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La forêt et la ville, entre ressource et symbolique


 

Julien DELLIER
France - Limoges Géographie
GEOLAB

Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP - 2005
Dépôt Légal Bibliothèque Nationale de France N°20050127-4889



Aujourd’hui, notre conscience occidentale associe souvent le mot forêt à l’Amazonie, décrite à tort comme le poumon vert de la planète, d’une part car elle dégage presque autant de CO2 que d’oxygène, d’autre part car une forêt fonctionne à l’inverse d’un poumon. La forêt disparaît, l’homme détruit son environnement, les clichés sont nombreux et sans cesse répétés, curieux paradoxe, c’est alors que l’homme est totalement déconnecté de son environnement que celui-ci se préoccupe de l’avenir de ces espaces longtemps malmenés. La forêt pour survivre doit prouver sa nécessité actuelle, qu’elle soit réelle ou supposée dans le contexte urbain ou périurbain. Si le prédateur principal reste la pression foncière, et dans certaines régions la pression anthropique, quelles sont les forces oeuvrant pour sa conservation.

La forêt est un terme générique recouvrant de multiples formes sur le terrain, de la plus claire savane arborée aux forêts tropicales denses, de la forêt originelle idéalisée à la plantation industrielle décriée. L’image de ce milieu s’est forgée au cours des siècles. Souvent ancrée dans les traditions ancestrales, les mythes ou les légendes, la forêt est actuellement un des fer de lance de l’idéologie environnementale prônant la responsabilité envers les générations futures par la pratique du développement durable ou plus récemment de la gestion soutenable.

La forêt locale est une ressource, un élément paysager, un repère et par définition un symbole ; symbole de nature variable selon les lieux et les époques. Sur le plan mondial c’est devenu un enjeux : économique, écologique voire idéologique. Dans un premier temps, la forêt est associée au sauvage, puis dans un second elle est envisagée dans un contexte rural. Cette appartenance est toutefois remise en cause aux abords des villes, quelle place pour la forêt dans ou proche de la ville. Ce qui peut nous amener à nous poser la question suivante : la forêt urbaine n’est elle pas une contradiction en soit, entre monde sauvage et monde civilisé ?

Cet exposé se découpe en deux parties. La première concerne l’historique de la vision de la forêt. Dans la seconde nous analyserons la situation actuelle et nous évoquerons les perspectives d’avenir.



A. La vision de la forêt aux portes de la ville à travers les âges

Cette partie sera largement dominée par l’analyse de la zone européenne, le fait urbain étant historiquement européen.


I. La période antique et l’antiquité, entre mysticisme et dévotion


Que ce soit dans la civilisation des Mayas, ou celle des Celtes, la forêt se présente sous un aspect relativement similaire. Redoutable de réputation, repère de bêtes féroces, d’enchanteurs ou de sorciers dans l’imagination populaire, elle est hors du territoire humanisé. Seul ces abords peuvent êtres essartés, explorés pour y trouver quelques nourritures ou matériaux. Ces forêts sont alors difficilement pénétrables, si nous l’imaginons bien aujourd’hui sous les latitudes tropicales, il faut se représenter à l’époque, sous nos latitudes tempérées, une forêt encombrée de bois morts, souvent marécageuse, qu’aucun axe de communication ne traverse. Pourtant, c’est à l’intérieur même de cet espace hostile que l’on retrouve les lieux de culte, les arbres magiques, et les totems. La forêt comporte donc dès l’origine une double signification, mêlant forces obscures et lumineuses. Cette dualité se retrouve dans presque toutes les sociétés primitives.

Les premiers déboisements d’importance se font cependant jours, les Sumériens au départ en Mésopotamie, puis sous la civilisation Grecque ce sont les rives méditerranéennes qui sont défrichées en Europe. Cette avancée de l’homme sur les terres forestières hostiles se poursuit et s’étend avec l’empire Romain. Les villes s’agrandissent, des réseaux de communications sont crées. Cependant, la forêt garde cette ambivalence, redoutée par les armées de Jules César lors de la guerre des Gaules, au point de la contourner plutôt que d’y pénétrer ; elle est au contraire louée par le poète Virgile (Rome antique, 70 av JC) dans l’Enéide comme un symbole de bien-être, de sécurité.



II. Le Moyen-Âge, la conquête sur le sauvage


Alors que dans les pays occidentaux et d’une manière générale l’ensemble des pays recouverts de forêt, celle-ci représente le monde sauvage, la nature hostile, le repère de la barbarie, que seul quelques installations humaines viennent troubler ; En Orient, en revanche, les oasis boisés sont les îlots de civilisation dans le désert.

Le moyen âge voit se succéder les phases de régression et d’extension de la forêt, à l’inverse de la dynamique démographique. La forêt garde toujours son aspect hostile, renforcée par la concurrence qu’elle oppose à l’homme agriculteur, nécessité de défricher et d’entretenir sous peine de voire revenir cet encombrante voisine. Mais la forêt fait besoin à la ville, les réseaux de communications étant relativement peu fiables, l’approvisionnement dépend essentiellement des forêts proches des villes, que ce soit pour le bois de chauffage ou de construction.

La forêt est dotée d’une forte charge spirituelle. En Europe, les ermites commencent à investir cet espace, avant d’être rejoints par les moines défricheurs (bénédictins), tandis que pour une grande part des tribus africaines vivant dans les zones arborées elle représente un lieu d’initiation.

La forêt sauvage devient de plus en plus clairsemée, elle se rétracte pour laisser place à une forêt exploitée à défaut d’être gérée. Plus une forêt est proche d’une ville, plus elle va être exploitée, jusqu’à l’épuisement parfois, le bois seul matériau de construction, seul source d’énergie, elle doit aussi fournir de nombreuses ressources alimentaires relevant de la cueillette et de la chasse. La forêt entre donc dans la logique urbaine comme une ressource vitale, à priori inépuisable tant elle est étendue au départ. Mais rapidement, les abus se généralisants, la forêt va devenir un bien d’importance, nécessitant une gestion qui lui est propre pour pouvoir fournir les villes.



III. La Renaissance en Europe, le rôle des forêts « vitrines »

Le 16ème siècle va être le témoin d’une évolution majeure dans les pratiques forestières en Europe. Pour le plaisir de la chasse, des forêts échappent au traitement en taillis pour la futaie, plus aisément pénétrable. Pour la première fois, la forêt dépasse la dualité classique exploitation/crainte, elle devient un lieu de récréation.

Les techniques sylvicoles, en plus de la prise en compte de ces nouvelles orientations, doivent se soucier du critère paysager. Ainsi, dans la forêt de Soigne proche de Bruxelles et sur notification du Roi, les premiers rideaux d’arbres visant à masquer les coupes sont testés.

Ces forêts vitrines, liées aux différentes couronnes : Windsor, Hambourg et Bourbons, sont façonnée pour donner un certain plaisir, il n’est plus vraiment question ici ni de production, ni de respect empreint de crainte du lieu magique, une troisième dimension s’ouvre.



IV. L’influence des romantiques sur la perception de la nature


Le Romantisme, courant artistique, culturel et littéraire européen dont les premières manifestations, en Allemagne et en Angleterre datent de la fin du 18ème siècle, va faire évoluer l’idée de la forêt entretenue comme paysage. Ce courant de pensée connut par la suite des répercussions en France, en Italie, mais également en Espagne, au Portugal et dans les pays Scandinaves au cours des premières décennies du 19ème siècle.

Les précurseurs de ce mouvement : William Blake, Jean-Jacques Rousseau, Goethe ou Schiller, considérés comme des préromantiques vont développer le « sentiment de la nature », exprimé comme une extase fondée sur la ressemblance entre le paysage intérieur (l’âme) et le paysage extérieur. Dans les Rêveries d’un promeneur solitaire par exemple, Rousseau utilise le romantisme pour décrire le caractère pittoresque et sauvage d’un paysage. Cette idéalisation de la nature, pour lutter contre la surdétermination de la raison prônée durant le siècle des lumières se retrouve dans les œuvres d’écrivains tel Coleridge, Keats, Stendhal, Victor Hugo, Musset ou Manzoni.

Cette approche esthétisante de la nature et de son intérêt pour le citadin va engendrer une remise en cause de l’idée de nature, le sauvage dans les villes n’est plus source de crainte quand il est naturel, c’est un ravissement, un sujet d’intérêt.



V. La ville renouvelée, l’espace vert apprivoisé


Lorsque Bernard Kalaora évoque les salons verts, il explique la transformation survenue dans la ville Haussmannienne, sous la régence de Napoléon III (1851-1870). La ville devient un paysage urbain, elle est conçue pour être vue. Dans ce cadre les espaces verts deviennent des salons verts, dans le sens où les squares, parcs et jardins deviennent des lieux publics. Leurs fonctions ? hygiénique, esthétique ou culturelle. Ce doit être une aération, une coupure dans le bâti réalisée pour provoquer le plaisir de l’œil. Rien n’est laissé au hasard, ce sont de véritables constructions architecturales, mêlant grottes et cascades artificielles, ornements et points de vues. Cette nature offerte au citadin est réfléchie, construite, organisée, et finalement urbaine, pleinement intégrée dans la ville qui est sa raison d’être.

Ces espaces verts ouverts à tous, une frange cultivée de la classe dominante va investir la forêt d’une manière positive, et notamment celle de Fontainebleau proche de Paris. La forêt et son côté sauvage devient artistique, notamment sous le pinceau des peintres de l’école de Barbizon, installée en pleine forêt.

Dans cette découverte par une population citadine d’un espace longtemps évité apparaît un conflit. Le travail du bûcheron, incompris, est la cible des critiques, jugé nuisible à la forêt qu’il entretient.

Si nous avons présenté ici une histoire surtout européenne de la perception de la forêt, nous pouvons dire quelques mots notamment sur les pays orientaux. Là, la nature est considérée selon trois éléments fondamentaux : l’eau, la pierre et l’arbre, que nous retrouvons dans les parcs, lieux de pratiques spirituelles. (comme le « qigong » ou le « taijiquan » associant l’exercice physique et le recueillement). Mais il existe aussi une symbolique maléfique associée à la forêt, elle concerne des espaces plus sombre, moins accessibles et plus sauvages. Le cas le plus connu aujourd’hui est le « jukai », littéralement océan d’arbre qui recouvre les pentes du mont Fuji au Japon. Ce lieu décrit dans les légendes locales comme un lieu hanté par les mauvais esprits détient le triste titre de capitale japonaise du suicide.


B. La forêt et la ville aujourd’hui

La situation des forêts urbaines aujourd’hui peut s’analyser à travers le prisme du niveau de développement des pays.


I. Les utilisations traditionnelles de la forêt encore d’actualité
(s’entendent au-delà de la symbolique)


1. La forêt ressource

Elle sert de ressource à la fois en terme de bois de chauffe comme source d’énergie, de réserve de nourriture (cueillette, gibier), de bois d’œuvre pour la construction ou l’activité industrielle. Elle assure donc en partie le confort et la subsistance de la population locale. Ce rôle traditionnel est un héritage de l’organisation paysanne antérieure au développement de la ville.

En Europe cette fonction a quasiment disparu, du moins elle n’est plus primordiale. La forêt en milieu urbain n’est plus vu comme une ressource vitale mais plutôt d’agrément. L’essor de la société moderne et des réseaux de communications ont permis l’extension du champ de consommation à l’ensemble de la planète, si bien que la forêt locale n’est plus exploitée au profit d’autres beaucoup plus lointaines mais répondant mieux et à moindre coût aux attentes du marché. La forêt ressource est aujourd’hui localisée dans les pays en voie de développement d’Afrique et d’Asie du Sud-Est.

Yaoundé, la capitale du Cameroun en est un exemple. Dans cette ville, près de quatre-vingt pour cent de la population est tributaire des forêts périurbaines pour son approvisionnement en bois de feu, qui représente l’unique ou la principale source d’énergie domestique.

La forêt périurbaine en tant que ressource vitale est donc aujourd’hui limitée aux pays ayant la population la plus pauvre. Dans les pays développés, les espaces boisés proches des villes ne sont plus exploités car d’une part il n’existe pas de besoin réel, mais surtout la pression exercée en faveur d’autres valorisations de ces terres est trop importante. Au contraire dans les pays sous-développés l’essor démographique de la ville entraîne à la fois une pression spatiale accrue et une hausse de la demande en terme de productivité de bois ou d’aliments.

Le problème majeur de ces espaces est la surexploitation dont ils font l’objet et qui risque malheureusement de s’accentuer avec la constante progression de l’urbanisation. Leur avenir semble donc compromis malgré la mise en place un ensemble de mesures au niveau international pour les protéger et pour favoriser le développement de ce type de forêts. (voire AFPT)


2. La forêt de protection

Comment un espace naturel, traditionnellement victime de l’urbanisation peut-il devenir un rempart ?

Il existe différents types d’agressions selon le milieu dans lequel se situe la ville, certaines sont anciennes, d’autres plus récentes. A première vue, il paraît possible de classer les principaux besoins de protection des villes par la forêt en fonction des grandes régions climatiques.

Dans les pays de la zone tempérée, l’urbanisation du territoire a pris son essor très tôt. Au départ, c’est la dégradation des sols laissés vacants par l’agriculture qui constituait le principal problème, surtout lorsque les terrains étaient escarpés. Ils ont donc été boisés pour éviter les effets indésirables du ruissellement et des glissements de terrains. Cette vocation est toutefois devenue rapidement secondaire, hormis dans le contexte montagnard.

Trois axes sont devenus prépondérants dans la mise en place d’une politique de protection urbaine par les espaces boisés. La protection des périmètres de captage d’eau, afin d’éviter les risques de pollutions de la nappe phréatique ou de l’eau de surface. La lutte contre les pollutions sonores et visuelles induites à la fois par les grands axes de communications et les zones industrielles. La forêt est dans ce cas utilisée comme un filtre efficace pour le bruit et le regard, en masquant les paysages et en atténuant les sons. Un effet pervers de cette politique est la fermeture des perspectives qui peut aboutir à un paysage uniformément vert cachant la réalité urbaine de l’espace.

La protection des rives des cours d’eau pour préserver au maximum leur aspect naturel et pour limiter les crues. Il s’agit là d’un type de forêts réellement intéressantes pour ce qui est du fonctionnement biologique du milieu. L’efficacité de ces aménagements sur les phénomènes de crues reste largement surestimée et contradictoire.
Dans les pays sahéliens, l’extrême sécheresse qui caractérise ces régions se traduit par une nécessité de protéger les conquêtes urbaines de l’ensablement. Pour ce faire, des programmes ont été mis au point sous la domination coloniale. Ils visaient à la fois la protection des quartiers résidentiels et des axes de communications.

Les prévisions de plantation de cordons forestiers ou de véritables forêts se sont alors multipliées aux abords de ces lieux comme dans les villes sénégalaises de Dakar et Thiès. Ces espaces avaient également pour vocation de produire du bois d’œuvre et du bois de chauffe pour subvenir à une partie de la demande locale. Malheureusement, après le départ des puissances étrangères, ces projets ont été relégués au profit d’autres plus urgents. L’avenir de ces forêts pourtant nécessaires est incertain. Leur état se dégrade lentement sans entraîner de véritable prise de conscience du problème par les autorités politiques.

Enfin, dans les pays de la zone tropicale, les aléas climatiques conjugués à des sols dénudés sont la source de nombreuses catastrophes : glissements de terrains, coulées de boue… Pour lutter contre ces risques les terrains défrichés pour l’implantation de cultures pendant la période coloniale et situés sur les pentes ont été boisés. Le rôle de la forêt est à la fois de stabiliser les sols grâce à la formation d’un complexe racinaire et d’empêcher la formation de ruissellement par une couverture végétale du sol freinant l’impact des gouttes de pluie sur la terre. Ces plantations plus ou moins récentes ont également pour but de favoriser la biodiversité de ces zones pour retrouver un milieu proche de celui d’origine.

Le cas le plus connu est celui de la forêt de Tijuca près de Rio de Janeiro avec quatre vingt quinze milles arbres plantés entre 1862 et 1887 sur trois milles deux cent hectares anciennement occupés par la culture du café. Il est aujourd’hui plus difficile d’implanter ce type d’espaces à cause de l’explosion de la pression foncière sur ces terres autrefois sans valeur. Les terrains escarpés et donc potentiellement dangereux sont aujourd’hui peu à peu colonisés par une forme d’extension urbaine précaire et illégale, les favelas brésiliennes ou bidonvilles.


3. La forêt loisir

Le concept de forêt espace de loisir trouve sans doute son origine dans les parties de chasses organisées par les familles royales européennes. Mais le point de départ véritable se situ plus vraisemblablement au 19ème siècle, avec le développement du chemin de fer qui permis aux citadins de toutes catégories d’aller s’aérer en forêt. Les sites précurseurs sont Fontainebleau proche de Paris et Soigne proche de Bruxelles.

A partir de ces deux exemples célèbres, cette utilisation s’est répandue à travers les principales mégalopoles avant de toucher aujourd’hui la quasi-totalité des villes dans les pays développés, des pays occidentaux dans un premier temps puis en orient. Un tel engouement peut-être en partie expliqué par la réduction générale du temps de travail et la valorisation des loisirs.



II. Les nouvelles utilisations de la forêt


Nous assistons ces dernières années à une mise en application des courants de pensée concernant la forêt urbaine.


1. La dimension écologique

Pierre Donadieu résume bien cet aspect dans son livre campagnes urbaines : « la nature sauvage fonctionne comme une utopie de la modernité, un refuge rassurant pour prévenir les méfaits de la ville moderne, lieu fictif de sécurité, d’aisance, de solidarité et de plaisir. Le citadin retrouve ces vertus dans la forêt considérée comme naturelle, pas dans les parcs vus comme des jardins, proche d’une agriculture qui n’aurait de volonté de production ».

La forêt possèderait des vertus uniques, indispensables à l’épanouissement du citadin, mais sa connaissance du milieu reste floue. La gestion par les forestiers, est au centre d’un débat important visant surtout à faire comprendre le travail de ceux-ci. L’ignorance d’une partie du public et le contexte passionnel dans lequel se trouve la forêt urbaine aujourd’hui est le terreau de certaines déviances plus ou moins politisées, telle la « deep ecology », idéologie, parfois poussée à l’extrême, elle est surtout présente dans les pays anglo-saxons, mais tend aujourd’hui à se diffuser plus largement, sous des formes plus consensuelles. C’est à ce courant de pensée que l’on doit des manifestations comme celle ayant eu lieu à Grenoble il y a quelques mois, des militants écologistes s’opposant à l’abattage d’arbres en vue de la construction d’un stade en s’installant sur les arbres.


2. Un lieu d’échange

L’intégration des populations étrangères et la réduction du fossé social par l’accès de tous à des espaces naturels de récréation communs, c’est en résumé une des idées en vogue dans les pays nordiques et anglo-saxons. La forêt agit ici comme un catalyseur favorisant l’établissement d’un lien social.

La forêt est vue comme un espace de liberté, ouvert à tous sans discrimination, gratuitement. La réalité est malheureusement souvent différente. Pour exemple, il existe aujourd’hui une forme de confiscation de l’espace forestier urbain par les populations aisées. En effet, de nombreux quartiers résidentiels, construit dans les banlieues des grandes villes européennes sur les modèles anglais et allemands et installés dans un cadre forestier se sont rapidement constitués en véritables communautés fermées, interdisant l’accès aux non-résidents.

La forêt est donc dotée de nombreuses fonctions. Elle se doit de plus de les regrouper sur un même site, ainsi, la forêt milieu dit « naturel » est aussi un espace de récréation, propices aux échanges et à l’intégration. Cependant, toutes les fonctions ne se retrouvent pas forcément sur un même site pour des raisons pratiques (protection des sols et récréation).


III. Créer la forêt urbaine

Lorsque la forêt n’existe plus, il faut la recréer. Si la problématique dans les pays en voie de développement semble aujourd’hui insoluble, nous assistons au lancement de quelques programmes intéressants. Dans le premier cas, la forêt existe, mais elle doit être modelée, réorganisée, apprivoisée pour pouvoir répondre aux attentes des citadins.

Dans le second, la forêt a disparue de longue date, c’est notamment le cas d’une bonne partie de l’Angleterre, ou la révolution industrielle a repoussé la forêt dans les campagnes elles mêmes peu boisées. Le lancement du programme « community forest » est basé sur ce constat, ancré sur 13 entités urbaines d’importance au plan national, il a pour mission de protéger la campagne en maintenant les anglais dans les villes. En transformant le territoire urbain et notamment ses marges délaissées en un terrain favorable à la plantation de forêt, pour obtenir dans quelques années un espace de récréation naturel.

Dans les deux cas, la population locale est au cœur du projet, participant à la concertation et aux plantations.



Conclusion


La forêt relève autant d’une construction mentale que d’une réalité, elle est plurielle. La relation ville/forêt a évoluée aux cours des siècles mais il semble que l’urbanité ne peut se passer du bois.

Si de grandes tendances se font jours dans le contexte global de mondialisation, des spécificités locales subsistent ; ainsi les pays nordiques et Anglo-saxons semblent privilégier l’aspect environnemental tandis que les pays latins s’attachent à l’aspect récréatif, en Chine ou au Japon la population reste sensible à la spiritualité du lieu alors que les considérations vivrières prédominent encore dans de nombreux pays africains.

En guise de conclusion c’est un paradoxe, là où existe un besoin vital, au sens premier de forêt, elle est détruite, là où elle représente un enjeux qualitatif, elle est protégée.
 

 
 
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