L'œuvre ambigüe de Robert CASTEL 

Une constante institutionnaliste entre gauchisme et Lien social*

.... au prisme d'un autre regard historique et sociologique au Lersco1 puis au Lestamp2 à Nantes

par

Jacky Réault

*Notre première formulation était "entre institutionnalisme et lien social. Un brin d'hérésie ?".

1 Laboratoire d'Etudes et de Recherches Sociologiques sur la Classe ouvrière (1971-1994)

2 Laboratoire d'Etudes Sociologiques des Transformations et Acculturations des Milieux Populaires -Université de Nantes (1995-2004),  association alternative (depuis 2004...)

 

Entre le passeur, nolens volens, de l'interactionnisme dans la sociologie française et le politiquement incorrect critique du "sous-monde institutionnel de l'insertion", un institutionnalisme au risque de s'adosser à "l'Etat social" et d'un redoutable retour de la problématique archaïque du "pauvre" dont la forme sécularisée est virtuellement paternaliste quand elle n'est pas transcendée par une grande pensée religieuse.

Robert Castel, bilan critique, de l'institutionnalisme au lien social
  Loin de l'esprit de sérieux d'un débordant moralisme d'Etat et d'époque, une trace joyeuse des dernières années de Robert Castel à l'invitation de Michel Maffesoli, lors d'un bal  familial ouvert en tous les registres d'une aimable hospitalité, en février 2011, (photo de l'auteur).

 

Cool memories (J. Baudrillard)

 Robert Castel vient de disparaître, excessivement couvert d'hommages par de multiples représentants médiatiques (Politis Le Monde LDH, etc..) et une litanie de de pontifes ( y compris le Grand), et de caciques d'un socialisme de pouvoir* et d'une Gauche en grand désarroi se cherchant ainsi des cautions intellectuelles univoques  (Il est vrai qu'il s'était posé dans ce quotidien en supplémenteur d'âme sociologique - si l'on ose dire ...-  du candidat François Hollande).

* En vrac, François Hollande, Jean-Marc Airault, Marisol Touraine, Michel Sapin, Geneviève Fioraso, Terra nova etc. etc.

On voudrait ici préciser brièvement d'abord en quoi son insertion dans l'histoire de la sociologie nantaise qui l'a fait interférer lourdement avec nos vies professionnelles voire intellectuelles,  peut donner à notre évocation cavalière de sa trace un prisme particulier dans les bornes et l'intensité de l'authentique. Au delà cependant et en plus large horizon, l'appropriation pratique professionnelle et intellectuelle de cette oeuvre, au regard de nos spécialisations universitaires et de notre expérience de professeur, ont induit le désir d'interpeller librement en collègue, certes au passage l'homme et ses actes,  mais surtout, ce qui seul comptera, l'oeuvre. Il ne nous déplait pas de mettre ce texte qu'étouffera sans doute le mimétique concert nécrologique, sous l'égide de ce qui en a été finalement le catalyseur, une rencontre imprévue, il n'y a pas si longtemps, dans l'effervescence improbable d'un bal sans masque.

 

Institutions Institutionnalisme et un brin d'hérésie !

 

Avant de devenir un membre du Conseil d'Administration de la MSH de Nantes d'où il participa, (en convergence avec Christian Baudelot et du clan bourdivin+ qui n'a de cesse d'y régner seul dans l'enseignement comme dans la recherche), à l'éviction du Lersco-cnrs devenu Lestamp ea Université de Nantes, un des laboratoires fondateurs de la MSH, Robert Castel avait été invité par le même Lersco dans un de ses grands séminaires des années 80, pour y présenter un des livres de son moment partagé entre la psychiatrie et le travail social où il était alors spécialement lu. Très vite après sa création à la fin des années 90 la MSH de Nantes s'était polarisée entre les traditions nantaise de première droite et l'idéologie Deuxième gauche rosanvalonienne du "lien social" choisissant de s'identifier ainsi et d'inscrire dans ce fil, ses programmations et surtout ses recrutements.  L'échange entre lui et nous (Le Lersco, le Lestamp) ne date pas d'hier, contradictoire déjà, il le resta, comme il est, ou devrait être, normal dans un univers de la recherche où se maintiendraient des lieux communs de disputatio. Notre collègue Roger Cornu avait alors très frontalement donné une conférence pour dénoncer la soumission idéologique nouvelle dans son explicitation sans fard, qu'impliquait pour la recherche cette idéologie du "lien social", entre patronage de notables ré - institutionnalisation autoritaire, négation des rapports sociaux et liquidation théorique du populaire et du peuple. Le thème du Lien social instituait d'entrée une MSH instrumentalisée derrière un projet politique d'occultation des rapports sociaux. Peu après Roger Cornu, chercheur singulier de grande indépendance d'esprit revint vers son Sud d'élection nous laissant, héritiers critiques du Lersco mais revendiquant à contre esprit du temps du consensus euromondialiste, une sociologie des milieux populaires, seuls devant la nouvelle hégémonie et tendanciellement exclus, jusqu'à l'éviction finale qui nous incita à construire en travailleurs libres, mais pauvres, un Lestamp association, laboratoire alternatif qui fête cette année 2013 ses dix ans.

 

Pour l'auteur de ces ligne qui enseigna plus de trente ans pour de solides publics nantais, - Nantes était alors une référence nationale de l'enseignement de la sociologie, l'effectif des étudiants de Licence (3), put dépasser les 200 inscrits, et celui des maitrises fondamentales (d'avant les Masters de Jack Lang) les 150-, notamment  la sociologie des formes de vie, la sociologie économique et la sociologie du salariat, l'œuvre de Castel a été marquante et référée, s'identifiant par un profil global très tôt singularisé, qu'on ne peut que qualifier d'institutionnaliste, dans tout l'intérêt et toute l'ambiguïté de cet engagement cohérent sur toute une vie intellectuelle, dont l'obsession dans et de l'Etat se mut, dans le droit fil de la pensée 68 entre gauchisme théorique et humanitarisme du lien social. S'il ne fut jamais un sociologue du travail ni surtout de la classe ouvrière oud es ouvriers malgré les sollicitations d'un parler prophétiquement auxquelles il céda parfois, il fut celui de l'interférence de l'emploi et du non emploi dans toutes ces acceptions avec un privilège donné à la précarité et à la vulnérabilité, catégories certes légitimes mais bien loin d'une sociologie du salariat et d'un mouvement social qui pendant deux siècles tira les sociétés vers le progrès social et constitue un sujet de première grandeur comme force sociale et comme sujet politique, toutes catégories qui lui restèrent en sociologue des institutions séparées (dans le sens de Engels définissant l'Etat référé à la société), étrangères dans ses recherches sinon dans ces propos de media. Certes, il aima aussi flirter avec les rapports sociaux stricto sensu, notamment dans ses interférences avec le politique et même la politique, mais sans jamais vraiment s'y inscrire, sauf à désigner comme tels la vulgate ambigüe d'un  pouvoir institutionnel qu'hélas une partie du milieu retint plutôt que l'apport strictement interactionniste, avec l'usage logomachique d'une "institution totalitaire" traduisant abusivement "total institution". Déjà et si symboliquement dès 1968, "le sens même des mots comme un donjon tomba". (J Bertin). Ce n'était cependant qu'un début et l'époque était à l'hystérisation des formules...

.... de l'Institutionnalisme théorique, privilégiant dans la société l'institué (non en tant que "système de normes socialement sanctionné" dans le définition de Durkheim) mais en tant qu'il est constitué en appareils bureaucratisés plutôt qu'en sociabilité moins cristallisée. Cet institutionnalisme balance toujours entre deux tentations, au mieux comme mode de lecture, fécond s'il s'ajoute à d'autres et ajoute un regard au lieu de s'enfermer dans une monade, au pire comme analyse du mode d'exercice d'un 'pouvoir' propre multiforme et diffus (la confuse inflexion foucaldienne) des institutions et plus largement de l'ordre social univoquement réduit à un "pouvoir", cette vulgate binaire des amphis politiquement énervés et des idéologues, très parent de la non moins confuse "domination" ce fétiche du clan bourdivin.. Ce qui nous semble le socle est chez lui plus ancien, c'est le privilège donné aux corps intermédiaires entre Etat et la dite société civile, un post organicisme propre à la deuxième gauche ex catholique (ce qui n'est pas une tare en soi, le catholicisme est gardien d'un socle anthropologique dont on mesure aujourd'hui la vitale nécessité), et par ce dernier trait, il n'est pas sans affinité, difficilement compatible avec son alliance principale bourdivine, avec les Tourainiens. Cette position de marches plutôt que de frontières théoriques nettes entre peu de marxisme, pas mal de bourdivinisme, et un modernisme, fait une partie de sa singularité et quand il sut en doser au bon moment les composantes avec le moment historique, son succès. Ce pluralisme plus ou moins latent cette tolérance relationnelle, mérite qu'au niveau de l'humain on ne le mette pas dans l'agrégat des sectes idéologiques avec lesquelles il a interféré, et explique qu'on l'ait croisé dans cette fête de la cohabitation des différents que nous évoquions au début....

- ...

- Une telle position, interférant avec des mouvements d'engagement politique avec une "Gauche" socialiste qui fut au cour de sa vie 17 ans dans l'Etat, ne pouvait rester sans  interpénétration pratique avec les institutions (on notait plus haut son succès précoce dans le travail social, ajoutons, par sa femme sa familiarité avec l'institution psychiatrique, dont il fut le sociologue).  Cette indifférenciation entre le politique et le théorique se marqua tout spécialement quand le tournant historique de la gauche au pouvoir (1983-1984) multiplia les béquilles instituées d'insertion et de nouvelle assistance, en guise de substitut à l'abandon du progrès social indexé aux mobilisations sociales de la société salariale ; ces dîtes "politiques publiques" de ré-institutionnalisation d'une "question sociale", allant de pair avec l'abandon des politiques souveraines aptes à infléchir la croissance économique et à permettre un progrès social, sonnaient dans la société l'heure des institutionnels plutôt que des forces vives et pour sa sociologie l'heure de la gloire, même s'il lui fallut attendre pour qu'elle devienne généraliste, et finalement à contre cycle, 1995, alors que sa première sociologie, tombée à point dans les remises en cause générale de l'institution psychiatrique propre à la pensée 68, l'avait trop vite marquée dans une stricte spécialisation ; avant de l'élargir il avait su cependant donner et ceci très précocempent (1973) une de leurs premières armes aux désymbolisateurs (Dany Robert Dufour)  absolus qui traquent le sens partout où il peut subsister, dans les religions, déjà si défensives dans le village européen, et comme ce n'est pas suffisant, sous couvert du "psychanalisme", veulent en finir avec le corpus freudien, ultime barrage à la chosification de l'humain entre le behaviorisme, le cognitivisme et le biologisme. L'argument béton du "pouvoir" que la sotte psychanalyse ignorerait quand les sociologues eux veillent sur lui pour en protéger le commun, était comme dans tout ce qui devint l'orthodoxie foucaldo-bourdivine d'idéologisation de la sociologie, au centre de la démonstration. Le gauchisme théorique faisant le lit des processus qu'il prétend combattre. Depuis l'hallali décrété sur la psychanalyse est devenu un topos de la bienpensance mondialisée. La sensibilité à l'air du temps, on le voit l'emporta souvent sur la vigilance, alors que ce temps était et reste un temps de chien.

          Cet institutionnaliste très institué et on l'a vu au passage très instituant, si bien reçu des classes parlantes et sans états d'âme avec la puissance brutale des féodalités de la sociologie disciplinaire, à qui les oraisons funèbres, y compris du Président et se ses ministres, viennent de donner sans rire un profil de pensée rebelle, a su aussi côtoyer à la fin de sa vie, des profils plus hérétiques au regard de la "sociologie comme science" comme de la post-gauche du moralisme d'Etat :

Ironiquement, on l'a dit plus haut et on y revient,  le dernier lieu commun entre plusieurs d'entre nous et Robert Castel fut une fête - où la photo ici avancée a été prise-, organisée par celui qui fut une des victimes sacrificielles de l'intolérance sectaire du milieu disciplinaire verrouillé par les castes, Michel Maffesoli et où l'on côtoyait, a contrario, une joyeuse et improbable variété de personnalités de la recherche sociologique, à l'encontre de toute logique d'interdit. Où pourrait-on ailleurs avoir vu danser boire et se parler, Didier  Eribon et Ali Aït Abdelmalek,  Joëlle Deniot, quelques autres et... Robert Castel ?

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D'une production assez prolifique nous retiendrons sur la toile de fond que nous venons de dresser, et sans aucune visée d'exhaustivité, trois moments croisant frontalement notre enseignement et nos travaux mais ayant, nous semble-t-il, valeur de ponctuation plus générale.

 

La bouffée d'air frais de l'interactionnisme américain sur une sociologie française déjà très idéologisée : La préface d'Asiles (Asylums).

 

- Du premier moment nous lui sommes  redevable et reconnaissant pour nous et pour ceux que nous avons formés ; ce membre quelque peu atypique de la mouvance bourdivine, -il fallait en être pour être édité vivant aux Editions de Minuit-, prend la liberté et a l'intelligente clarté d'axiomatiser et de reconnaître la fécondité de l'interactionnisme américain en tout cas d'Irwin Gofmann, très étranger à l'orthodoxie de Bourdieu, sauf à le tirer dans sa récupération foucaldienne en termes de pouvoir institutionnel autonomisable incompatible avec la pensée de l'auteur des rites d'interaction. Sa précoce préface à Asiles (1968, 7 ans seulement après la publication américaine, - c'est une sorte de record-, et un an après l'institutionnalisation de la sociologie universitaire) dut à cette interférence difficile, mais très joliment bricolée, de théories, de constituer un des meilleurs textes de sociologie institutionnelle, dans les limites indépassables de cette problématisation marquée par le lourd tropisme des institutions empiriques et de l'Etat. Elle  fut une première voie d'accès à l'interactionnisme par le meilleur de ses représentants, pour nombre de sociologues avant que le propos de H Becker, (le plus confus de ceux qu'on rattache à cette pensée (les polysémiques et a-problématiques mondes de l'art, le privilège si bien vu des intellos, donné aux marges), donc plus compatible avec la pensée 68 des archipels grand-urbains de la mondialisation), ne vint dévier pour certains ce précieux apport de théorie à moyenne portée comme les auteurs du Métier de sociologue prétendaient désigner avec condescendance, les sociologies les moins idéologisées.

 

On se doit de souligner que le plus grand intérêt de l'analyse de Castel s'applique aussi, derrière l'ethnographie loyale de Gofmann, l'institutionnalisation rampante invisible et non constituée mais vivante qui rend compte d'un combat d'identification et de puissance tendant vers une forme souple émanant du langage et des silences produit dans l'institution psychiatrique dont l'intelligibilité ne saurait se réduire à ses fonctions et normes manifestes ni à une toute puissance, malgré  son caractère qu'au sein d'une typologie de la variations sociale des institutions Goffman qualifiait, lui de "total".

 

 Outre une typologie des institutions dont le raffinement a été en France peu retenu, Gofmann développait ce précieux concept de  Moral  Career of the Mental Patient incompatible avec l'objectivisme qui ne fit que se durcir avec la montée en puissance de P Bourdieu, mais ce fut le concept hystérisé, aux effets désastreux sur les travailleurs sociaux, d'institution totalitaire, qui fut le plus retenu, favorisé par cette traduction d'une emphase soixante-huitarde  pour Total Institutions, alors même que Goffmann privilégiait surtout le concept moins idéologisable d'institutionnalisation.

 

On était pourtant, on aurait pu être, au bord de l'ethnométhodologie, cette audacieuse tentative poussant au plus loin l'audace d'une synthèse entre le sémiologisme de Palo Alto (les hommes vivent dans le langage et c'est précise Witgenstein, leur "genre de vie"), et l'empirico-pragmatisme individualiste anglo-américain : un épouvantail pour les bourdivins dont l'organisation centralisée, pour rester modéré, contribua à  restreindre toute fécondation. Ce fut avec l'aide, dans ce registre également, d'une autre problématique plus compatible avec le grossier post-marxisme dérivant entre Bourdieu et les ex (?) marxistes staliniens, la structuration de Giddens, qui vint brouiller les cartes et contenir l'audace d'un héritage qui restera en France, limité. Concernant le domaine psychiatrique l'approche de R Castel resta dans un assez pur registre institutionnel surdéterminé par une conception proche du très épuré de réalité concrète, champ bourdivin.

 

Il est significatif, que cette somme d'invention et de complexité débordant de réel que constituent les géniaux Essais d'ethnopsychiatrie générale d'un des plus grands anthropologues du 20° siècle Georges Devereux, ouvrage offert par l'auteur même et à lui dédicacé put être racheté totalement vierge de toute lecture, et bien avant sa mort chez un bouquiniste parisien. La complexité complémentariste n'est décidément pas l'affaire des sociologues disciplinaires quoiqu'elle soit en l'occurrence dans le mille de la psychiatrie comme objet réel sinon comme objet construit, cette fuite hors de toute réfutabilité. D'autres vérifieront s'il y en a trace dans l'oeuvre exhaustive, mais nous en doutons.

 

Il faut cependant lui reconnaître que sa langue intellectuelle nourrie d'autres affluents et souvent inventive (désaffiliation etc..) fut parmi les moins contaminée par l'indigeste modèle obligé du Maître. Il sut souvent échapper à la catatonique invocation de la zoologique  domination, cette addiction verbale des purs disciples qui va, dans une incroyable régression et un unanimisme qu'on peut présager néo-soviétique, se donner une monstrueuse messe (on y a repoussé toute trace de contestation, y compris de personnalité éminente), dans cette ville ou effectivement il peut arriver quelque chose... et hélas c'est souvent le pire. Nantes. (5 et 7 septembre 2013,  Domination et émancipation dans le social)

 

Une dite  "chronique du salariat" substituant à l'histoire (sociale ou globale) du travail et des travailleurs, les termes d'une "question sociale" sur fond idéologique du lien social ?

 

-Laissant là, son long passage avec la sociologie d'Etat instituée de la psychiatrie et l'œuvre du second Michel Foucault, qui le tira plus vers la psychologie sociale idéologisée, que vers la sociologie, sauf à considérer comme sociologique les fétiches verbaux tant du pouvoir généralisé que de l'éthologique "domination" supposée transversaliser des sociétés humaines, on passera à son œuvre maîtresse qui le sortit de sa spécialisation initiale sinon de  son institutionnalisme, Les métamorphoses de la question sociale : une chronique du salariat, Fayard, Paris, 1995. On n'en fera pas l'analyse mais seulement le bilan fonctionnel et historique qu'il eut et garde au regard de notre expérience de professeur et de chercheur.

 

 A l'inverse de l'épistémologiquement et sociologiquement désastreuse (Nonna Mayer) Misère du Monde de P Bourdieu, l'autre best seller du moment, le livre de R Castel, se présentait avec des références savantes et une épaisseur historique (quoique de deuxième main) rare chez les sociologue. Il n'en entérina pas moins pour nous, et dans le même sens,  le basculement de la Gauche dans un regard de commisération  misérabiliste, convergeant avec l'antipeuplisme d'Etat et de media, occupant le terrain laissé par l'évanouissement de la classe ouvrière historique par le suicide théorique et politique de la gauche entre 1982 et 1984, malgré d'encore beaux restes, à l'époque, au sein des syndicats. De plus ou moins sujet de l'histoire, dans sa version classe ouvrière, marxienne ou proudhonienne ou dans sa version salariat du droit du travail et de l'Etat social (trop ridiculisé par l'expression Providence, ou par le réductionniste "fordien"), l'agrégat salarié ou chômeur, devient une composante de la "question sociale", terme dix-neuvièmiste dirait l'historien**, de patronage social et de subordination assistantielle. Son histoire semble ainsi se résoudre, à l'encontre des combats et mobilisations de sujets historiques offensifs et parfois flamboyants, à celle de cycles et procès de l'exclusion, ce vocable de la novlang socialiste ad hoc des années 80, sous l'inflexion de la deuxième gauche (de Cl. Evin à M Rocard), ou d'une psychologisante et floue affiliation/désaffiliation, attribut d'individus atomisés subissant des processus économiques (caution à l'objectivisme) plus que de collectifs de sociologue ou des forces sociales d'historien. Cette même veine fut par lui reprise dans sa formule également appelée à un certain succès militant quoique pour nous post-politique d'"insécurité sociale".

 

Le démarcage, à peine référé par R Castel, quoique son titre le trafique clairement, de ce maître livre Les métamorphoses de la société salariale, de M Aglietta et d'A. Brender (1983), (chant du cygne du lien des intellectuels et d'un salariat sujet historique et d'une science sociale totalisant tous ses propres acquis)*, illustre de façon très abrupte cette rupture, pour tout lecteur qui en acceptera d'en passer par sa difficile lecture qu'il ne regrettera pas et notamment de sa substantielle introduction. Le succès a contrario du livre de R Castel, dans les media les milieux institutionnels et une nouvelle génération de sociologues sans culture historique et sans passé politique d'avant 1984, constitue en tant que tel un marqueur de l'histoire des idées comme des forces sociales et politiques de la société française quoique paradoxalement l'année de sa parution, 1995, fut précisément celle de la grande révolte pratique de ce sujet un peu trop vite, quoique jamais totalement enterré par R Castel, mais d'abord par la Deuxième Gauche postchrétienne et les idéologues qui gravitaient notamment autour de P Rosanvallon, ennemis jurés de cet immense mouvement populaire qui fut aussi une révolte du peuple national, par son ubiquité spatiale comme par sa tonalité politique tirée par les services publics organiquement liés à l'Etat nation souverain, notamment exprimé par la Fondation Marc Bloch dont nous fûmes parmi les cofondateurs.

 

Le sous-monde institutionnel de l'insertion.

 

Notre troisième ponctuation de l'œuvre de R Castel, extrait  dans ce même ouvrage un propos embarrassé, mais où s'amorce cependant, le seuil d'une véritable critique sur les redoutables régressions du salariat en deçà du travail libre, (selon la formule de nos écrits et enseignements d'alors) que l'hégémonie de la deuxième gauche autre face de la première droite selon le mot d'E Todd, dans certains fractions de l'Etat PS, avait systématiquement développées depuis très clairement 1984, invention encore limitée des TUC (Travaux d'Utilité Collective, hésitant entre feu les Ateliers nationaux de 1848 et le nouveau concept d'occupation dans le Chili de Pinochet). On évoque ici les longs développements de la dernière partie du livre sur l'exclusion et l'insertion, concepts éminemment organiques du socialisme d'Etat dans l'ère de la désouverainisation européiste et d'obstination dans la stagnation de la croissance induite par l'asservissement du franc au mark, de la tentative de reproblématiser les sciences sociales en les enfermant dans des notions idéologiques et manipulatoires de la gestion médiatique du taux de chômage. R Castel peine visiblement à en traiter avec des mots suffisamment nets. Une partie de lui-même ne peut se désolidariser de ses amis installés dans l'Etat, via une responsabilité élevée dans les institutions ou directement dans les centres politiques de décision. Il tente d'élaborer un langage compatible avec l'idéologie pesante et politiquement perverse de l'exclusion et le ressassement incantatoire des exclus par les sous-officiers de l'Etat dans le travail social, et par les ministres en quête de rhétorique télévisable. Il se rend compte plus ou moins clairement que le pouvoir d'adjuger l'exclu est un acte de dépopularisation et de subordination, en l'occurrence un rapport social et se voit contrait d'instaurer une confuse bilatéralité en faisant de l'exclu un plus ou moins actif (?) désaffilié. Cette psychologisation obscurcissant le rapport social fut largement reprise par les media adossés à l'Etat et par une neuve mais longtemps très officielle sociologie de l'emploi (celle du travail avait à peu près disparu un moment remplacée par les psy de la souffrance, (Chr. Dejours) ce qui était d'ailleurs un moindre mal car leur pensée était généreuse) qui s'était de façon acritique mise à son service par anachronique ( mais cet anachronisme a de beaux jours devant lui) solidarité obligée à une Gauche de mythologie perdue.

 

 De l'exclusion et des exclus

 

 Ceux qui sont en âge d'avoir une mémoire politique et sociale des années 80 90, savent à quel point le gluant usage de l'"exclusion" et des "exclus", fut l'argument d'Etat et de parti pour disqualifier les revendications des travailleurs et leur vanter la chance qu'ils avaient d'avoir un emploi, ce qui devait leur suffire et en raison de quoi ils n'avaient qu'à fermer leur bec. L'ostentation de spectaculaires et médiatiques situations d'exclusion, largement relayée par les media, a été un véritable mode de gouvernement pendant près de vingt ans. Dans le même ordre d'idéologie d'Etat, celle-ci cependant co-élaborée, fut-ce dans la confusion, avec des sciences sociales par trop dociles, la précarité, et le  gonflement de son usage alors que, contrairement à l'embauche dont l'emploi à durée déterminée est devenue le mode normal ( et ce n'est pas forcément la peste), la structure des emplois montrait, et montre encore certes un peu moins, que l'immense majorité des emplois restaient normalisés par l'Etat social et les conventions collectives. L'emploi normal, -concept plus large et théorique que l'usage routinisé de stable- , que nous revendiquons-, dans le secteur privé ajouté à l'emploi garanti de la Fonction Publique ou ce qu'il en reste dans les services publics, reste encore l'emploi largement modal. L'épouvantail du précariat avancé par R Castel en 2012, pourrait bien prendre le relai de la trop compromise "exclusion". Mais dans ce registre, le pire avançant désormais à grand pas ( y compris dans l'accord du Medef et de la Deuxième Gauche (si l'expression a encore un sens, après sa fusion dans le libéral Strauss-Kahnisme) syndicale, sous l'impulsion de François  Hollande et J M Ayrault), ou simplement dans la toute puissance des financiers dans la gestion européenne de la crise actuelle, on ne peut prophétiser de rien et l'histoire dira si un salariat majoritairement reprécarisé est effectivement l''ordre du jour achevable d'une histoire que l'abaissement des nations et le délitement des syndicats prive, au pire moment de "sujets". Notons que cette re précarisation (notion strictement française), commence pour l'historien au seuil même de la Crise, c'est à dire de l'inflexion du cycle qui clôt les Trente Glorieuses en 1974.

 

... et l'insertion

 

En revanche, quoique Robert Castel rame aussi beaucoup dans la référence et les rhétoriques plus ou moins justificatives, il ne peut évacuer le vrai et bon savoir qu'il a de l'insertion. Cette antiphrase de l'imposture d'Etat qui fut avec ou sans nombre d'attributs manipulateurs, I sociale, I "par l'économique" (sic) etc..., une pure création de l'Etat socialiste, relayé en l'occurrence par les troupes trop souvent zélées (leur besoin d'aveuglement en ce domaine est organique et inextinguible) de larges fractions du travail social. Nos propres travaux et enseignements ne furent pas les seuls pendant de longues années de 1995 à 2008, à dénoncer dans "l'insertion" d'Etat, l'exclusion même, la seule qui ait alors un sens historique non idéologique. La grande majorité de ceux qui entraient dans des dispositifs, des "occupations" des faux emplois et des pseudo-stages, n'en sortaient que dans l'alternative d'une forme voisine, , d'institution en institution, d'une préretraite obligée, d'un retour au foyer pour les femmes, ou d'un chômage jusqu'aux limites légales. Les "structures d'insertion" constitu(ai)ent un destin adjugé d'exclusion souvent définitive du marché du travail libre, selon notre formulation positive et non purement idéologico-critique.

Dans cette mobilisation épistémologique et scientifique pour extraire des concepts sociologiques ou historiques de la novlang d'Etat, spécialité socialiste s'il en est, on trouva dans le texte de Castel le renfort, certes à dénicher dans de rudes exégèses, de certaines formules par lesquelles il fut  un précieux renfort. D'une particulièrement nous nous souvenons, même s'il l'emprunte à un autre auteur il ne peut vraiment s'en défaire et cette contradiction en acte sauvegarde pour nous son honneur de sociologue et d'intellectuel, même si l'invention ou plutôt la reprise de son "précariat" pour rendre présentable à gauche la campagne de François Hollande, nous est apparu comme une inquiétante régression. Castel est de cette génération qui ne put réussir à faire le deuil d'une Gauche éternisée du côté d'un bien moral et du progrès, indépendamment de ses inversions et trahisons. Cette formule résume finalement l'essentiel. C'est celle de "sous-monde institutionnel de l'insertion". Nous la partageons totalement, l'insertion, est une perversion institutionnaliste des politiques de rapport au salariat et pas seulement à ceux qui vivent à la limite sa fondamentale précarité. La démission de la souveraineté économique monétaire et industrielle, a ainsi contraint les partis du consensus européo-mondialiste, mais tout spécialement le PS (La droite a toujours, quoique souvent hypocritement maintenu un propos critique mais s'efforce d'y avoir moins recours) à inventer des dispositifs spectacles de résorption bureaucratique des taux de chômeurs (la routine des années 80 et 90). A partir de 1984 ils ont institué  de facto, (et souvent en le disant, ayant épousé la cruauté sociale du libéralisme, la référence est anglaise hollandaise etc.) l'inemployable adjugé comme tel avec ou sans une appellation, ou pire sous l'imposture de l'insertion, d'Etat, vocable totalement perverti, un pseudo salarié (quoique les Recensements l'incluent à partir des années 90 dans l'agrégat statistique salarié) dans de pseudos emplois, parfois pour un pseudo travail ou à l'inverse un surtravail exploité par des institutions ou des entreprises, selon les dispositifs. L'ensemble tendait jusqu'à la reprise du micro-cycle 1996-2001, à indurer un sous-monde séparé de la société, du peuple travailleur, et virtuellement du peuple politique. L'antipeuplisme de gauche y a trouvé un aliment supplémentaire. Tout laisse à penser en 2013 que la rechute pourrait être pire que ces prémisses.

      

                In fine on saura gré à Robert Castel de l'aveu ou au moins du relai de ce concept de "sous monde institutionnel de l'insertion". Nul besoin d'être prophète pour savoir que nous allons de nouveau, en espérant que ce n'est que pour cinq ans, en avoir grand besoin sous réserve d'approfondir et de clarifier ce retour dans un pervers et régressif "lien social" de double subordination, celle de l'Etat nation et celle d'un trouble rapport social. Loin de la logomachie d'une lecture bétonnée et réductrice du Marx de l'achat et la vente de la force de travail (Capital I), il nous paraît aussi nécessaire, a contrario d'afficher sans crainte de l'idéologiquement correct, ce qu'il nommait à l'articulation de sa dite "rupture épistémologique", les "côtés positifs du salariat". Car l'histoire serait autant involution  qu’évolution (ce pont-aux-ânes des sociologues et des media mondialisés) si elle n’était ni l'une ni l'autre. R Castel aurait-il souscrit à notre très circonstancié Vive le travail libre, lors de notre dernière et festive rencontre dont l'imprévu et notre faiblesse pour Mnémosyne sont à l'origine de ce texte ; les propos qui ne se réduisaient pas aux phatiques propos de bal, ont porté davantage sur  les méfaits qui furent pour nous effectifs, - l'exclusion sans phrase et sa longues chaîne de conséquences -, de l'idéologie localement très constituée du lien social bien loin de sa fulgurante et plus rebelle Préface à Asiles d’Erwing Gofmann***, où l'aveu était cependant fait des virtualités totalitaires qu'il prêtait à l'institution.

Mais le moment comme en tout bal digne de ce nom était à la fois tragique et joyeux et tout cela resta léger et sans conséquence, ce texte excepté, où l'on voudra bien considérer que seule la critique sincère avancée sur un homme interpellé comme esprit véritable peut faire que l'hommage, notamment nécrologique, échappe à la momification conventionnelle au péril de l'éternité, d'une vraie vie réduite à l' institué.

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Jacky Réault agrégé d'histoire
jacky.reault@wanadoo.fr
 
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Jacky Réault agrégé d'histoire Ancien directeur du GIRI CNRS Ancien directeur du GIRI CNRS, Cofondateur du Lersco du Lestamp et d'Habiter-PIPS de l'upjv d'Amiens. En responsabilité notamment du cours de sociologie économique et/ou  de sociologie du salariat de 1973 à 2008 à l'Université de Nantes, d'économie de l'art et de la culture de 2005 à 2008 en master, d'histoire économique  en dess et master...

Notes

+ Clan bourdivin, organisation disons informelle quoique très formalisée, d'échelon national des associés et affiliés de  feu Pierre Bourdieu . Il s'agit d'optimiser derrière l'héritage livresque brandi quoique fatalement effrité, la gestion des ressources rares dans l'Université, le CNRS, la société globale : en leur langage, "capitaux sociaux" "économiques" et en tout cas rarement "symbolique", dans le domaine des ressources, des postes et du pouvoir dans les institutions disciplinaires et universitaires.

*L'ouvrage d' M Aglietta et A Brender fut un des socles de nos enseignements en sociologie du salariat dont se souviennent à Nantes des milliers d'ex étudiants et dans ma propre évolution intellectuelle il m'offrit la possibilité d'élargir le lumineux mais rude schéma de l'achat et de la force de travail sur lequel je pus faire une nouvelle lecture sympomale anthropologique, au delà des apories du marxisme figé. Castel le cite à peine et rompt totalement avec sa riche synthèse sans l'amorce d'un dialogue, ce en quoi le salariat de son livre nous est apparu comme une régression scientifique, son apport valant, comme on l'a dit pour ses marges abordées en différents moments historiques dans une logique de patronage assistantiel.

** Dans le même ordre d'idées plus que le naïf "retour des classes" des ex (?) marxistes orthodoxes, le ridicule retour d'une "condition ouvrière" par Stéphane Beaud, atteint des sommets dans l'anachronisme à moins que ce ne soit dans un plus politique et douteux fantasme.

*** Le choix de R Castel était particulièrement pertinent, au vu de sa conventionnelle mais réaliste notice biographique dans Wikipedia English. » Considered "the most influential American sociologist of the twentieth century" (Fine, Manning, and Smith 2000:ix), as a subjective analyst, Goffman's greatest contribution to social theory is his study of symbolic interactionin the form of dramaturgical analysis that began with his 1959 book The Presentation of Self in Everyday Life. Goffman's other areas of study included social order and interaction, impression management, total institutions, social organization of experience, and stigmas. Some of the influences on his works include Durkheim, Freud, Mead, Radcliffe-Brown, and Simmel. Quel sociologue encore en activité oserait encore se référer à cet échantillon regroupant autant de pensées différemment singulières des sciences sociales ?

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 ___ Jalons référentiels  de Jacky Réault dans les registres évoqués.

- Ouvriers de l'ouest, in ATP CNRS L'Ouest-bouge-t-il. Nantes Vivant 1984

_(avec R Maraboli), De Notre-Dame des enfants à l'Institut L. Monographie d'un établissement d'accueil d'enfants. Lersco 1986

- La spécialisation "névrose ethnique ? L'exemple des professions de normalisation. A propos de l'œuvre de Georges Devereux et de l'ethnopsychanalyse.  Revue Confluences Mai 1987 (Centre de formation continue des Travailleurs sociaux des Pays de Loire), N° 2. pp. 15-22.

- Le travail salarié à domicile dans l'espace français : une affaire de femmes et de milieux populaires pluriels in Ph-J. Hesse et JP. Le Crom, Le travail salarié à domicile Hier aujourd'hui demain. CDMOT Edition Nantes 1993.

-Les Trente glorieuses de la CGT nazairienne et les aléas de la mondialisation. In Annales de Bretagne et des Pays de  l'Ouest? Année 1995, vol 102 pp163-188- également sur Persée.

- Les ouvriers de Saint-Nazaire ou la double vie, in Saint-Nazaire et la construction navale, Saint-Nazaire Ecomusée, 1993

-- Le travailleur libre des sociétés centrales du capitalisme historique, édité annuellement à partir de 1998 Lestamp Université de Nantes pour un usage resté pédagogique. 

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Lisez aussi de Jacky Réault in extenso, l

Nicolas et Ségolène ou le mystère de la Dame de Vix,

Une analyse en profondeur spatiale historique et statistique des socles sociétaux et anthropologiques, des degrés et formes de prolétarisation qui rendent compte des votes présidentiels et notamment populaires et ouvriers.

http://www.sociologie-cultures.com/

Dans le Menu Articles.

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-Plans de cours de sociologie du salariat de 1975 à 2008. Université de Nantes.

 

Sitologie

www.lestamp.com

www.sociologie-cultures.com

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 Vivement dimanche Jean Luc Girault 8 avril 2013

Vivement Dimanche

 Jean-Luc Girault 8 avril 2013_________________________________________

Les superbes images de Mireille Petit-Choubrac pour l'Edith Piaf de  J A Deniot, sont offertes par Jean-Luc Giraud sur Youtube

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