de ses centres occidentaux.


Le festin de Babel

Dans notre World trade center nous ne vous proposons cependant, pour ce qui est du commerce et de la spéculation, que des idées libres, et, grâce aux géographes, - et pour autant que la technique suive -, des images aussi. Puissent les   idéalités des sociologues économistes et autres souvent trop abstraits s’en trouver plus incarnés comme le sera par dessus tout çà, peut-être, en quelque sorte avec le concert des prises de paroles venant de si nombreux pays du savoir, ce que l’on pourrait nommer, comme une Ode à la voix[17] plus profonde et plus intime à la fois que le simple discours ! Les voix c’est une spécialité d’ici, de Joëlle Deniot en l’occurrence, directrice d’un laboratoire occis, présidente d’un laboratoire naissant. Tout colloque n’est-il pas un de ces moment totaux où nos écrits se font corps et âmes (comme en nos cours certes, espèce menacée), mais c’est le seul où nos pensées se font face en faisant voix, et où souvent même (inutile de faire semblant, nombreux parmi nous sont dans cette situation ! ) elles se font voix avant d’être (et parfois jamais), écrites. Aimons, aussi, ce que jamais on n’entendra deux fois ! Rendons ici à Cesar et pas seulement aux princesses du lieu, ce qui leur appartient : cet amphithéâtre creuset ouvert du débat public nantais, (joli cadeau de la Mairie de Nantes !), qui sera de vos pensées-voix le principal et très précieux écrin. Bref nous vous invitons à donner de la voix et pas seulement des discours.

Le programme,  déjà diffusé, de nos jours et de nos travaux, cet inédit radical au regard de chacune de nos disciplines, le livret-programme, image et texte[18], artistes et paroliers, (vous mêmes en l’occurrence), que vous avez trouvé dans votre sac municipal et nantais, vous l’aura déjà fait ressentir : nous ne vous confinons décidément pas dans la Galaxie Gutenberg qui reste notre fin et mission propre d’universitaires et de chercheurs, mais ici enchâssée entre le film de ce soir, Artisan Pickpocket[19], (notre beau mais terrible remord à l’égard de la Chine, cet autre univers qui monte dans le monde qui va), et l’inauguration plus festive de l’exposition du photographe Robert T0, de vendredi soir, les sociétés de la mondialisation encore mais faites images au risque d’un regard singulier. L’ensemble des personnes et des pensées, l’ensemble de ceux qui vont s’exposer à penser et, peut-on dire, à  imaginer et imager dans ce colloque, scandé d’images fixées, (tout sauf un art moyen, triste formule), et animé d’images mouvantes, (le cinéma ou l’homme imaginaire, joliment dit par Edgar Morin), tout nous semble dessiner comme une  forme expérimentale totalement contemporaine et totalement enracinée, donc résolument risquée ; mais du moins, (c’est ce que nous avons espéré en nous lançant dans cette aventure), le profil que nous aimerions voir se révéler  serait  celui d’un espace à la fois hétérogène et commun, un lieu commun évidemment, de sciences sociales (et d’art vivant), devenu nécessaire, urgent même et, osons le dire, libérateur.

Libérateur d’abord pour ceux qui l’ont organisé dans les rets, disons, d’une certaine situation d’étouffement...institutionnel et disciplinaire..,  dans tous les sens, pas vraiment joyeux, de ce vocable, à l’instar des ex-bataillons du même nom ! Libérateur aussi, nous l’espérons, pour vous, toutes celles et tous ceux, (un peu plus nombreux à s’être maintenus que les premières pourquoi ?) qui n’ont pas craint, dans ce monde de dédifférenciateurs, selon la si profonde et prophétique analyse de Georges Devereux[20], et rêvant de clones, de prendre le risque, devenu presque incorrect avec l’inter (ou pourquoi pas l’alter) disciplinarité, de l’altérité des savoirs et plus encore des questions, voire des langages, sans s’effrayer du destin de Babel, du destin ou plutôt du festin ? Babel n’est-ce pas, la patrie des hommes humanisés ce qui n’est pas (ce qui n’est plus ?) un pléonasme, c’est à dire des humains, ayant aussi des patries, des cultures, des sociétés des civilisations, ces médiations en concert inachevable et peut-être menacé, de l’universel concret ?

Questions toujours que tout cela, bien sûr, ne craignez rien ; mais questions encore !



Les sociétés de la mondialisation ?


C’est de là, du sein et du goût de cette sociodiversité que notre appel, Les sociétés de la mondialisation, prend son origine, Ce chœur des unités sociétales et civilisationnelles, n’a rien à voir avec la maladie différentialiste qu’a diagnostiqué Emmanuel Todd[21], et qui, venue d’Amérique, avait envahi le discours des classes parlantes françaises lors de l’entrée en mondialisation, en gros, en France après cette date si incroyablement connotée à l’avance de 1984. Certes nous n’oublions pas que cette diversité, est en partie digérée, distribuée en des lois d’airain (mais l’airain fond aussi si l’on s’en donne les moyens !) entre centre et périphéries. On n’échappera moins que jamais au questionnement de cette forme de valorisation à partir d’un centre de l’inégalité du monde que formalisa Fernand Braudel. Certes est omniprésente l’expérience si lourde de la structure totale d'une mutation,(ce) processus global de transformation[22], Mais cela n’épuise pas la sociodiversité humaine pertinente, à l’instar de l’œuvre des sociétés braudélienne elle - même où n’a jamais été tentée la synthèse entre l’apport sur les grandes civilisations et celui sur l’histoire générale du monde.

Qu’à son exemple notre propos ne s’effraie pas de balancer sans jamais trancher entre l’un et le multiple, pour nous orienter dans ce labyrinthe historique où nous sommes. Comment, comme nous y invitera Guy Bois à la première place qui lui revenait, pourrions nous relativiser les contradictions motrices de la mondialisation pensée comme une unité écrasante réduite à la violente clarification de son épure ? Les libres échanges contraints, l’obligation de s’ouvrir à ce qui vous détruit, des exploitations d’échelle inédite, des prédations terrifiantes d’une planète rare, des injonctions centrales à des servitudes sournoises ou sanglantes. Comment ne pas penser dans le même temps de l’immédiate actualité les prodigieuses vagues de développement de la Chine à l’Inde, les effervescences de néo-tribus antidestins collectifs festifs et choisis, et ces serviteurs électroniques de la mise en réseau sans qui ce colloque n’aurait pu exister. ?

Mais ce n’est pas de ce seul mouvement central ou des mêmes flux diffus que s’originent les mobilisations publiques ou privées, collectives ou individuelles dont la mondialisation est la résultante autant que la cause. L’on postule que c’est avec cette sociodiversité que doit faire la mondialisation[23]. Imaginaires comme le sont les mythes pour les déconstructeurs de tout poil, irrationnelles pour les tenants des faits sociaux réduits à l’état de choses sociales à l’instar des marchandises, les identifications collectives sur des mémoires réelles et reconstruites à la fois et ceci sans garantie et sans fin, les unités  empaysées, dirais-je, sociétés Etats lignages territoires, transmissions liant les ressources avec l’émotion et le signe, sont tout autant les clés historiques des mobilisations qui affrontent les processus globaux et les politiques qui les condensent, jusque dans des guerres toujours plus rapprochées. Guerres mondialistes[24] ?  Comment ne pas questionner comme telle leur effrayante nouveauté ? Qui nous trouvera des mobilisations, des résistances ou des abandons décidés, voire des ruées modernisatrices et autres movidas très réactives, sans ce que dénient presque toutes les sciences sociales, sans les émotions liées à des sens sur le conservatoire toujours mouvant des peuples ? Questions encore, en tout cas quelques unes de nos questions, d’ici et maintenant.


N’ayons pas peur !

Nous n’aurons en tout cas pas peur des questions au plus large y compris l’ultime : qu’est-il de l’humanisation en crise - tant le disent parmi les plus profonds ! - dans le monde qui va ? L’horizon d’une société-espèce universalisée pourrait il augurer autre chose qu’un destin de fourmilière ? Mais nous n’avons pas non plus pensé qu’il y aurait des plus restreintes questions qui soient pour cela des moindres. Notre espace-milieu, le programme en est assez éloquent, n’a ni haut  ni bas, (ces vilaines formules d’une post-sociologie des classes déclinante ou réchauffée), ni petits ni grands objets, ni autorités centrales ni chercheurs marginaux. Il n’y a de bornées que les réponses déjà données dans les questions, une tentation certes très sociologique encore et très économique aussi, arguant d’épistémologies de la rupture d’avec le monde commun. Nous ne sommes pas ici pour rompre,  encore moins pour éduquer…cette autre maladie sénile des sciences sociales, à très moyenne portée, pour contrôleurs sociaux régionalisés.

Bref, nous n’aurons pas peur…sinon que ferions nous ensemble ? pas peur des vastes questions transversales. Mais sans jamais oublier que nous parlons tous et chacun, modestement, de quelque part et, les uns pour les autres. Toujours d’ailleurs.

N’est-ce pas un préalable absolu - lailleurs -  pour qu’ait existé ici, pendant trois jours, au moins, - le temps d’une passion -, un lieu commun qui ne soit pas un lieu unique, pour que l’effort d’un langage ordinaire[25] fasse reculer nos jargons, nous permettant de nous entendre entre nous et d’être entendus dans un monde commun ? pourquoi pas d’ailleurs, dans un common sense [26] - phobie des idéologues - qui ne refuse pas aux expériences humaines pratiques ou réflexives, la dignité de savoirs échangeables ? voire dans cette common decency, à valeur anthropologique que Georges Orwell considérait comme la revendication principale des peuples quand d’autres prétendent à leur place et, voire contre eux, traiter désormais en nouveaux oligarques, du bien et du mal, de la négation des sexes,  des âges, des filiations même, de la vie et de la mort, de leurs territoire à dépayser et de leur mise en réseau ... dans le champ ou plutôt le néant humain d’une post-humanité réduite au marché mondial.

Aurions-nous une conception passéiste du populaire ou par trop enracinée dans le printemps 89 ? En tout cas le lien central de la mondialisation et du devenir des peuples, la question de la voix des peuples est au centre de notre heuristique du moment actuel.

Peut-être ne le répéterez-vous pas !

Aventure

Ce colloque se présente comme la résultante indéductible d’un appel indiscipliné aux travailleurs libres de toutes les disciplines des sciences sociales, civilisationnistes, linguistes, psychosociologues, anthropologues, historiens venus trop rares hélas, et beaucoup heureusement de géographes et même oserais -je dire des sans étiquettes (en tout cas n’avons nous pas su, et eux peut-être non pas pu, s’étiqueter ...  et sociologues enfin, d’appellations contrôlées et non contrôlées. Tout colloque certes est une aventure. Entreprise ne serait pas mal non plus mais, (comme l’avait noté un, devenu très lointain fondateur), elle peut requérir des entrepris vilain mot !). Aventure donc, au bord de la Fosse le mot résonne et raisonne encore assez bien ; encore les aventures colloquantes sont-elles en général pondérées par un double volant de sécurité :  la solidarité d’un réseau ou sous - réseau disciplinaire déjà éprouvé dans quelque expérience antérieure homologue, la mobilisation d’un tissu d’universitaires et de doctorants au sein d’institutions universitaires globalement coopérantes ou, au pire, positivement indifférentes. De tout cela nous n’avons eu, à l’instar de ce bas clergé de 1789 qui finit par rejoindre le tiers-état, que la portion congrue.

Ce qu’il est convenable de faire savoir ici c’est que cette mobilisation et ce vivant tissus de jeunes gens, de maîtres plus ou moins blanchis et d’une directrice qu’on afficha ici sur les murs pour mauvaises lectures, sont bien là, au centre de tout cela ;  mais pour le reste, tout se déroulera sans notables, si paradoxal que cela puisse paraître à l’épicentre de ces sociétés d’Ouest qui les engendre à profusion, hier et aujourd’hui dans l’aire et la nouvelle ère des reféodalisations, (Legendre encore au risque de Guy Bois en passant par André Siegfried[27]). Tout se passera sans filets, sans réseaux, sans rets donc...,  de ceux qui emprisonnent l’oiseau.

A
venture encore faire ce genre de colloque dans ce moment actuel  celui d’une guerre atroce et, (première dans l’histoire contemporaine ?) sans un journalise libre. Moment de la crise qui vient de s’ouvrir, le savez-vous, en octobre à Londres[28], (où la City se souvient d’avoir été près de ceux siècles centre d’économie monde), crise entre les gentils altermondialistes et l’antimondialisme réel pour le moins plus rugueux, le plus conséquent porté par des soldats et des croyances et des formes de guerre inintégrables dans un Dysneyland médiatisé.

Oserons-nous, avons-nous les biscuits, (invention nantaise au demeurant que ces deux fois cuits, pour faire bonne mesure) pour le faire ? Oserons-nous affronter tout cela, ce défi à la connaissance et à l’action concernant désormais, quoique à jamais inégalement[29], la totalité des hommes d’une planète, d’évidence sans précédent historique et sans pôle antisystémique garde-fou de l’entropie de l’unique ?

Penser la mondialisation des guerres mondiales ? Faux paradoxe  Vraie question ! Nous n’en parlerons sans doute pas ou peu par modestie crainte ou tremblement, mais l’historien, que je ne peux cesser d’être sans cesser d’être, ne pouvait conclure sans cette inconfortable évocation que ne résoudra d’évidence pas l’invocation des pensées de camps-clés-en-main de la simplification binaire : Laïcité Droit de l’homme et Démocratie  importée éclairant le monde  d’un côté, Islamisme radical ou tout autre construction qui pense possible à l’instar des tomates hollandaises des religions agissant sans sols, de l’autre ! De cela nous forcément nous reparlerons cependant.

Pour conclure sur ce que nous avons voulu faire, (mais c’est vous qui ferez),  deux vœux peut-être pour résumer :

Ici donc, priorité d’abord donnée au Monde réel qui va … sur les pensées a priori élaborées, socialisées contrôlées dans les réseaux de conquête des places et pouvoirs disciplinaires. Priorité donnée au monde qui va ou ne va pas, c’est selon ! Priorité aux mondes petits et grand.:

Ici donc, plutôt que le thème devenu un peu litanie du local et du global, et d’abord, ne l’oublions pas slogan d’une multinationale[30], on suggère l’heuristique, plus proche d’une anthropologie fondamentale du macrocosme et du microcosme , pondérée par une monadologie ; l’inventaire des composantes du tout est présent partout, mais pas sa structure[31]. Le colloque se clora, non sans quelque clin d’œil, sur notre - so small world - la sociologie d’avant le lieu commun ou peut-être en un autre sens des lieux communs – mondialisés ?-  de la sociologie !

Deuxième vœu, la revendication quasi militante - pourquoi pas ?- (au sein de sciences sociales tentées par le sociologisme abstrait), l’obsession, d’historien d’ethnographe, de géographe, de la prise en compte des singularités, des Unités concrètes, (ce qui ne veut pas dire seulement les petites, le Monde en est une), des totalités vivantes de tout ce qui est supposé ne pas survivre à une mondialisation pensée comme déréliction comme individuation absolue.

N’y aurait il de science que du général, qu’il faudrait encore plus se méfier, non de la science, mais de ceux qui l’invoquent tant pour conjurer le réel. On se plait à reprendre à Guy Bois, la thèse de la singularité radicale de la mondialisation[32] qui se noue, il y a trente ans, mais elle n’est, comme le reste, acceptable que réfutable ; si d’autres recherchent, presque avec émotions, leurs première mondialisation[33], de gauche si possible, comme d’autres leurs premiers sous-vêtements Petit-bateau, ils ont bien le droit de le dire aussi et je mérite un gage pour sembler me moquer d’eux qui furent invités à l’instar du monde entier.

Mais quitte à réintroduire avec notre inassouvissable faim d’histoire, la singularité irréductible d’un moment actuel contre l’aplatissement anachronique ou anhistorique voire le délire millénariste d’une fin de l’histoire, pourquoi ne pas pousser plus loin le rééquilibrage des sciences sociales, en quête d’un nouveau lieu (qui soit) commun aux spécialisations disciplinaires et réintroduisant le singulier des transmissions donc des signifiances donc des mobilisations, donc des unités de permanence et de liaison humanisante entre des territoires valorisables des hommes, des symboles et des affects, dans une inachevable et précaire universalisation.

Jacky REAULT

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[1] Pierre Legendre. L’inestimable objet de la transmission Etude sur le principe généalogique en occident. Fayard 1985
[2] Ibn Khaldoum (1332-1406), Le livre des exemples. Muquaddima. In Edition Gallimard 2002.
[3] Moins solubles nous semble t il qu’on ne le dit, dans l’urbanisation et la mondialisation
[4] On s’est plu à terminer ce colloque sur l’indispensable critique de la sociologie réellement existante ou deux moins sur ceux qui prétendent la dominer ; avec J. Deniot, A so small world, inter - dit sociologique et mutation mondialiste.
[5] Générique transversal de toute une série de livres de Cornelius Castoriadis.
[6] Fernand Braudel Civilisation matérielle, économie et capitalisme, XV°-XVIII° siècle T. III. A Colin. Des économies-mondes à la mondialisation, la filiation est sans discontinuité dans la conception d’une histoire sociale comme histoire générale du monde, à l’inverse de l’histoire sociologiste des thèmes partiels et relativistes comme de l’interdit de penser les totalités.
[7] Bien fou pour l’humanité non pour qui tente d’éprouver l’heuristique de cette proposition.
[8] Jean-Claude Michéa, le ré inventeur de l’anthropologie d’Orwell et de sa common decency est de ceux qui identifient clairement dans tous les totalitarismes qui se succèdent, y compris le « libéral », le fantasme meurtrier (quand il n’est pas porté, ajouterions nous,  par le noyau civilisationnel d’une religion bien enracinée en sociétés réelles) de « l’homme nouveau ). Impasse Adam Smith, Climats, Castelneau Le lez 2002.  D-R Dufour (infra) reprend et développe le même thème.
[9] P-A Taguieff, Résister au bougisme. 2 Mars Mille et une nuits 2001
[10] le couple délirant crise-réforme, à peu près totalement détaché de ses signifiants et propositions originaux, en vient à hystériser (ou symboliser la dipolarisation folle) les champs de représentation et les théories sociales, face à une classe intellectuelle quasi amorphe, qui semble acheter ses concepts dans des grandes surfaces discount quand elle ne fouille pas les poubelles des grands prêtres de l'économisme et du scientisme. Djallal Heuzé, La crise et la réforme: normes et dérives d'une hystérie normative. Résumé de communication.
[11] C’est postérieurement à notre propre réflexion sur dépaysements et dépaysation  que nous avons aussi trouvé ce terme chez Dany-Robert Dufour après son passage à Nantes, l’Art de réduire les têtes. Sur la nouvelle servitude de l’homme libéré à l’ère du capitalisme total. Denoël 2003. Nous nous référons ici aussi à l’analyse de la crise de la subjectivation.
[12] Philippe Forget, Gilles Polycarpe. Le réseau et l’infini Essai d’anthropologie philosophique et stratégique. Economica 1997
[13]
Bruno Lefebvre, La transformation des cultures techniques. L’Harmattan 1998.
[14]
Pierre Cam Le marché des services et l’externalisation problématique du travail. Communication au colloque.
[15] Fayard 2002.
[16]
Pierre Cam o. c.
[17] Formule condensant des inventions et travaux de long cours de Joëlle Deniot ; cf. par exemple L’intime dans la voix. Ethnologie française. 2002-3.
[18] Gilles. Xxx, Virginie Péan, Monique Giannesini, Robert To.
[19]
Jia Zhang Ke. 1997
[20] Notamment dans les Essais d’ethnopsychiatrie générale. 1970 Gallimard, où l’invité de Fernand Braudel et de Roger Bastide, l’ethnologue par excellence des acculturations, livre pour la première fois en français son anthropologie complémentariste d’où s’inspire directement  l’idée et la forme de ce colloque.
[21] Le destin des immigrés. Seuil 1994.
[22] Guy Bois, Une nouvelle servitude ; Essai sur la mondialisation. François Xavier de Guibert. 2003.
[23] Nous nous en sommes expliqués in Jacky Réault, Entre antimondialistes et altermondialistes, la question d’une servitude. A propos du livre de Guy Bois... In Papinot Guichard. De Bretagne et d’ailleurs Université de Brest, Mélanges offerts à A Guillou. 2004
[24] Guy Bois, o. c .
[25] Comment nier sur ce point l’interférence, même si nous ne sous en sommes aperçus que tardivement, de la réflexion faite au sein du lestamp sur le commun  avec les analyses de Michel Maffesoli, notamment dans La connaissance ordinaire Précis de sociologie compréhensive Librairie des Méridiens 1985
[26] Vocabulaire, (dit,) européen dieu merci il est heureusement inter national et inter linguistique ) des philosophies et ses adeptes l’appellent dictionnaire des intraduisibles. Barbara Cassin (Dir.) Seuil.)
[27] Tableau politique de la France de l'Ouest  sous la III° République Paris 1913. réedition, A Colin, avec PFNSP 1964.
[28] Sur le 3° forum altermondialiste lire en décryptant l’occidentalisme deuxième gauche de l’auteur, Les gauchistes d’Allah, de Claude Askolovitch, Nouvel Observateur du 20. 10.04.
[29] Le thème est, nous semble t il, d’abord léninien mais nous l’espérons non léniniste ; nous le développons ici comme postulat anthropologique de sociodiversité y compris des résistances, explicité dans notre éloge de Babel, dépassant le moment historique de l’impérialisme sinon de la mondialisation.
[30] ABB.
[31] Selon la distinction faite à propos de la vaine opposition singularité/Universalité, par G Devereux dans Ethnopsychanalyse complémentariste. Flammarion.
[32] Nous avons également invité, sous réserve qu’il nous ait reçu, Laurent Carroué dont la substantielle Géographie de la mondialisation  A Colin 2002 est entrée dans notre viatique vers ce colloque, lui qui s’inscrit pourtant dans la thèse d’une mondialisation progressive s’originant dès le 15° siècle des grandes découvertes. Il reconnaît cependant dans l’actuel moment une « rupture historique » Rupture certes mais débat encore ! Yves Lacoste dont deux numéros d’Hérodote ont spécialement traité de la mondialisation nous a  aimablement adressé ses encouragement, comme l’a fait aussi le spécialiste du monde russe, (orient de cette Eurasie que pense E Todd), Jacques Sapir, indispensable critique de l’économisme régnant.
[33] Susan Berger qu’édite, (ce que l’observateur du solstice d’hiver de 1995 en France ne trouve pas inattendu), la collection dirigée par l’ex. Fondation Saint-Simon

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Définition de la mondialisation*, The globalization, a definition, Sociologie de la mondialisation Sociology of the Globalization Altermondialism Antimondialism Contemporary Slavery

* in fine, Appel à communiquer du colloque international, Les sociétés de la mondialisation. Nantes Décembre 2004

Entre altermondialisme et antimondialisme    

 La question d'une servitude                                

A propos du livre de Guy Bois,                               

Une nouvelle servitude, essai sur la mondialisation

 Jacky REAULT

 Automne 2003, publication 2004, réédition 2011

(Réédition d'avril 2011, J R Se réserve de livrer éventuellement les ajustements référentiels nécessaires, indiqués en bleu, de même que d'éventuels compléments évolutifs datés au texte qui concerne l'immense crise de la mondialisation que nous vivons (ou mourrons), c'est selon encore... , avril 2011)

 

                                                                                                                                   
 
Jacky Réault Pour un lieu commun des sciences sociales 4 déc 2004

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Jacky REAULT

Initiateur et organisateur du colloque international  Les sociétés de la mondialisation nommé par le Conseil scientifique de l'Université de Nantes  LESTAMP ea Université de Nantes

Ancien directeur du GIRI-CNRS, Co-fondateur du Lersco et des Lestamp. Maître de conférence à l'UFR de sociologie, Agrégé d'histoire

- Article préparatoire à l'appel à communiquer. (réédition)

- Communication inaugurale (réédition),
* au cœur de son hystérisation ( Janvier 2003) à Nantes Centre du monde ? Sur Nantes cliquer sur articles JackyRéault in www.lestamp.com

 
 
Jacky Réault Entre altermondialisme et antimondialisme la question d'une servitude. Réédition Lestamp 2010 de  Université de Bretagne occidentale 2004

(Réédition)

Jacky REAULT

Entre l'altermondialisme et l'anti-mondialisme, la question d'une servitude A propos du livre de Guy BOIS Une nouvelle servitude, essai sur la mondialisation

Paru In Y. Guichard, C. Papinot (ed.). De Bretagne et d’ailleurs, Mélanges en hommage  à Anne Guillou . Université  de Bretagne occidentale Brest.  Mai 2004

- Lire aussi A mes trois mères, A propos de l'abandon programmée de la langue française dans la recherche. Un manifeste de fureur amoureuse d'abord diffusé sur la liste d'échange de l'Université de Nantes: Repris par le site du Comité Français de Statigraphie

http://www.univ-brest.fr/geosciences/dada/mail.cgi/archive/cfs/20080226121746/

 

A Anne Guillou ce texte de liberté en hommage au vent nouveau et bienvenu qu’elle apporta dans notre groupe d’abord si masculin  si métropolitain et peut-être en manque d’incertitude.

Entre l'altermondialisme et l'anti-mondialisme,

la question d'une servitude  

(écrit en 2003 publié en juin 2004 par l' Université de Bretagne occidentale)

A propos du livre de Guy Bois Une nouvelle servitude, essai sur la mondialisation[1].

Ce dernier si bel ou si cruel été*, c’est selon,  a  rassemblé sous le regard ravi voire inducteur des média centraux[2]  de vastes concentrations de  la classe parlante[3], des nébuleuses post-militantes et des familles de classes moyennes urbaines en vacances, toutes en quête de mythologies perdues après vingt  ans[4] de consensus euro-libéral  fécond en déréliction. Après quelques guerres impériales aussi, et de plus en plus rapprochées ! On y a rejoué la grande fête du Larzac qui avait été elle même déjà un grand jeu de la post-soixante-huitarderie  encore présentable quoique déjà nostalgique, mais cette fois-ci  sous la bannière édulcorée, un peu confuse, mais pas antipathique d’une re-nommée alter-mondialisation. L’anti  ferait il trop vulgaire ? On y fut semble t il, très enclin à l’attaque verbale de ce machin ambivalent qu’est le plus (relativement) démocratique  des appareils centraux, l’OMC.[5] On fut moins prolixe sur la résistance concrète à la proche menace d’une désindustrialisation de la France ou pour ceux qui croient qu’elle existe, de l’Europe. On pense d’abord, après l’abandon de Péchiney, à la mise à l’encan déjà programmée du groupe Alstom  sous le chantage du credit crunching[6] des banques, des désirs  du  marché  et surtout des injonctions aussi opaques qu’idéologiques des gardiens européens de la concurrence. Alstom ce n’est jamais qu’une vilaine multinationale à base (provisoirement) française[7], premier exporteurs français d’équipements industriels, fabriquant de navires, de TGV, de tramways et d’autres babioles si secondaires au maintien d’une maîtrise démocratique sur l’emploi et le développement. Alstom ce sont, vus d’ici, les Chantiers de l’Atlantique, un établissement-monde auteur des plus beaux paquebots jamais construits à l’exception du Titanic. C’est la forme d’une ville Saint-Nazaire. C’est une modalité ultime vivante et non survivante ni souffrante et misérable de classe ouvrière historiquement définie.  Tout se passe dans un pays et sur  un continent si vieux[8] !  Ne se sont ils pas voués eux-mêmes, il y a dix ans[9] aux charmes déflationnistes d’une monnaie unique et forte, verrou d’économies stationnaires dans des sociétés rentières, assistées, dépressives[10], mais tellement « libérales » ?

* 2003 note de l'éditeur année de la dite canicule de l'hécarombe de vieillards et grande année des Bordeaux.

ll nous a semblé bienvenu, avec, on l’imagine, quelque grain de sel, de rendre compte d’un dense petit livre aux tranchants nets d’une épée sans morfil, Une nouvelle servitude, essai sur la mondialisation. Il arrive juste à point pour honorer une universitaire française qui n’hésita pas à affronter l’inconfort des périphéries internes et externes de l’économie-monde des années 70 - 80[11]. Anne Guillou, l’africaine puis la bretonne, devint notre collègue nantaise du temps du LERSCO[12] de Michel Verret. Elle inaugura un enseignement de sociologie du développement qui dure encore malgré les menaces qui pesèrent et pèsent peut-être encore sur lui et sur beaucoup d’autres à l’orée de l’année 2003-2004 sur fond de standardisation nivelante des formations intellectuelles dans l’Europe telle qu’elle se fait ou se défait si on se réfère à ce que les héritiers de l’internationalisme universitaire en ont rêvé.

Transitions du 14° et du 21 siècle : d’une  crise systémique à l’autre  

            Une nouvelle servitude[13], le titre de Guy Bois n’y va pas par quatre chemins. La mondialisation concerne bien les structures intimes des sociétés, des peuples et de la vie des hommes vivants et non quelque instance économique ou quelque utopie de l’humanité  arrivée à sa propre fin. Essai sur la mondialisation se glisse, presque modeste, derrière cette proclamation en forme de thèse étayée par la défense et illustration  du seul vocable adapté au concept que construit l’auteur en savant et en politique :  mondialisation, donc anti-mondialisation et plutôt qu’alter-mondialisation[14]. Ce n’est pourtant pas un pamphlet militant mais l’œuvre mûrie d’un universitaire résistant[15] choisissant de s’adresser à tous  dans une langue simple. Auteur  de La mutation de l'An mil[16] et de La grande dépression médiévale. XIV° et XV° siècles, le précédent d'une crise systémique[17], Guy Bois est, avec Immanuel Wallerstein, un des derniers grands historiens d'éminence mondiale qui se rattachent à la fois à l'héritage  scientifique de l'Ecole des Annales de Fernand Braudel[18] et à ce qui reste vivant d’une critique du monde inspirée de Marx. S’il entend y construire une intelligibilité de la forme inédite de la crise désormais inséparable du monde, des différentes sociétés et du capitalisme, il n’hésite pas à concentrer au passage son propos sur deux phénomènes de statut sociétal plus restreint mais révélateur des métamorphoses de la société française. Le premier est cette mobilisation qui avait signifié la modalité la plus originale du retour d’une résistance intellectuelle après le sursaut national et social de décembre 1995, la Fondation du 2 Mars ex- Marc Bloch, dont il avait été co-fondateur [19]. Le second étant à la fois la campagne présidentielles française et l’étonnante socio-tragicomédie qui la couronna à la suite du vote ( et de l’abstention) populaire du 21 avril  2002.

            Dans ces deux expériences sans débouchés clairs ni critiques véritablement aboutis[20] a régné, pour Guy Bois,  la même incapacité à  prendre en compte suffisamment  l’état actuel de ce que Braudel désignait avec élégance comme le temps du monde. Ce temps concret actuel combine trois temporalités dans la crise des sociétés qui les entremêlent, chacune dans son prisme singulier. Pour Guy Bois ils sont les rythmes des trois processus qui résument la mondialisation, processus économique, processus stratégique, processus politique. Sans ces trois fils d’Ariane du temps de ce monde d’incertitude et de complexité, il est vain de prétendre à l’intelligibilité des mouvements internes et du maintien d’une liberté externe de ces sociétés, asservies certes, mais inégalement et sans fatalité, aux différentes modalités de mise en réseau, technique, financière sociale, que ces trois temps-procès conjuguent  aux dépens de ces sociétés mêmes.

            - Le temps  des pulsations cycliques du développement  - prédation capitaliste et peut-être désormais (après l’éclatement de la bulle boursière de mars 2000), celui du blocage de la croissance mondiale des économies financiarisées, temps du processus économique

            - Les temps, de la nouvelle domination en réseau d’un monde hiérarchisé par les appareils centraux temps du processus stratégique pour G Bois ; nous ajouterions qu’il est degré d’intégration de ce qui reste l’autonomie relative des crises multiformes du rapport du des différentes sociétés, centrales ou périphériques au capitalisme et au Centre[21].

            - Le temps politique qui se présente à la fois comme processus et, ajouterions nous, comme pratique donc comme champ ouvert à des mobilisations indéductibles d’une histoire inachevable. Ce temps d’abord central et impérial (américain) s’entrecroise au temps stratégique du monde en réseau (plus ou moins) soumis aux appareils centraux ou régionaux (FMI, OCDE, Commission européenne plus que l’OMC et l’ONU) qui le relaient. Il est scandé en ondes de plus en plus serrées par des guerres d’ingérence[22] et, partout  par les limitations ou disqualifications de la souveraineté des peuples et de l’indépendance corollaire des nations dans une histoire qui semblerait, comme au bon temps du matérialisme historique devenu prophétique, n’avoir qu’une seul sens, encore plus tyrannique et aproblématique que le précédent. Pour Guy Bois, l’achoppement quasi universel des personnels et des institutions politiques, qui apparaissent toujours plus réduites aux comédies de l’impuissance phraseuse, s’ancre dans leur aveuglement et leur pusillanimité à l’égard de cette détermination globale autant que dans leur asservissement à la chanson politique préférée du mondialisme  de la résignation : la fin fatale et conjuguée des nations souveraines maîtresses de leur destin, la fin des solidarités de classe au sein des nations et entre nations[23]. C’est une affaire de connaissance et pas seulement de processus ou de volonté ;  d’où la centralité qu’il donne dans l’analyse  à la crise de la production des connaissances et au recul scientifique des sciences sociales, comme de l’économie fondamentale. Il  trouve dans la situation actuelle une homologie avec la régression intellectuelle  abordée dans La Grande dépression à propos de la crise du XIVéme  siècle. Sa critique lie la question du savoir à celle de la démocratie.  Elle s’y applique dans toutes les instances de pouvoir, (appareils politiciens, appareils d’Etat, appareils médiatiques, réseaux clientélistes universitaires verrouillant sur des pensées closes les commissions de spécialistes). Partout des oligarchies professionnelles groupées en cliques faussement concurrentes (et dont le credo est ce thème si bienvenu avec la naïveté de ses partisans, du primat des minorités sur les majorités), s’adjugent un pouvoir aussi partiel et borné que consensuel, unique, séparé à la fois des multitudes populaires et des profondeurs des réalités sociales, repoussant les contradictions dans le pathologique individuel ou sociétal. Ainsi s’approfondit toujours plus, pour les maîtres du monde eux-mêmes, l’occultation des mouvements propres du capitalisme. La non conscience croissante comme nouveau sens de l’histoire ? Un des constats les plus paradoxaux auxquels s’attèle ce livre souligne que les économies (les structures économiques réelles), objet omniprésent de la scène médiatique dans l’évidence et la transparence d’un discours quasi unique, sont largement  inconnues dans l’opacité  de leurs  mouvements profonds et d’abord ceux que seul l’historien[24] peut repérer, celui des temps longs des modes de production. De nouveau Braudel et Marx !

Mondialisation : Un processus global de transformation des sociétés

         L’essai de Guy Bois est inséparablement politique et historique, double indexation requise pour penser la spécificité de la crise sans se résigner à sa fatalité. Pour lui[25],  la mondialisation ne se réduit pas à un avatar des planétarisations relatives antérieures du capitalisme et notamment pas à celle qui se bute sur l’année 1914[26]. Elle doit être appréhendée comme un phénomène radicalement inédit donc singulier. Sur ce point, d’évidence réactif à l’égard d’une certaine historiographie qu’il critique, la position de Guy Bois nous semblerait à la fois nécessaire et peut-être trop entière s’il s’agissait d’en tirer argument pour clore tout comparatisme historique. Ce comparatisme, c’est dans le champ  des crises systémiques antérieures, où il excelle, par toute son oeuvre scientifique propre, qu’il le réintroduit.

Penser la mondialisation ainsi affirmée, c’est questionner l’intégralité de la vie sociale, économique, politique, intellectuelle, culturelle… du point de vue de cette détermination générale et transversale, le fait historique singulier actuel de la mondialisation : transformation globale, cohérente et accélérée du monde contemporain, engagée depuis le début des années 1980, comme réponse à la crise  inaugurée  en 1973-74. Elle est la structure totale d'une mutation, un processus global de transformation des sociétés mais, ajouterions nous, ce processus n’inclut-il pas dans sa résultante, la variation qu’il n’est pas seul à déterminer, de  la résistance ou de la soumission des sociétés (notre deuxième temporalité). Cette question reste pour nous problématique. Elle a toujours représenté l’angle mort des théories de l’histoire et notamment du matérialisme historique. L’effectivité ou l’absence de résistances, celles des personnes comme celles des classes et des nations, ne saurait se déduire des seuls processus ni de la conscience claire des contradictions.

            Isolément, les constats qu’il avance ont souvent été faits, (à l’exception très notable de l’insistance sur la régression intellectuelle), c’est la présentation systématique de leur organicité et leur imputation, comme autant d’effets et de symptômes,  à une dynamique globale qui constitue l’originalité : partout, quoique inégalement (comme sont inégales les résistances et les mémoires[27], la révolution technologique  est supposée donner la voie unique interdisant toute vision plurielle d’avenir des sociétés. La démocratie  invoquée comme un fétiche universalisable par la force est désubstantialisée, réduite à la phrase de droits de l’homme, relookés en droits humains de l’individu marchand, hédoniste, sans appartenance. Les acquis civilisationnels inversés idéellement dans le libéral libertarisme, ce nihilisme de notre temps, sont la cible du bougisme[28] répétitif et niais des modernisateurs de tous bords. Des systèmes de retraites à la précarisation des établissements productifs, des emplois, des savoirs transmis mais aussi des Etats et des cultures, sont invoqués les mêmes discours  disqualifiant deux siècles de mobilisations pour des garanties nationales de la promotion collective, de l’accès universel au savoir et à la culture, du progrès social[29]. Partout ce dernier est présenté par les petits-maîtres des pouvoirs devenus croupions de la politique et des media financiarisés, relais bornés et mimétiques des processus et échos des maîtres centraux, comme archaïsme. Partout est activement organisée l’ablation des mémoires, l’aversion des héritages culturels dans la montée de l’insignifiance  (C. Castoriadis).

            Si l’exposé décrit la structure et la crise de la totalité des espaces-temps du capital, ce n’est pas pour enfermer le propos dans l'abstraction  économiste. Il s’agirait aussi de saisir la singularité complexe des différentes sociétés reliées contradictoirement au processus global pour que l'action politique redevienne aussi l’analyse concrète d’une situation concrète, ici et maintenant, même si, dans ce livre c’est essentiellement l’exemple français, et comme centre impérial, les Etats-Unis qui fournissent l’essentiel des faits invoqués. Il reste donc après sa lecture, de multiples places pour poursuivre la nécessaire analyse de la réactivité des sociétés et des Etats, pour autant qu’elles trouvent en elles mêmes les forces pour résister, ou qu’elles les trouvent au sein de solidarités sur les fondamentaux des modalités de l’humanisation que condensent les grandes civilisations, cet objet braudélien fondamental que Guy Bois n’évoque pas dans ce livre, alors que l’on ne peut, nous semble-t-il, esquiver la question de leur inégale capacité de résistance au processus mondial actuel.

Là, déjà exprimé de façon feutrée,  git sans doute encore notre principal désaccord avec Guy Bois, ou en tout cas notre interrogation : ce que nous dit la dualité braudélienne toujours réaffirmée entre le capitalisme et les volants de stabilité civilisationnels et sociétaux toujours singuliers, voire singularisés, voire quasi-personnes, - sujets de l’histoire, redisons nous depuis 2010 à l’Eté du Lestamp, dont les ressources mobilisatrices de temps long (ainsi La rébellion française de Jean Nicolas), représentent une négentropie historique incertaine mais ouverte, tant qu’on restera dans l’histoire humaine.  (jr 2011)

 Une dépression de longue durée sans précédent dans l’histoire du capitalisme

             La mondialisation ne se réduit d’évidence pour lui pas à l'économie, mais elle se présente cependant d’abord comme moment actuel du capitalisme,  donc du rapport différencié du capitalisme historique[30], aux sociétés. Les économistes se sont jusque là rassurés en affirmant qu’ils étaient cycliques, impliquant l’éternel retour de la croissance; mais jusqu’à quand, rétorque l’historien qui connaît d’autres blocages délétères à la fin de l’Empire romain et au XIVème siècle. Est-on dans l’un de ces moments et quelle serait l’alternative si la bulle de la mondialisation éclatait, si le capitalisme mondialisé s’avérait incapable, à force de prédation de ses garde-fous systémiques habituels, (Etats, sociétés normatives, classes organisées), de maîtriser ses tendances auto destructrices ? La financiarisation de l’activité économique mise en réseaux transnationaux dans l’immédiateté déraisonnée du temps réel des communications, l’asservissement induit des producteurs et des territoires, la déflation rampante, la dépression où elle entraîne les économies, les salariats et les dé-salarisés etc... sont analysés comme faits historiques, donc à la fois nécessaires et non inéluctables dans leur devenir ouvert à la politique ; pourtant la conjonction durable de ces processus rend la crise latente toujours plus difficile à maîtriser. La mondialisation touchée au cœur non par le 11 septembre, mais par l'affaire Enron, - grotesque effondrement du modèle  économique de l'Etat américain : la matérialité de l'énergie gérable dans le seul court terme boursier  la fétichisant comme un vulgaire « service » immatériel-, se présente déjà économiquement comme une spirale d'échec qui ouvre en ce moment la perspective possible de cette crise inédite : L’économie internationale est au bord d’une dépression de longue durée sans précédent dans l’histoire du capitalisme, 

La Mondialisation-Empire ou la marche à la guerre ?

            L'Empire central qui fait corps avec la mondialisation, c’est explicitement pour Guy Bois,  la domination des Etats Unis, au cœur du processus stratégique de mise en réseau asservi de monde sous les appareils centraux comme du processus politique : un pouvoir tendanciellement unipolaire qui cumule tous les moyens d'un Etat voyou (E Todd), faux monnayeur, chantre et diffuseur de la mercantilisation générale de la vie, briseur de droit, quasi monopoliste de la communication-monde... Par ce canal, la mondialisation s'approfondit dans tous les interstices des pratiques humaines[31], dans l'intimité interpersonnelle comme elle le fait par les structures financières  et politiques centrales à l'échelle géopolitique des continents. La mondialisation, de ce point de vue, Etats-unienne, continue d’écarter toujours plus les périphéries et le centre, par la dette, par la violence interdisant la protection d’un marché intérieur condition nécessaire à tout décollage, par l’organicité induite du sous-développement périphérique découlant du développement central (Y Lacoste). A ceci près cependant que l’économie centrale est désormais sur une pente de décroissance relative, et ceci malgré la multiplicité de ses ponctions impériales sur le reste du monde, par la planche à billets du dollar, par la captation  des cerveaux, par la vulgaire loi impérialiste du plus  fort que manifeste l’usage récent de la guerre sur les sites pétroliers puis sur tout le territoire irakien. Signe patent de la nouvelle singularité de la crise en cours, Guy Bois croise ici les analyses d’Immanuel Wallerstein réactualisées avec brio par Emmanuel Todd[32].  Là s’inscrit le plus extrême et le plus redoutable des manifestations de la mondialisation américaine, qui est devenue expérience universelle sans illusion possible par la leçon de chose introduite par la première Guerre du Golfe et par les suivantes effectives et à venir. Elle se présente comme guerre, dans des rythmes toujours plus rapprochés et avec une intensité toujours plus brutale entre 1991 et 2003. Elle est désormais, écrit Guy Bois, une marche à la guerre. Cette guerre reste toujours l’affaire d’un Etat, l’Etat central d’un monde qui se résignerait à l’unipolarité. L’empire, c’est la guerre, c’est à dire  l’inverse réel et toujours plus réalisé de l’utopie libérale de la paix par le libre échange. Cette si vieillotte référence est dérisoirement toujours invoquée pourtant (notamment pour construire l’Europe des marchands) pour saisir la nouveauté radicale du moment, la destruction imposée de toutes les barrières protectrices de la reproduction nécessaire des sociétés... sauf de la société centrale, croit-elle. 

Peuples et oligarchies  : Un nouvel asservissement ?

            Ni la mondialisation comme processus, ni la domination américaine, (deux termes dont il faudrait peut-être plus explicitement approfondir les rapports non exempts de contradictions), ne sont pensables sans des relais dans les sociétés et dans ce qui perdure d’Etats. Ces relais se présentent désormais généralement comme les élites, telles qu’elles s’auto-proclament pour justifier solidairement, - quelle que soit la couleur de leurs maillots d’animateurs[33] politiques -, leur légitimité de simples fondés de pouvoir du centre. On préfère dire les oligarchies désolidarisées de leurs peuples. Là se place un des thèmes qu’a notamment contribué à élaborer le travail critique de la fin des années 90, et pas seulement au sein de la  Fondation du 2 Mars ou la plume d’Emmanuel Todd, celui de la généralisation de pouvoirs intermédiaires oligarchiques, oligarchies d’experts, oligarchies des rédactions médiatiques, oligarchies évidemment des hyperbourgeoisies[34], entourant par des modes de vie visibilisés et mis en spectacle, les fonctions et les personnes des maîtres financiers. La mondialisation est toujours relayée, redoublée, infléchie ou freinée par des forces sociales et des appareils politiques, elle est donc bien toujours politique, à condition d’inclure dans ce politique aussi les résistances qu’elle rencontre que les serviteurs préposés à la soumission des rétifs. Très précisément, c’est, avec l’indexation de la mondialisation à la guerre le mot le plus fort et le plus irrécupérable du livre ; elle se présente, pour Guy Bois, comme un  nouvel asservissement des Etats comme des personnes, dans tous les domaines de la mise en réseaux, des productions industrielles agricoles etc., mais aussi des activités intellectuelles, culturelles, artistiques, pour autant que leur mercantilisation et leur séparation oligarchique achevées à l’égard des cultures et des peuples réels permettent encore de leur attribuer encore ces noms empruntés au cours antérieur des civilisations.  

Pour la France, depuis le moment charnière de 1984, cette conjoncture s’est traduite  principalement  dans  la fuite en avant européiste, au sein d’un appareil trans-Etats  briseur d’Etat, d’agricultures, d’économies différenciées, d’autonomies populaires empaysées, machine à disloquer, déréguler, privatiser, régionaliser, communautariser et surtout à brider la croissance asservie à un monétarisme borné : le mark, le franc puis l’euro, forts. La conjuration des media centraux écrits et audio-visuels pour interdire toute ouverture historique qui ne soit un destin de fusion dans un grand tout opaque et sans volonté propre, horizon de la pensée unique fonctionne comme pouvoir spécifique qu’on ne peut affronter qu’au risque de sa survie sociale[35].

             On est loin dans ce livre de mièvreries consensuelles sur les travers, amendables par des  régulations, d’une évolution économique  qui serait de toute façon inéluctable, ou finalement bienfaisante[36]. On ne risque pas, à le suivre, de prendre au sérieux cette récupération acceptable du processus  qui tente tant l’écologisme, dans une supposée, et supposée vertueuse, complémentarité du global et du local  qui n’est jamais que la maxime des grandes multinationales.  Guy Bois est historien, non dans la régression de l'atomisation pointilliste d'une discipline historique qui s’est, selon lui, très majoritairement auto-dissoute dans le sociologisme et le subjectivisme,  mais dans la définition braudélienne d'une science historique comme histoire sociale,  au sens par trop enterré d’histoire générale du monde, de ses Economies certes mais aussi, préciserions nous, inséparablement de ses Sociétés et de ses Civilisations : ESC, c'était le sigle et la devise des Annales avant leur affadissement dans l’agrégat actuel des sciences sociales. C’est peut-être sur la prise en compte des civilisations dans l’analyse que nous restons, nous l’avons déjà dit, un peu, dans ce livre,  sur notre faim. Les modalités de résistance à la mondialisation, leur intensité, leur négociabilité ne passent-elles pas aussi par des fondamentaux civilisationnels inscrits aussi dans l’espace et  qui ne se résolvent pas dans la seule mondialisation du capital ou dans les résistances s’exprimant en clairs intérêts de classe ?

Entre novlangue[37]  et débandade de la raison ?

          Le titre disait assez qu'il ne s'agissait pas seulement de penser pour penser la mutation inédite que subissent les sociétés,  il ne s'agit pas non plus de laisser croire qu'on puisse l'infléchir en suivant ceux qui feignent de la combattre dans la soumission commune à l'essentiel de la domination mondiale. Dans le champ politique comme dans celui de la culture et du savoir, les compères de la pensée unique mondialiste s’enveloppent toujours plus de mots morts qui ne désignent plus rien d'opérant sur le réel  et contribuent à l'inverser et l'occulter pour se servir des pensées comme d’un moyen de domination et de verrouillage de toute alternative. C'est d’ailleurs la définition même, en tout cas althussérienne, de l'idéologie et c’est une question plus vitale que jamais quand elle est mondialisée. Rien de plus fallacieux que l’idée d’une fin des idéologies, qui nous ferait revenir dans un quelconque ordre naturel de la main invisible du marché ou de l’organicité d’une humanité réduite à l’espèce dans une mondialisation achevable. La mondialisation à son (ses?)  idéologie(s) ;  elles prospèrent sur la crise des institutions spécialisées dans la transmission et la production du savoir. C’est pour Guy Bois l’enjeu actuel le plus important, car c’est dans les mondes intellectuels et d’abord celui des sciences sociales, que la régression est la plus forte. Comme au 14° siècle la débandade de la raison [38]–– il emprunte cette expression à un autre historien, Jean Delumeau -, accompagne et renforce la crise.

            En tout cas Guy Bois ne recule pas devant l’explicitation politique de sa critique du politique ici et maintenant. Une postface consacrée à la dérisoire affaire médiatique des Nouveaux réactionnaires[39], redouble encore le propos comme s’il craignait d’être resté insuffisant.  Tout le chapitre II pourtant (La mondialisation et le rapport Gauche/Droite), se donne pour tâche de  décoder et déblayer les verbalisations politiciennes qui obscurcissent les enjeux essentiels. L’historien qu’est Guy Bois excelle dans la démonstration du dévoiement le plus significatif de ces discours, l’anachronisme. Les  notions et les slogans qui prétendent se présenter comme critiques radicales, alors qu’elles ne sont souvent qu’hystérisées, en se coulant dans une tradition fossilisée de la gauche d’avant 1984, plaquent des contenus confus spectaculaires mais toujours empruntés à des situations historiques antérieures instrumentalisables par leur charge affective, pour masquer l’obsolescence de la polarisation droite/gauche devenue insignifiante face à la mondialisation - Mots de vitupération proclamatoire contre un trop vague libéralisme, faux adversaire principal, entité molle  autant qu’abstraite même regonflé par un ultra -  Mots moralisateurs et terroristes de la bien-pensance du haut des classes d’experts ou de médiateurs mondialisés disqualifiant tout ce qui est populaire comme indigne. Penser, c'est ré-interroger sous le prisme de la mondialisation  le lexique entier d'une militance  politicienne close dans l’autoréférence et le contrôle social mutuel, l’autre forme complémentaire de  l'Empire du bien se drapant dans de grands mots neutralisés  :  Anti-fascisme de parade[40]Anti-racisme d'exclusion[41], Militantisme d’accusation,[42] Devoir de mémoire de la réécriture d'une histoire nationale totalement négative, mythe inversé et tueur de temps[43] des démystificateurs patentés. L’essentiel est toujours de cibler un faux adversaire, et faire d’une pierre deux coup si cet adversaire c’est soi-même que l’on invalide comme  résistant possible. Ne s’agit-il pas toujours d’abolir le peuple, dans sa trilogie concrète, le peuple souverain, les classes populaires, les classes travailleuses, confiné s’il résiste, entre le mythe (éradiqué par les modernisateurs) et la déshumanité, qualité spécifique de toutes ses expressions propres vues du haut des oligarchies mondialisées. Ainsi a semblé se réaliser surtout  en France entre 1984 et 1995, cet idéal rêvé des candidats oligarques de l’Après Révolution Française, sur lequel ironisait Pierre Bourdieu (oubliant heureusement pour cette fois de démystifier) :  non seulement une bourgeoisie sans prolétariat mais une démocratie sans peuple.[44] L’Europe telle qu’elle se fait y pourvoit pour Guy Bois, chaque jour davantage. A l’image du Cesar conquérant la Gaule vu par Brecht, elle a dans chaque société pour ce faire, au moins un cuisinier. N’aurait - on identifié avec lui que ces trois personnages, le gaulois, Cesar et le cuisinier que l’on n’aurait fait un grand pas.

    Entre Mondialisation Anti-mondialisation une course de vitesse est engagée :

 La mondialisation n’est pas inéluctable[45] !Guy Bois ne sépare pas l'analyse fondamentale de l’urgence de repérer et renforcer les unités de RESISTANCES possibles. Le mot n’est pas indifférent il est revendiqué avec rigueur et clarté comme prise de position à la fois scientifique et politique. La référence est  explicite à Juin 1940 pour l’immensité des enjeux et à la nécessité de nouvelles alliances, sans rapport avec les schémas politiques préexistants. Les résistances à la mondialisation sont aussi  multiformes que les modalités de la servitude. Entre l’irréductible rébellion de dignité personnelle de ceux qui osent affronter le contrôle social de l'épuration et du nivellement des pensées et des passés qui ne pasent pas et les  luttes sociales collectives de la résistance économique à la substituabilité et flexibilité  généralisées, il n’y a pas à choisir ; mais le passage le plus obligé reste la mobilisation de ces formes politiques irremplaçables que restent les Etats-nations. Guy Bois insiste sur la nécessité de discriminer dans les mouvements qui s’avancent comme résistants, les composantes les plus conséquentes face à la nécessité des solidarités populaires sans lesquelles le verbalisme et l’isolement activiste et gauchiste sont souvent certains. C'est en leur sein que peuvent encore se conjuguer des mémoires historiques de liberté et d’audace, transformatrice ou conservatoire[46] , et  des  re-surgissements de luttes de classes  capables d’étayer leurs acquis sur les compromis garantis par des Etats. Malgré l’inégalité des signes visibles, nulle part, parmi les nations du monde, y compris celles de l’Europe occidentale ou orientale, ne disparaît vraiment cette immense légitimité ineffaçable du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes  dont la tentative de disqualification obstinée par le haut depuis vingt ans se présente comparativement comme  une des plus stupéfiante impostures de l’histoire, illustration extrême du détachement des appareils politiques et médiatiques à l'égard de leur propre société[47]. Ce combat silencieux immense et occulté des Je maintiendrai, du vouloir vivre des peuples, doit être perçu et relevé là même où il est dénié, chez les  dépités chroniques mais inconséquents qui passent à chaque vote des pareils aux mêmes. C’est plus encore le sens du retrait apparent, (ou du saut hors-jeu), des multitudes populaires désormais majoritairement non inscrites ou abstentionniste ou réduite aux votes tribunitiens. Tous, - chaque vote, chaque sondage, le redisent plus fortement -, tous sont sans illusion sur les oligarchies d'experts et de gendarmes de l'ordre mondial que sont devenus leurs  représentants politiques ou médiatiques. La pire erreur serait pour Guy Bois, de les abandonner.

A l'heure ou un contradictoire alter mondialisme (en danger de se confiner dans la contestation intellectuelle et le voyage-manif-spectacle déjà ritualisé, souvent lissé par des institutions), devient un objet présentable par les media, Guy Bois maintient clairement à la fois des concepts (mondialisation, mondialisme) et un  mot d'ordre d'opposition anti-mondialiste.  Les indispensables, (qu'on ne se trompe pas sur notre critique) surdiplômés d'Attac ont désormais à leur disposition un instrument décapant pour éprouver leurs positions et leurs actions. Après ce livre, sans doute va t il falloir clarifier, c’est à dire choisir des voies politiques des alliances. 

 La mondialisation  de Guy Bois n'est pas un phénomène récupérable. Il n'y a pas d'alternative en son sein. Elle est par nature la négation même de toute alternative. Un monde qui, dirions nous dans un autre langage que le sien, produit actuellement sa propre prédation entropique par ce que, en se  dé-différenciant, il tend à réduire l'humanité à l'Un, la nécessité unique le trépas[48]. La Pensée, Le marché ! L'Empire, L’Individu le Globe !  Et, ce  paradoxe monstrueux de l'unité d'une fragmentation individualiste et/ou ethnique irréductibles et de l'organicité d'une espèce biologique massifiée.

Ce livre courageux et savant mais clair et ouvert à chacun, peut devenir  aussi un brûlot salvateur. Si ce n'est pas l'éteignoir qui l'emporte, (les survivantes élections approchant ce sera la tentation des militants  boutiquiers (?)), Il pourrait aussi, - mais c'est moins probable après les leçons (?) du 21 avril 2002-, être l'objet de la mauvaise foi et du mensonge... Il doit et c’est à tous d’y contribuer comme acte même de résistance, devenir le catalyseur d'une critique à la fois intellectuelle et politique devenue indispensable pour l’élargissement des mobilisations. Il faut l’acheter le diffuser le questionner aussi, le compléter sans doute.

 Amorçant un débat avec GB, on avance l’idée, sinon la théorie, vitaliste. Les collectifs humains restent vivants plutôt que survivants quand ils étayent leur résistance sur les transmissions signifiantes, les acquis (ce mot banni) des conquêtes historiques (ainsi la société salariale) mais plus encore sur les modalités d’humanisation résistant dans le temps long des civilisations, matrices des ordres sociétaux. L’énergie mobilisable ne saurait sourdre que des liens affect-symboles[49], qui sont la trame des cultures et du lien sociétal où les humains puisent les sens et les ressources de leurs systèmes d’appropriation et de défense[50],  de, et dans la nature, de et dans la société. La démographie (les mobilisations reproductives) ne peut être une dernière instance que récuse justement GB. Elle articule pourtant le monde et les sociétés au sein des formes de vie, d’identification et d’individuation. Elle constitue un lien transversal qui s’inscrit dans l’efficace des civilisations et induit ou non des résistances. La connaissance de la mondialisation ne saurait partir de l’anthropologie insiste GB, mais l’inestimable  objet de la transmission (P. Legendre) n’est pas déductible du processus capitaliste ? Ne pas intégrer la différentielle capacité de résistance des odres sociétaux et les civilisations comme formes spécifiques d’efficace, - sous les apparences actuelles, - travesties par les media-, d’une affaire de religion, risque d’abandonner ce terrain à la géopolitique darwiniste impériale de S. P. Huntington[51].

Ce sont les sociétés humaines et, ajouterions-nous humanisantes,  non le néant régressif d'une pseudo et entropique citoyenneté du monde qui maintiennent une possibilité pour les hommes de faire encore un peu peut-être, leur propre histoire.  S'il n'y a pas de résistance sérieuse hors de celles des Sociétés-Etats et de la politique (non la gouvernance qui entérine la chosification des hommes administrés) qu'elles informent et qu'elles induisent, résister c'est le contraire de s'enfermer. C’est rester debout à  tous les niveaux de pratiques sociales. Ainsi écrit Guy Bois le domaine le plus frappé ... (par le naufrage de notre système d’enseignement et de recherche) .... est celui des universités... en une dizaine d’années, (elles sont) devenues des champs clos où s’affrontent des clientèles. Résister contre la mondialisation, ce fut aussi à Nantes refuser l’épuration disciplinaire des sciences sociales, tombeau du rationalisme scientifique et de la liberté de pensée. Résister, - et c’est encore nous qui, ici de  la Basse Loire de Nantes à Saint-Nazaire, explicitons, - c'est clairement refuser la mise à l'encan des Chantiers de l'Atlantique, par Alstom multinationale française (?). C’est appuyer tout pouvoir politique qui refuserait vraiment l’injonction  « européenne » ( ?) du démantèlement. Résister ce fut aussi ces derniers mois, et ce n’est pas fini, participer à la plus grande mobilisation de tous les temps donc inter - nationale  contre l’invasion et la colonisation états-unienne de l’Irak. Ce fut au printemps  2003 évidemment s’inscrire solidairement dans la révolte qui souleva la société française, moins à l’appel de directions syndicales, d’évidence déjà résignées après vingt ans d’abandons, mais  derrière l’exceptionnelle et également historique, grève des professeurs  maîtres d'école et autres salariés d’une éducation qu’on prétend ne plus devoir être nationale et qui n’ont jamais autant été emblèmes légitimes de toute une société. Ce mouvement s’est noué sur un double mais inséparable enjeu. Celui du cadre et du niveau d’égalisation au plus haut niveau possible de la transmission des connaissances et de la mémoire et corollairement l’unité des statuts garantis de tous ceux qui sont requis directement ou indirectement pour cette transmission. Celui de la solidarité organique des générations d’une société liant son avenir et son passé dans la question des retraites. Ces deux marqueurs de civilisation de la société  française aboutis entre  l'apogée des Trente glorieuses et 1984 sont également menacés par les relais politiques européens et français du nivellement mondial des individus nains de marché. Les deux composantes de nos alternants politiques n’ont-ils pas ratifié ensemble l’accord de Barcelone de mars 2002 sur l’allongement de la durée des cotisations et l’imposition universelle du recours aux fonds de pension, c’est à dire, après la mercantilisation et la précarisation des vies, cet achèvement, l’asservissement financier des fins de vies ?                                           

 

Eros Turannos de Anne Réault 2008 (titre de la rédaction du site) Eros turannos

(Platon La République) 

 ou

 le mondialisateur 2011

 

 

 

 titre de la rédaction du site sur un dessin d'Anne Réault 2008

            Nous rêvons, ou plutôt nous ne rêvons pas, voulons nous inscrire[52] dans un effort pour induire une résurgence scientifique et critique des sciences sociales (d’évidences si essoufflées et en manque de grandes pensées ouvertes), autour de cette réflexion si féconde en re-questionnements aussi fondamentaux qu’exaltants. On conclura ici sur deux ou trois réflexions qui, pour être dans l’axe historique du laboratoire où nous travaillons depuis si longtemps, ne nous en paraissent pas moins constituer les linéaments d’un programme universalisable. Une des premières exigences serait d’en finir avec l’anti-peuplisme théorique qui pèse si lourdement par ses censures et ses propos verrouillés[53]. Une des premières tâches serait d’intégrer dans la pensée des sociétés et des classes le constat nécessaire de la scission, déjà adjugée pour l’essentiel,  des classes populaires et des peuples à l’égard du mouvement du monde réduit à celui de la mondialisation et de ses idéologues modernisateurs. Une autre serait d’oser regarder en face la question des modalités actuelles de la souveraineté du peuple. Cela reste la question même de l’avenir de la démocratie qui devient insignifiante si l’on prétend la séparer des peuples souverains. L’équation imposée et abusive d’un peuple immontrable et disqualifié justifiant une oligarchie légitime fait le lit de la décivilisation induite par un capitalisme qui ne trouve plus en face de lui de sociétés et d’Etat pour lui imposer un ordre social, seule modalité possible d’un ordre humain.

La seconde tâche se déduit de la première mais en l’englobant largement, puisqu’il s’agit de refonder une culture du jeu démocratique, en partant de la critique de l’existant déjà engagée dans les pratiques[54] en avance sur les pensées établies : ce serait avoir l’audace d’expliciter la caducité pour les multitudes d’un clivage droite/Gauche qui n’a strictement plus rien à dire sur la nouvelle conjoncture du monde et qui en occulte les enjeux. Ce serait élaborer, entre résistance  et progrès  les analyses, sinon d’une radicale opposition, en tout cas d’une nouvelle interférence à construire acceptant une nouvelle organicité de la mobilisation des peuples à la fois transformatrice et conservatoire  des acquis menacés de l’humanisation et des conquêtes populaires et nationales, plutôt que le bougisme  prédateur,  l’injonction modernisatrice du mondialisme. Cette nouvelle configuration permettant de dé-penser, (penser à l’envers, disait I. Wallerstein il y a dix ans au LERSCO), le  politique et la politique constitue une  véritable révolution culturelle pour les appareils, les  militances mais aussi de plus en plus les clientèles décitoyennisées accrochées à l’ordre ancien qui a engendré la soumission et le  retour différentialiste de l’inégalité devant la loi. Cette nouveauté  n’effraie cependant  que les oligarchies. Les multitudes populaires l’ont pour l’essentiel déjà entérinée, comme en témoignent, en France et dans tant d’autres sociétés, à la fois leurs votes et leurs abstentions. On l’a vu  de multiples chercheurs, sociologues, historiens, économistes ont déjà intégré plus ou moins partiellement cette nouvelle donne. A  l’instar de la Sorbonne des 14ème  et 15ème  close dans la vaine scholastique du nominalisme et du réalisme, les  flancs de l’Université seraient-ils devenus trop étroits pour enfanter les sociologues et anthropologues des sociétés et des mondes de la mondialisation ? Nous partageons le constat de Guy Bois. Peut-être un peu moins son pessimisme ?

 Anti-mondialistes unissez-vous, conclut l’éditeur[55] ! Programme aussi audacieux que politiquement incorrect si on le prend au mot, car il refuse l’enfermement dans les camps politiques dédifférenciés sur l’essentiel[56],  mais sans alternative non plus, invitation aussi faite à la discipline historique à retrouver certains questionnements délaissés. En gros depuis la mort de Fernand Braudel, l’historien qui voulait rester citoyen s’est souvent vu sommer par des pairs abusifs d’abandonner ces impossibles ou ces pathologies de la discipline que seraient également devenues l’histoire nationale et l’histoire générale du monde, mais aussi l’histoire des luttes populaires qui s’inscrivent dans ces deux unités humaines comme dans ce qui fut l’idéal internationaliste, dont le mondialisme n’est pas la réalisation mais l’inversion. Les impasses historiques de la mondialisation réelle n’imposent elles pas de ré-interroger les impasses où la discipline instituée de la science historique s’est souvent elle-même même fourvoyée ? Il y a encore des historiens pour çà. Il y faudrait aussi des sociologues.

 Jacky REAULT  LESTAMP Université de Nantes   4 octobre 2003.

[1] François-Xavier de Guibert 2003.

[2] Les divers registres des concepts socio-spatiaux centre (s) /périphérie(s) sont nécessaires aux sciences sociales en danger de double oubli - de la terre-nature appropriée comme du corps humain-nature de la génération sexuée - de la forme de l’inégalité du monde : F BRAUDEL, Civilisation matérielle économie et capitalisme XV° XVII°. Le temps du monde, A. Colin, La dynamique du capitalisme Arthaud. 1985. Au géographique Centre  parisien  (développant /prédateur)  ajouter l’idée d’un asservissement au centre  de la mondialisation : L’archipel du capital est archipel des capitales. Les nouvelles classes supérieures salariées surdiplômées, néo-progressistes s’y croient déliées de leur peuple, mondialisées, occultant l’hyperbourgeoisie (D. Duclos), voire s’y référant sous le leurre ONG (les dites Organisations Non Gouvernementales, sœurs fonctionnelles des multinationales) mondialistes. L’heurisique de centre/périphérie est macrocrosme (forme de l’économie-monde où un centre reproduit l’inégalité  qu’il valorise seul), et microcosme, périphérisations  internes à chaque société : ruralisation des producteurs, désymbolisation de la ruralité, ethnicisation des banlieues par les élites  capitales.

[3] Jacques BERTIN, Quelques histoires intéressantes. Politis 7 janvier 1999, va publier un florilège de ses chroniques qui manquent tant à la revue qu’il a fondée. Classe parlante  anticipe sur nouvelle classe culturelle  anti-peupliste d’E Todd et converge avec l’analyse de la centralité expressive des voix entre femmes classes et peuples, dans les travaux de Joëlle DENIOT, par exemple, dans  le récent article,  Elles s’appelaient Rose, Nina, Pauline ou Louise.Nantes 21 23 novembre 2002.  LESTAMP in J Deniot, A Pessin. Les peuples de l’art. Edition l'Harmattan 2005

[4] Février 1984 Vive  la Crise. ! P. RIMBERT, Eternelle pédagogie de  la soumission Il y a quinze ans, « Vive la crise ! » Monde Diplomatique. Fév 1999

[5] L’Organisation Mondiale du Commerce succède au GATT en 1995. L’hégémonisme américain y masque la réalité de la représentation de presque tous les Etats du monde, la possibilité d’y livrer des combats et d’y nouer des alliances dont les enjeux ne sont ni nuls ni vains. Ph.  CHALMIN, Mondialisation Echec à Cancun, Il faut rebondir  vite ! Le Nouvel Economiste 10 Oct. 2003

[6]Significatif Américanisme issu de l’éclatement de la bulle boursière en mars 2000. Il désigne la le refus de  prêts bancaires pour des investissements à long terme donc pour des fins sociales ou sociétales.

[7] Travaux pratiques de la mondialisation, la digestion du groupe français héritier des inventeurs  de l’aluminium Péchiney, par l’américano-canadien Alcan  laissera un goût amer au salariat de ce groupe traité en âmes mortes.

[8] Lors du débat à l’ONU  du printemps 2003 sur la guerre américaine en Irak où une voix libre sembla resurgir pour la liberté des nations, la nôtre, on trouva pour le  président GWB  ce mot bien choisi.

[9] Dès le Traité de Maästricht  ratifié à 0,3 % près, le 20 septembre 1992, la polarisation du Non des  populares et des laboratori, ouvriers, agriculteurs, artisans, ruraux et du Oui des boni viri  diplômés et urbains atteint l’épure.

[10] Non à la société dépressive  Flammarion 1994, du psychanalyste-théologien, Tony ANATRELLA.

[11] Entre la Coopération de la Cinquième République en Afrique et l’argent du beurre  des femmes du Léon à l’ère la dépaysannisation tardive.

[12] Laboratoire d’Etudes et Recherches Sociologiques sur  la Classe ouvrière(CNRS) 1972 détruit en pleine vie en 1996 par les représentants de la Discipline dans les appareils d’Etat. qui visent aujourd’hui son héritier Lestamp.

[13] Si voux acceptez le désordre monétaire vous serez asservis.G B cite Armand Rueff,  l’économiste de l’étalon or et de l’indépendance nationale: En 1971 avec la désindexation de l’or et du dollar Richard Nixon enclenche le processus.

[14] N’est-ce qu’une formule  néo-trotskiste repeinte par un des avatars de la deuxième gauche (auto déclarée alternative) sur fond de fatalité de la dédifférenciation des nations sous l’universalité du Marché alias une Humanité  régressée en espèce unique? L’essentiel sera affaire de contenu plutôt que de mot.

[15] A la désintellectualisation de l’Université, affirme-t-il.

[16] Fayard, 1989.

[17] Actuel Marx, PUF.

[18] Braudel avait livré dans le Dossier de l’Expansion, Deux siècles de révolution industrielle, Pluriel 1983, son analyse de la crise d’après 1973 considérée par lui comme singulière, et non banal moment cyclique.G Bois  inscrit sa crise systémique (sans solution au sein des mêmes structures), dans le même fil, mais avec une moindre importance donnée à l’interférence dégagée par Braudel d’un moment dépressif de cycle Kondratieff et d’un trend séculaire long  également  baissier.

[19] Nous en étions aussi. C’est la mondialisation même, le souffle du 11 septembre 2001 et  l’interdit induit d’y parler de l’Amérique et d’Israël, qui a scellé son déclin après l’éloignement de son  initiateur Philippe Cohen. qui avec Pierre PEAN, vient de livrer le si  nécessaire : La face cachée du Monde. Du contre-pouvoir aux abus de pouvoir. Mille et Une nuits, 2003).

[20]L’un des plus  jolis essais de penser du grand cirque sociétal de l’après 21 Avril 2002 émane d’un auteur irrécupérable pour des pensées en camp, Philippe MURRAY, Le réel est reporté à une date ultérieure. Tribune libre, le  Figaro 11,12 mai 2002. On lui doit aussi ce chef d’œuvre Chers djihadistes. Editions des Mille et Une Nuits 2002.

[21] La dualité Capitalisme / société est aussi fondamentale qu’ignorée dans la confusion entre langue scientifique et raccourcis militants : Le capitalisme ne produit pas d’ordre social. Société  capitaliste achevée est un impossible. Privilège du  petit nombre, le capitalisme est impensable sans la complicité active de la sociét… mais ce n’est pas toujours le cas. (F. Braudel 1985). Sur le rapport des ordres sociétaux de normalisation et du procès capitaliste irréductible à la seule matrice de ce dernier, M AGLIETTA et A BRENDER, Les métamorphoses de la société salariale, Calmann Lévy, 1984 (Introduction)

[22] Lire  ce chef-d’œuvre de lucidité amère mais non désespéré. StankoCerovic. Dans les griffes des humanistes. Climats 2001

[23] Sur ce lien organique entre l’Etat nation et la lutte des classes, motrice structurelle du progrès social E TODD (L’illusion économique. Essai sur la stagnation des sociétés développées, Gallimard, 1998, et M AGLIETTA A BRENDER(o.c.) . Ils en font la seule possibilité d’une régulation  du procès de l’accumulation capitaliste sinon prédation des fondamentaux humains et de la forme société elle même menacée par la massification et la violence mimétique.

[24] S’il ne renonce pas à l’héritageBraudelien (l’histoire générale du monde et le temps long des civilisations); pour le plat de lentilles de l’’histoire (micro) sociale, ou sociologisée, c’est à dire coupée de l’espace-temps par les bataillons disciplinaires.

[25] C’est un point essentiel de démarcation d’avec les tentatives libérales de banalisation de l’actuelle crise du monde dans un comparatisme négateur d’histoire. Les héritiers de la Fondation Saint Simon, championne du  peuple introouvable et du mythe du peuple,  promotrice de l’exclu contre le salarié nanti, publient, en contre-feu de G. Bois, Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié. Seuil. 2002, livre par ailleurs savant et  réfutable  de Suzanne BERGER.

[26] On (l’universitaire en nous) aurait aimé que GUY BOIS ait fait un sort aux célèbres analyses léniniennes du capital financier et de l’impérialisme, « stade suprême du capitalisme ». Le choix d ‘efficacité et de lisibilité a fait repousser sans doute,  cette interrogation qui n’est  peut-être pas seulement d’érudition.

[27] Ce thème cher au merveilleux Pascal QUIGNARD (Les ombres errantes, Grasset 2002), n’est pas pris en compte comme tel par Guy BOIS sauf implicitement dans la dénonciation du  nihilisme des ex-progressistes post-modernisés.

[28] P A TAGUIEFF, Résister au bougisme. Les Mille et Une nuits, Fondation du 2 mars 2001

[29]Nous employons cette expression dans le sens historiquement circonscrit au moment historique des sociétés salariales (BRENDER, AGLIETTA o. c.), indépendamment de toute illusion sur ce que fut le progressif de l’évolutionnisme naïf dont Cl. MICHEA a montré dans  L’Impasse Adam Smith, Climats 2002,  la convergence structurelle avec le délire libéral et l’esprit même de la mondialisation.

[30] C’est la formule-titre du toujours nécessaire essai synthétique d’Imanuel WALLERSTEIN La Découverte  1985

[31] Sur le 11 septembre 2001 illustration de l’asservissement, J. REAULT, Apocalypse à Manhattan, in Libre prétexte. Mélanges offerts en hommage à Jean-Paul Molinari. LESTAMP Université de Nantes 2001.

[32]Emmanuel TODD,  Après l’Empire  Essai sur la décomposition du système américain. Gallimard 2002.

[33] A l’instar de l’invasion grotesque du  mot souci, dans un Pas de souci  généralisé, modalisation de laissez faire,  à l’instar du  pédagogisme dans l’école devenu (mauvais) lieu de vie  où  l’on n’ institue plus ni l’instruit, ni l’adulte, ni le citoyen, le terme d’animateur rebaptisant les directions et autres chefferies, envahit les organisations, sur fond de liquéfaction de la société vitale instance autoritaire de la loi. Inséparables, fonction paternelle, loi,  sociétés,  Etats,  forme d’exercice de la souveraineté du  peuple donc de la démocratie possible reculent ensemble  dans un vaste Dysneyland marchand où il  ne  fait pas bon refuser d’être un gentil mickey dans les rêts (réseau) de l’empowerment. Un chef de département ou de quoi que ce soit  ne saurait se présenter autrement que comme animateur, serviteur (apparemment) le plus servile possible de la résultante des comportements au mieux,  anarcho-libéraux de ses collègues en réalité agent de réseaux opaques manipulant des agrégats informes et impuissants d’individus massifiés en concurrence généralisée ne s’unissant que pour exclure ou lyncher. (Bernard EDELMAN, L’homme des foules Payot 1981. Le règne organique de la  demande  et la dédifférenciation marchande ne requièrent que des animateurs et des éducateur, non  de savoirs  fondamentaux. C’est le programme présenté en 2001  au département de sociologie de N., au sein des anciens viviers du pays de la soumission (Siegfried), de l’humanitarisme et de la charité d’Eglise des sociétés d’Ouest : Le seul avenir permis ici de l’eurosociologie décentralisée  

[34] DUCLOS Denis, Le Monde Diplomatique, Août 1998, page 16 ; Une nouvelle classe s’empare des leviers du pouvoir mondial, Naissance de l'hyperbourgeoisie

[35] Le lynchage médiatique.  Revue Panoramiques. 

[36]La solide revue Alternatives économiques illustre cette convergence de la foi progressiste et du moralisme réindexées par la mondialisation et de la pensée libérale  libérale qui fait l’apologie de ce mouvement réel. Réel mais résistible !

[37]  C’est nous qui citons ici l’immense et prophétique George ORWELL de 1984 .

[38] Convergence avec P. Legendre De la société comme texte, Fayard malgré la  distance problématique

[39] On renvoie sur cette opération et sa critique à l’excellente analyse de Bernard Langlois au printemps 2003 dans Politis.

[40] Elisabeth LEVY, actuelle dirigeante de la Fondation du 2 Mars, Les maîtres censeurs. J C Lattès. 2002

[41] Pierre André TAGUIEFF, op. cit.

[42] Paul THIBAUD. Université d’été. Fondation du 2 Mars Montpellier septembre 2002. C’est nous qui les citons.

[43] Au sens strict si l’on considère que le mythe est aussi une chaîne de symboles, d’affects, donc de signifiance et d’énergie mobilisable qui relie le passé et l’avenir permettant à des sujets individuels ou collectifs d’accéder à un présent pour s’y retrouver et agir. Les boutiquiers de la gymnastique démystificatrice,  tristes et répétitifs spécialisés dans la cadavérisation des mémoires vivantes donc mythiques sont  de significatif symptôme des sociétés malades du no future de la mondialisation.

[44] Dans le regard modal des classes populaires rurales :ouvrières, paysannes, artisanes,  cette vision d’une agression contre leurs acquis , leurs territoires construits au fil des siècles et des lignages, leurs coutumes, contre eux donc, est durablement  installée et consensuelle. Elle fonde un peuple politiquement résistant, inversant l’indexation méprisante des gauches bourgeoises ou léninises sur leur conservatisme voire leur soumission réacdionnaire.

[45] Multi-victimes multi-révoltes écrit GB  invoquant la plus grande mobilisation de l’histoire humaine manifestante, autour du 15 février 2003 contre la guerre à l’Irak.

[46]C'est d'ailleurs le point le plus crucial qui oppose - désormais judiciairement l'oligarchie du Monde (le quotidien) à Philippe Cohen, initiateur de la Fondation du 2 Mars, (ex. Marc Bloch) qui entama la critique qu’achève Guy Bois. Le coup de tonnerre du 21 avril  2002 a cependant contraint, en France, les personnels politiques à infléchir leur propos sinon leurs actes politiques, dans le sens d’une référence verbale nouvelle à la solidarité nationale et populaire. 

[47] Le dur désir de durer comme nation dans la mondialisation qui pratique et proclame la table rase générale n’est ni survivance nationaliste, ni maladie honteuse, simplement le premier devoir et retour aux sources du Printemps 1789. La Bastille parisienne comme les chartiers ruraux archivant les droits féodaux sont investis au cri de Vive la Nation. Honorant une Léonarde rappellons que c’est la députation bretonne  aux Etats Généraux qui fonda le Club breton bientôt rebaptisé Club des Jacobins. Vive le Léon, terre des prêtres peut-être, mais vivier de culture démocratique aussi ce qu’avait déjà souligné A Siegfried (Tableau politique de la France de l’Ouest)  avec ses familles souches solides  inscrites dans l’éternité (relative) !

[48]  «Lieh rann ar Red heb-ken : Ankon, tad ann Anken ; Netra kent, netra ken. » : Pas de série pour le nombre un La  nécessité unique le trépas, père de la douleur ; rien avant rien de plus..Vêpres des Grenouilles. Bouquet pour Ann cueilli en terre et langue bretonnes, par le Vicomte Hersart DE LA VILLEMARQUE Barzaz Breiz, Chants populaires de la Bretagne. L .A. Perrin 1963.

[49] MEILLASSOUX Femmes greniers&capitaux Maspero 1975. E. SAPIR, Anthropologi e Minuiit 1967.

[50] M. MAGET.Guide d’étude directe des comportements culturels. CNRS 1962, Chef d’œuvre fondateur oublié

[51] Le choc des civilisations. O Jacob 1997.

[52] Notamment par le Colloque Sociétés Etats Cultures Peuples et mondialisation initié par le LESTAMP 4 à 6 novembre 2004.

[53] Un livre fondateur sur ce thème, Roger DUPUY. La politique du peuple. Racines, permanences et ambiguïtés du populisme. Albin Michel 2002  révolutionne l’histoire et la sociologie politiques. C’est la lecture nécessaire après G Bois. Nous définissons le  populaire  dans  l’interférence organique insécable, des trois acceptions classiques du peuple, Classes populaires/ culture commune transversale  /Peuple politique. Il a valeur civilisationnelle, garant de la forme société ?

[54] Un seul exemple. Les observateurs centraux convergent pour disqualifier, folkloriser voire diaboliser le mouvement faussement confiné dans la défense de la chasse. Il nous apparaît le plus important et le plus rationnel, en tout cas le seul durable, des mouvements populaires développés sur la décomposition de l’ancienne donne historique du mouvement ouvrier et de la gauche des Trente Glorieuses jusqu’en 1984. Des sciences sociales qui croiraient à leurs propres mythes, (dans le sens vulgaire du terme), d’abolition des sociétés et territoires ruraux, et qui n’ont même pas perçu  la périphérisation rurale du travail productif depuis 30 ans, qui croient la paysannerie morte depuis le livre d’Henri Mendras (1964), pourraient-elles analyser une des manifestations les plus conséquentes et enracinées dans les profondeurs populaires de la résistance à la mondialisation ? Les sociétés rurales sont des conservatoires civilisationnels, sans doute irremplaçables ce que pensait déjà, dans un monde de villes, Ibn Khaldoum fondateur de la sociologie et inventeur pillé de l’habitus. Cette vérité est scandale pour l’ethnocentrisme urbain des forces hégémoniques au sein des sciences sociales. Le mouvement Attac l’autre nouveauté sait se trouver des foules avec l’aide des media mais pas des peuples.

[55] Il ne vient pas du même bord que Guy Bois, l’ancien communiste jusqu’au lancement en 1979  du mouvement l’Union dans les Luttes, (dont nous fumes aussi pourquoi en faire mystère), qui contribua, pour le meilleur et pour le pire, (mais qui le savait ?), à consolider la dynamique d’ « union de la gauche »  qui mena au pouvoir Fr. Mitterrand le Parti socialiste et en 1984, la Modernisation mais contre  l’Union populaire et contre ses Luttes.. 

[56] Ce fut d’ailleurs la singularité aussi de la campagne présidentielle de Jean-Pierre Chevènement qui dépassa les 5 % devant les Verts, et le PCF . Guy Bois participa à son comité de campagne.


 

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Jacky REAULT

Pour un lieu commun des sciences sociales Jacky Réault

 4 déc  2004 

 

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Les sociétés de la mondialisation

 Appel à communiquer

De quelle manière concevoir des savoirs pertinents compte tenu de la pluralité des discours qui invoquent la « mondialisation » ?

Le  terme apparaît vers 1960 dans un sens strictement analytique comme le fait « de se répandre dans le monde entier ». L’idée d’une transformation tendanciellement unifiée du monde ne s’épanouit que depuis vingt ans. Peut-elle se réduire à une « globalisation économique » ou à l’hégémonie américaine ? Que faire de l’irruption fulgurante de la Chine, du développement de l’Inde ?

 Nous nous proposons de discuter de cette transformation globale cohérente et accélérée du monde contemporain, engagée depuis le début des années 1980, comme réponse à la crise inaugurée en 1973-4 ?  Comment cette mutation, ce processus global de transformation des sociétés
[1] affectent-ils les Etats, les peuples, les classes, les cultures, les langues, ou même, les individualités ? 

Comment ces unités historiques, sociales, humaines se mobilisent-elles pour affronter la mondialisation, s‘y fondre ou tenter de l’apprivoiser ? Comment se représentent-elles, entre multiples niveaux de savoirs et d’idéologies mais aussi d’utopies et d’imaginaires, à la fois ces processus, les politiques qui les infléchissent et leurs propres actions ?
Ce colloque transdisciplinaire se propose de discuter la plus grande variété d’approches, d’études, de recherches, d’observations. Les multiples expériences sociales de cette mondialisation n’ont-elles pas toutes, leurs nécessaires interprétations ? Comment les expériences sectorielles ou localisées infléchissent-elles les théories globales ? Comment s’opèrent les réciproques retraductions ?
[1] Guy Bois, Une nouvelle servitude. Essai sur la mondialisation. François-Xavier de Guibert.  2003
Espaces et territoires
Les espaces et les territoires ont des frontières et des dénominations changeantes au cours de l’histoire. Que deviennent-ils au sein de ces (nouveaux ?) mouvements techniques, économiques, politiques alors que le propos dominant ne les évoque que dans le registre de la mise en réseau d’individus de désirs et de commerces ?

Sans se borner aux nouvelles interférences des villes et campagnes, à l’équivoque rurbanisation, on assiste aujourd’hui à l’émergence d’un grand nombre d’espaces protégés, réputés naturels ou non, en même temps qu’à des friches de déprises industrielles ou agricoles. Parallèlement, des zones résidentielles deviennent interdites et protégées, que l’on songe aux villes-bunker des retraités aisés américains ou européens.

Au-delà du @-business sensé garantir une libre circulation des commerces et informations, peut-on encore considérer les polarisations Centre/périphéries comme pertinentes, au niveau du monde comme au sein des sociétés, alors que les dynamiques de développement bouleversent les partages jusque là établis ?


États et sociétés
Si la construction européenne notamment, s’accompagne pour certains d’une démission des personnels politiques nationaux, quelles nouvelles configurations géopolitiques les appareils centraux de pouvoir ont-ils tendance à induire ? Qu’en est-il enfin de la guerre elle-même ?

Les tendances à l’impérialisme d’États-Nations vont-elles dans le sens du contrôle des organisations transnationales publiques ou privées économiques, associatives ou idéologiques, plutôt que dans le sens d’un accommodement avec elles ? Les crises des représentativités citoyennes, la mise en place d’oligarchies d’experts en tout genre conduiraient à une désubstantialisation de la démocratie par la mise en concurrence économique des droits locaux et nationaux.

Il faudra s’interroger sur le rôle des firmes transnationales dans la production du droit, alors qu’on observe désormais une problématique articulation entre l’esprit des droits du contrat anglo-saxon et l’esprit des lois des héritages romains ou méditerranéens, comme l’indiquent la transformation des droits du travail, les transferts des prérogatives juridiques au profit de droits supranationaux.

Dans quelle mesure les grandes migrations de la quête du travail (Nord/Sud, intra-eurasiennes, interaméricaines), restructurent-elles les sociétés entre communautarisation, assimilation, métissages ?


Langues et Cultures
Y a t-il une langue de la mondialisation ? Certains craignent que l’anglo-américain des échanges ou à un autre niveau, la novlangue, ne mettent en péril les devenirs respectifs des langues des grandes civilisations si elles ne maintiennent pas leur présence parmi les productions scientifiques et culturelles. Dans ce village mondial de la surface des mots comment les langues vernaculaires vont-elles s’accommoder d’une éventuelle Europe des régions ou d’autres dislocations de territoires ?

Le retour du religieux renvoie à plusieurs questionnements :Y a- t- il des religions de la mondialisation : les intégrismes des religions déterritorialisées ? Quels rapports entretiennent-elles avec la nouvelle effervescence d’un sacré profondément enraciné ? Les communautés sont souvent contraintes de réagir à la mondialisation par la mercantilisation de leurs arts et médias, aussi assiste-t-on à la fois à une centralisation de la production culturelle de masse et à l’invention de produits réputés authentiques ou folkloriques.  Comment est alors mis en scène le sentiment d’appartenance locale, nationale ? On pourrait s’interroger sur les processus d’ethnicisation de populations interpellées et politiquement instrumentalisées par les caciques et politiques locaux.

 Peuples, classes et individus

Dans quelles nouvelles configurations de forces sociales s’inscrivent les groupes que la mondialisation  développe ou qu’elle déstabilise ?

La montée des communautarismes correspondrait pour de nombreux porte-parole à une dissolution des classes sociales et une fragilisation du devenir des peuples nationaux. La nouvelle distribution des pouvoirs économiques et politiques recompose des fractions de classes sociales ; certaines se mettent en scène dans la croyance mondialiste, comme les salariés surdiplômés des métropoles, alors que des classes productrices résistent de manière indifférenciée ou invisible dans les périphéries, les banlieues et les mondes ruraux.

La mondialisation n’est-elle pas toujours trop adjugée comme triomphante au sein des ensembles civilisationnels ? Des classes mondialisées de consommation (jeunesse et musique…) ou d’emploi (marins de commerce) coexistent avec des mobilisations identitaires fortement localisées (spectacles sportifs…). Si les mobilisations et les résistances à la mondialisation sont transversales aux classes sociales, comment les solidarités populaires expriment-elles désormais leurs rapports aux élites ?


Modes de production, prédation et marchés

Les firmes transnationales, leurs réseaux de sous-traitance, leurs politiques de localisation et délocalisation, n’épuisent pas la complexité des tissus économiques où prospèrent plus que jamais les compagnonnages, les mafias, les familles et lignages. Comment se manifestent, au sein des marchés locaux, nationaux, internationaux, comme dans l’activité des entreprises artisanales ou informelles et celle des exploitations agricoles, les contradictions entre unités productives et  groupes financiers d’une part, entre prédation productiviste contrainte et préservation des écosystèmes, des ressources terrestres d’autre part  ?

Les métamorphoses des formes d’emploi induites par les firmes et fédération d’entrepreneurs, inégalement relayées par les Etats, sont-elles réductibles à une précarisation généralisée, à l’institutionnalisation de la notion d’inemployabilité ? Comment le travail concret a-t-il dynamisé (dynamité ?) les modèles d’organisation que l’on pensait hégémoniques ? Quelles sont les logiques de l’inscription locale des pôles de compétences ou de technologie, des start-up, du développement ?

 Après le double choc

de l’éclatement

de la bulle boursière de la nouvelle économie

et du 11 septembre 2001,

quelles seraient les configurations

ordonnées ou chaotiques

de la mondialisation ?
                                                                  

Bruno Lefebvre et Jacky Réault

 Lestamp EA Université de Nantes le 13 juin 2004

 Le texte de cet essai a été relu et revu avant édition par Joëlle Deniot et Pierre Cam et diffusé comme appel à communiquer pour le Colloque Les sociétés de la mondialisation des 4,5,6, décembre 2004, après traduction en anglais (H Delaprée), espagnol (P. Bourmaud, D. Maraboli), italien (S. Froin)

 
 
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