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La Babel européenne ?


 

Béatrice POTHIER
France, Angers Linguistique - URFA

Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP - 2005
Dépôt Légal Bibliothèque Nationale de France N°20050127-4889



L’union européenne élargie et le village mondial grandissant obligent à poser la question des moyens de communication (que nous différencierons de la langue) et d’informations utilisées (et à utiliser) pour la compréhension optimale entre les quelques millions d’habitants de ce nouvel espace politique. Si l’on constate ce qui est à l’œuvre à l’heure actuelle, il est indéniable que la langue anglo-américaine est largement sollicitée comme « linga franca », nonobstant les données idéologiques et politiques en présence qui ne font pas directement penser à cette langue comme langue de l’Europe. Dès lors, un certain nombre de questions se posent :

> Que penser de cette situation d’un point de vue linguistique, donc idéologique et conatif ?
> Doit-on accepter, faciliter cet état de fait ?
> Quelles en sont ou quelles en seront les conséquences prévisibles tant sur la langue anglo-américaine elle-même que sur l’appréhension du monde (à travers l’outil linguistique) des autres locuteurs européens ?
> Doit-on combattre l’idée d’une langue de communication unique en Europe ?
> La (re) babélisation présente-t-elle quelques dangers ?
> Est-il question de suprématie portée par le biais de la langue ? De langue adamique (U. Ecco)
> Est-il raisonnable, voire scientifiquement possible ou linguistiquement souhaitable, d’envisager une autre langue qui relèverait du virtuel ?
> Les langues « utopiques » ou artificielles ont-elles pour objectif une communication interculturelle ?
> Pourrait-on raisonnablement proposer d’autres solutions qui permettraient de résoudre l’équation du cercle vicieux linguistique européen ?

Les propositions ne manquent pas qui veulent résoudre une situation inextricable pour les monolingues voire pour les utilisateurs de « langues moins représentées » tout en s’interrogeant sur le sens même de cette question : que signifie « moins représentées ? linguistiquement ? politiquement ? numériquement ? (mais les citoyens ne sont pas des identités statistiques ?) !!!.

De plus, comme le souligne Claude Hagège, « Il n’existe pas de civilisation sans langue. Elles constituent le patrimoine de l’humanité. Une langue parlée par 5000 personnes et aussi importante qu’une langue parlée par 500 millions de personnes. » De plus, nous ne sommes pas limités dans les apprentissages puisque les recherches actuelles sur les potentialités de notre cerveau montrent que la plasticité de ce merveilleux organe permet n’importe quel apprentissage à n’importe quel âge. (J.P. CHANGEUX). Les conceptions de BLOOMFIELD sont peut-être à revoir qui prétendait, en son temps, qu’il était inutile de s’employer à l’apprentissage d’une langue étrangère passé … un certain âge.


Nous allons passer en revue ces diverses propositions et, sans prétendre prévoir l’avenir linguistique de l’Europe nous allons tenter de peser le pour et le contre de chacune d’entre elles.



La situation actuelle

Qu’on le veuille ou non l’Europe des années 2000 parle anglais (ou américain, mais pour des raisons de simplicité nous adopterons le vocable « anglais »). Il n’est que de voir le sort réservé aux autres langues dans l’apprentissage dans l’union européenne pour supputer que – si rien ne change, et notre propos n’est pas de proposer telle ou telle solution, mais de constater, d’étudier …) – le monde sera bientôt anglophone. Deux possibilités s’offrent alors aux politiques, linguistes, sociologues et autres spécialistes de sciences humaines : Accepter cet état de fait - Le combattre (afin de l’éviter)


Accepter l’anglais comme langue commune

Quelles pourraient en être les conséquences ? Une (re) babélisation du monde ? Il apparaît maintenant évident qu’aucune activité humaine n’échappe à la langue, c’est le véhicule privilégié de notre rapport au monde et aux autres. Cependant, la langue n’est jamais neutre qui nous fait voir le monde à travers le prisme cher à Georges MOUNIN qui n’hésite pas à employer des formules choc puisqu’il écrit dans son livre « Problèmes théoriques de la traduction « L’individu est condamné à voir le monde à travers le prisme de sa langue. » Il est de fait que l'homme dans sa vie appréhende le monde essentiellement ou même exclusivement selon l'image que lui donne la langue. Celle-ci peut se comparer à des lentilles de contact que l'on porte sans s'en apercevoir, mais qui cependant médiatisent ce que l'on voit.

La langue est l’héritage culturel plus ou moins adéquat de tout locuteur. Elle véhicule, bien sûr, cette culture dont tous les peuples sont fiers et qu’ils aiment à montrer, mais elle véhicule également tout un passé, toute une vue passéiste du monde que l’on voudrait idéologiquement occultée, mais que notre langue révèle. C’est ce que Gaston BACHELARD appelle « l’obstacle épistémologique » de la langue. La société, les sciences sont en évolution plus rapide que l’idiome qui sert à les décrire … Or, nous ne pouvons penser que par et à travers notre langue. Notre pensée ne peut s’appréhender – comme nous l’avons vu avec Saussure - que par son expression linguistique. En effet, la langue est le reflet de la pensée collective, avant que d'être l'expression de l'individu qui l'utilise.


Prenons un exemple

Depuis Copernic tout le monde sait que la terre tourne autour du soleil et que celui-ci est immobile, cependant :

> les Francophones continuent de dire : " le soleil se lève ou se couche "

> les Allemands disent : " Die Sonne geht unter "

> les Japonais disent : " Higa déru "
> et les Anglophones : " The sun rises "...

L'individu pense à travers les mots de sa langue maternelle. Ceux-ci lui sont fournis au moment de ses apprentissages premiers et il n'a, lui, aucun pouvoir par rapport à eux. S'il veut communiquer avec son entourage - et c'est là une fonction vitale - l'individu doit se soumettre à la loi de la langue, c'est-à-dire à la loi de la société dans laquelle il vit. La langue est donc le révélateur de la pensée des peuples qui l'utilisent comme moyen de dire le monde qui les entoure. " La langue est la représentation fidèle du génie des peuples, l'expression de leur caractère, de leur existence intime, leur verbe pour ainsi dire." Michelet.

La pensée de l'Homme ainsi que ses comportements sociaux et psychologiques sont déterminés par les structures inconscientes qui s'imposent à lui ; c'est pourquoi, l'apprentissage de la langue est en même temps l'apprentissage de toute la structure sociale. Les langues sont porteuses de certaines valeurs, certaines façons de penser que les individus transmettent à leurs enfants même si parfois cela se fait de façon inconsciente et à leur corps défendant.


Il semble actuellement évident que :

Les diverses formes de langue constituent des modes d'appréhension différents du même réel. Chaque langue a sa façon bien à elle de catégoriser, de sérier le réel commun. Notre façon de parler nous donne, nous montre, nous fait appréhender le monde de façon particulière. Cela signifie qu’apprendre une langue étrangère, c'est :

> apprendre à se décentrer,
> prendre le risque de voir ses représentions changer,
> c'est apprendre à accepter le point de vue des autres, en le considérant non comme absurde ou étrange mais tout simplement comme différent.
> apprendre à envisager les choses sous un autre angle, de façon différente,
> c'est introduire du culturel et du social en plus de l'économique et du politique.

Que signifierait donc choisir une seule langue pour communiquer en Europe ?


Les conséquences prévisibles d’un tel choix

Je citerai tout d’abord Michel SERRES qui a la solide réputation de n’avoir jamais accepté de donner ses cours dans les universités américaines autrement qu’en français. « Quand tous les gens du monde parleront enfin la même langue et communieront dans le même message ou le même norme de raison, nous descendrons, imbéciles débiles, plus bas que les rats, plus sottement que les lézards. Mêmes langues et mêmes sciences maniaques, mêmes répétitions des mêmes noms sous toutes les latitudes, Terre couverte de perroquets criards. Quand les puissants et les riches ne parleront plus que l’anglais ; ils découvriront que la langue dominant le monde manque du terme « pudeur ». Ils auront laissé avec mépris, les autres dialectes aux pauvres… »

Cette citation pose le problème d’un tel choix et nous replonge dans le Mythe de la Tour de Babel… Remémorons-nous l’histoire …


Le mélange des langues

C'est dans le récit de la genèse que l'on trouve la première allusion à la diversité des langues, avec l'épisode la Tour de Babel. Les 9 versets de la Genèse expliquent le mythe d'une conception unique et harmonieuse d'un monde simple et clair avant l'intervention divine qui sema le trouble dans le genre humain en multipliant les langues. De fait – et si l’on en croit les écritures - lorsqu'il se rendit compte que les Hommes étaient en train de bâtir une tour dans l'espoir - toujours intact depuis Adam et Eve - d'égaler la puissance divine, Dieu décida de les diviser et pour ce faire, il diversifia les langues. Le désir des hommes était alors – comme l’explique Seybold - de fonder un empire et un seul et même peuple, d'avoir une métropole, une religion d'état etc.

Si l’on fait une lecture de cet épisode de la Genèse, sans avoir pour autant la prétention d’en faire l’exégèse, nous nous rendons compte rapidement que cet épisode a prise sur nos références culturelles actuelles. Le mythe de Babel sert en effet d’herméneutique à notre civilisation actuelle. À la lumière de la linguistique moderne, on peut donner deux raisons, deux explications à l’intervention divine :

Avant Babel, tout le monde se servait d’une même langue et des mêmes mots...  On pourrait alors émettre l’hypothèse que si tous les Hommes parlent la même langue, ils deviennent plus forts puisqu'ils se comprennent, peuvent s'organiser, voir le monde de la même façon penser dans le même sens. " Diviser pour régner " n'est pas un vain adage et il semble bien que la diversité des idiomes rejaillit sur l'incompréhension réciproque des humains,

L’autre raison pourrait bien n’être que, face à ce désir d'homogénéisation monolithique, Yahvé exprime sa crainte que l'Homme n'ait plus de liberté de penser, de parler, d'agir et, pour y remédier, c’est pourquoi, pour éviter la pensée monolithique, Il diversifie les langues. C’est cette idée que reprend Néher lorsqu’il dit : « Le malheur, c’est que l’humanité dans sa totalité était d’un même bord (à comprendre ici comme une seule langue) et ne vivait qu’une seule histoire ».

Idée émise également par Banon qui dit : « Hélas, toute la terre parlait le même langage et avait une même idéologie ». Nous voyons là que la Génèse nous fait approcher déjà le concept de  " pensée unique " chère à Jean-François KAHN. Pensée monolithique ? Pensée unique ? Qu’en est-il du mythe de Babel actuellement ?

La langue anglaise va-t-elle à plus ou moins long terme servir de lingua franca à l’Europe ? Au monde ?  Dès lors, quelle attitude adopter ? C’est la seconde partie des propositions …


Combattre l’anglais comme langue commune ?

 « On ne gouverne pas la langue par décret » comme le souligne Marc Bonnaud.  Il n’est que de voir par exemple comment les diverses « réformes » putatives de l’orthographe sont régulièrement accueillies dans notre pays ou encore d’examiner la mise en œuvre la loi TOUBON pour se rendre à l’évidence : « vox populi, vox Dei ».

Comment pourrait-on combattre un état de fait, installé par le peuple ? Étiemble, en son temps s’était aventuré sur ce terrain et n’était parvenu qu’à récolter opprobre et sarcasmes. Point n’est utile de jouer les Don Quichotte si les moulins tournent dans le sens contraire… Le vent est toujours le plus fort qui nous indique la direction. Il est assez bien vu dans un certain cercle dit « de l’intelligentsia » de parsemer son discours de quelques emprunts à l’anglais afin de prouver aux interlocuteurs que cet idiome appartient à la compétence de celui qui s’exprime, même si cette connaissance n’est qu’un léger vernis, vague réminiscence des années d’études scolaires voire universitaires …

Point de combat perdu d’avance donc, mais une autre préoccupation linguistique celle-là … l’utilisation de la langue anglaise par tous ne signerait-elle pas de façon quasi certaine sa disparition à plus ou moins long terme ? C’est effectivement ce qui se passa avec la langue latine qui vit son déclin s’accentuer au fur et à mesure qu’elle se répandait de par le monde romain. Dès lors, doit-on réserver à la langue de nos voisins d’Outre Manche ou d’Outre Atlantique le sort dévolu à la langue de César et faire de l’anglais le latin moderne ?

Écoutons nos « scientifiques » dits de « sciences dures » avoir recours à ce moyen de communication déjà commun … Lorsque j’entends les informaticiens parler, je remets en cause ma propre connaissance de l’anglais … De même lorsque le touriste se sert de cet idiome lorsqu’il est à l’étranger, il lui arrive de ne pas reconnaître ce qu’il a lui-même appris … L’anglais parlé par un Espagnol qui n’a pas fait d’études spécifiques de cette langue n’a que peu à voir – et en l’occurrence à comprendre – avec l’anglais d’un Français voire d’un Libérien … Si d’aucuns pouvaient s’insurger contre l’emploi de l’anglo-américain comme langue commune à la communauté européenne ou mondiale ce devraient être les locuteurs de cette langue eux-mêmes …

Une autre solution serait de ne pas utiliser la langue d’un peuple afin d’éviter d’une part la pensée monolithique dont il était question auparavant, d’autre part un risque de suprématie à travers la langue d’un peuple sur les autres ainsi que la disparition à terme de cet idiome, ce serait d’avoir recours à une langue inventée …


Adopter un moyen de communication artificiel ?

Beaucoup de non-dits se cachent derrière la langue – comme nous l’avons vu - qui pourraient être éliminés par un moyen de communication artificiel ?
Cette solution permettrait-elle d’assouvir notre besoin de sécurité, notre répulsion au changement ? Cela provoquerait-il une révolution intellectuelle puisque les individus ne pourraient plus se retrancher derrière les fonds conservateurs de leur langue (quelle qu’elle soit) et que cela nous obligerait à dépasser les représentations naïves et les ignorances de notre passé qui continuent toujours d’informer nos modes de raisonnements … ?

Il faut le dire, le désir d’une langue monolithique n'est pas mort et d'aucuns cherchent toujours à recréer une langue unique ; les essais ne manquent pas. Ce sont ce que d’aucuns aiment à nommer « les langues utopiques » parce qu’elles suivent les traces de Thomas More - ou de Bacon - qui proposent de supprimer d’un seul coup d’un seul tous les problèmes de traduction, de grammaire, de polysémie ou d’incompréhension grâce à un idiome entièrement fabriqué à cet usage.

La recherche d’une langue internationale ne date pas d’aujourd’hui, puisque cette quête était déjà présente dans les recherches il y a plus d’un siècle. Elle a d’abord été formulée pour répondre aux besoins de la communauté scientifique qui souhaitait la circulation des savoirs à travers les frontières et par là même désirait satisfaire le besoin de souder la communauté savante européenne. En effet, dès cette époque on déplorait que la diversité linguistique soit un obstacle au bon fonctionnement des échanges. Les congrès internationaux illustraient cette difficulté. En plein essor depuis 1880, ils tentaient de devenir le lieu idéal de la transmission des savoirs, mais étaient en fait le lieu emblématique du babélisme.

En 1800, on publiait des ouvrages en 10 langues : français, anglais, espagnol, italien, suédois, polonais, russe, danois, allemand et grec, en 1900 plus de 30 langues européennes étaient utilisées (roumain, tchèque, catalan, serbo-croate, magyar, flamand, lituanien …). La pluralité des langues était considérée comme un obstacle au bon fonctionnement de la science. Elle empêchait la progression du savoir, toute l’énergie scientifique s’évaporant dans les traductions et les doubles emplois. La diversité linguistique était en ce temps-là considérée comme source de disharmonie et de mésentente. L’internationalisation des échanges, les premiers efforts de standardisation de la terminologie et des classifications faisaient ressentir le besoin d’une langue internationale. Elle était considérée comme une condition indispensable à l’avancée de la science. De multiples démarches furent donc entreprises au cours du quart de siècle précédent la première guerre mondiale pour construire une langue qui serait le garant de la neutralité parmi les nations en concurrence.


Il y avait alors trois solutions en concurrence

Revenir au latin

Les langues naturelles, mortes ou vivantes, avaient le mérite d’avoir connu des précédents historiques. Le grec de la koinè, le latin médiéval des universités de la chrétienté, le français de la diplomatie et des cours princières de l’Europe des Lumières avaient tenu ce rôle  de langue scientifique internationale. À la fin du XIX° le retour au latin trouvait d’ardents défenseurs, mais ses détracteurs affirmaient qu’une langue morte ne saurait s’adapter à une science vivante et forte consommatrice de néologismes. Ils constataient en outre que l’apprentissage du latin connaissait un déclin insurmontable dans les écoles au bénéfice des études modernes. Les cours de médecine ou les manuels scientifiques de mathématiques en latin avaient disparu depuis le milieu du siècle, la pratique de la seconde thèse en latin était elle-même une survivance.


Recourir à une langue nationale

S’il fallait une langue adaptée aux mutations accélérées des diverses disciplines, les grandes langues de civilisations offraient une alternative. Mais laquelle choisir ? La plus pratiquée ? C’est ce que prônaient les publicistes anglais et américains. La langue qui faisait prendre en compte l’histoire, la politique, la culture ? C’est ce que préconisaient les Français, nostalgiques du temps révolu de l’expansion de leur langue. La montée des tensions nationales d’avant 1914 et l’exaspération de l’antigermanisme en Europe donnèrent raison à ceux qui écartaient cette solution de recours à une langue vivante déjà existante, redoutant l’invasion des passions nationales dans le terrain neutre de l’internationalisme. C’est donc finalement une tierce solution qui semblait s’imposer, à savoir :

Élaborer une langue nouvelle, de construction artificielle ou de fondement naturel. Cette « solution » connut un engouement extraordinaire puisque plus de 120 systèmes linguistiques des plus complexes au plus farfelus virent le jour entre 1880 et 1914. Tous ces essais avaient des caractères communs, à savoir que l’on renonçait au caractère arbitraire et conventionnel des autres langues dites a priori. On s’attachait à la création de langues qui reposaient sur les caractères communs aux diverses langues. Ces créations étaient devenues possibles grâce aux études de linguistique comparée et à tous les travaux linguistiques du XIX° siècle. La découverte du sanscrit, la notion de famille des langues comme l’indo-européen, le travail sur l’analyse des textes, leur structure, leur grammaire …

Pour être efficace, le vocabulaire de ces langues devait dériver des racines communes au plus grand nombre des langues européennes. La grammaire et la syntaxe devaient obéir à la règle d’or du minimum de complexité. À partir de là, deux grandes sortes de langues artificielles ont vu le jour selon qu’elles étaient constituées : d’éléments non linguistiques comme le TIMERO créé en 1921 où chaque terme et fonction des langues sont symbolisés par un nombre ou un chiffre, ainsi, chaque sujet pronominal de la première personne du singulier portera toujours le numéro 1. Le verbe « aimer » sera symbolisé par le nombre 80. Donc, si on a tout compris, 1-80-17 qui signifie " je t'aime " dans n'importe quelle langue !!! ou le CARPOPHOROPHILUS pour lequel le simple apprentissage du nom pose déjà quelques difficultés … soit à partir de langues connues qui voudraient représenter l’impossible synthèse des langues multipliées à Babel.


Les deux qui sont restées dans les mémoires sont le volapük et l’espéranto

1880 : consécration éphémère du Volapük. Son créateur ; l’allemand Schleyer, empruntait beaucoup aux langues germaniques, mais ses essais furent condamnés à l’échec à cause de la complexité de la grammaire et la difficulté de son vocabulaire. On comptait cependant 1 million de pratiquants en 1880.

1887 Année du lancement de l’espéranto. Son créateur, le docteur ZAMENHOF, (1859-1917) était un médecin ophtalmologiste de la Pologne russe, juif du ghetto confronté au multilinguisme. Fondé sur les 16 règles fondamentales de grammaire et sur une phonétique qui fait correspondre une lettre à un phonème et un seul. Apprentissage aisé, en quelques heures seulement. Animé d’une foi inébranlable dans le bon génie de l’humanité, Zamenhof veut que chacun apprenne l’espéranto comme langue seconde après sa langue maternelle afin de permettre une réunion de tous les hommes et effacer le châtiment de la tour de Babel. Il est habité par un idéal de fraternité humaine qui donnera naissance plus tard à une religion universelle (1906) : le hillélisme, respectueuse des particularités religieuses, linguistiques, nationales de chacun mais les réunissant dans un amour de l’humanité tout entière, enfin réconciliée dans la tolérance et la fraternité. Bien que le fruit d’une élaboration savante, l’espéranto se veut une langue vivante, et refuse dès le début de se cantonner aux échanges scientifiques. Il est doté d’une littérature et on a traduit tous les grands textes en espéranto, …

Actuellement plus de 33000 ouvrages traduits de la bible en passant par le petit livre rouge de Mao et l’œuvre de Shakespeare.Cependant, malgré des présupposés sympathiques, l’espéranto ne repose que sur une base de communauté spirituelle, sans assises politico-économiques et que le succès de son entreprise en est rendu d’autant plus improbable. Dès lors, si l’idéologie sous-jacente de ces recherches de langue unique est si généreuse, - et chacun s’accorde à reconnaître que ce qui a motivé ZHAMENOF relève du besoin de fraternité entre les Hommes - force est de constater cependant que leur propagation ne se fait pas aussi rapidement ou de façon aussi universelle que le voudraient ses locuteurs. Si nous en cherchons les raisons, nous allons nous rendre compte que celles-ci rejoignent les préoccupations de chacun d’entre nous, linguistes ou non à propos de la langue adamique.


La question se résume donc à :

« Pourquoi est-ce que ça ne marche pas ? »

Pour comprendre les raisons du moindre succès de ces langues utopiques il nous faut nous souvenir des théories saussuriennes, voire encore avant :

Les pré-saussuriens pensaient que le monde était prédécoupé à la langue et que les éléments linguistiques - les mots, pour faire bref - permettaient de nommer « les choses et les gens ». C’était la conception antique et biblique que l’on retrouve dans la Génèse comme vu précédemment : Genèse, versets 1 à 9 : « Au commencement était le VERBE » « Il y eut un soir, il y eut un matin … » « Et Dieu nomma la lumière « jour » et les ténèbres « nuit » …

Mais avec Saussure nous avons compris que c’est la langue qui découpe le monde, le réel qui nous entoure. En effet, un francophone ne voit pas le monde de la même façon qu'un anglophone ou qu'un sinophone et ceci parce qu’ils ne parlent pas la même langue. La langue de chacun d’entre eux lui fait appréhender le réel commun de façon différente. Le monde n'est pas " prédécoupé " avant le recours au signe linguistique. La pensée est une masse amorphe avant l'émergence au signe, avant la capacité à parler. C’est, en effet, l'accession au " signe linguistique " qui permet à tout individu doué de capacité langagière de percevoir le monde.

Le tout petit ne peut commencer à penser, à organiser le monde, à le répertorier, le classer, le hiérarchiser, le formaliser, le structurer qu'à partir du moment où il le fait avec des (signifiants) mots. Ce qui signifie que, contrairement à certaines théories (comme celle de André Martinet[1] : linguistique fonctionnelle) il semble que la première fonction de la langue ne soit pas de communiquer, mais de formaliser la pensée. Dès lors, comment structurer sa pensée, découper le monde sans le soutien de l’Histoire, de la civilisation, de la culture qui aurait procédé à ce découpage unique ?

Les linguistes affirment que l’espéranto, de par sa construction n’est pas une langue. Il ne peut servir d’outil au découpage du réel qui nous entoure, mais qu’en dire, qu’en penser s’il se cantonne à être un moyen de communication entre les peuples linguistiquement distincts ? Sans doute sa constitution de base très européenne ne le destine-t-il pas à servir de lingua franca de par le monde, - c’est un des reproches qui avait été fait à Zamenhof – mais si nous parlons de l’Europe … À voir …


Les limites d’un tel choix

L'Europe de notre enfance, celle de nos parents ne ressemble en rien à celle que nous voulons construire pour nos enfants. L'enseignement des langues ne doit plus se limiter à leur inculquer une formation uniquement d'ordre linguistique mais il nous faut leur donner aussi les moyens de s'insérer dans les autres pays de la communauté européenne.

L'enseignement de la langue ne suffit plus, il nous faut aller plus loin dans la connaissance de l'autre et pour cela comprendre non seulement ce qu'il dit mais aussi pourquoi il le dit, dans quel contexte économique, politique, social voire psychologique il le VIT. L’espéranto ne servirait pas une telle ambition, un tel projet, lui qui ne réfère à aucune culture particulière …  Il ne serait d’aucun peuple en particulier et paradoxalement c’est certainement cela qui serait la cause de son échec. L’éthique de la diversité est cette rencontre de l’Autre comme Autre. Elle s’appuie sur l’exigence de la liberté d’autrui sur le respect de sa complexité et de ses contradictions. Communiquer c’est partager, ce n’est pas uniquement diffuser ou distribuer de l’information.

Ce que nous recherchons s’exprime bien sûr sous les traits de l’universalité de l’Homme, mais également du pluralisme et des distances culturelles. Le pluralisme est un élément indispensable de la tolérance.


Conclusion

L’adage français, révélateur de bon sens dit : « l’ennui naquit un jour de l’uniformité » … Avec plus de 6000 langues à travers le monde, nous ne risquons pas de nous ennuyer… L’idéal serait d’en connaître une bonne partie ainsi nous pourrions appréhender le réel commun de tellement de façons différentes que jamais ce monde ne nous semblerait semblable ou monotone… Il nous apparaîtrait chaque fois sous un jour nouveau. La langue étrangère permet la « re-création » du monde.

La connaissance – même passive – de nombreuses langues permet de comprendre qu’il n’existe pas qu’un seul idiome, une « lingua franca » qui gommerait toutes les appréhensions possibles de notre planète ; le polyglotte sait qu’il n’existe pas qu’une seule vérité, que l’Autre ne représente pas un danger mais qu’il est une richesse pour nous. L’apprentissage des langues étrangères devrait faciliter la mobilité des hommes et leur intégration dans les diverses sociétés du monde. Comme le dit TODOROV dans son livre « Nous et les autres » : « Quand deux groupes culturels entrent en contact, ils s’appréhendent et interprètent inconsciemment dans l’interaction les codes de l’autre suivant leurs propres normes intégrées. » C’est pourquoi il faut être vigilant et assurer tant que faire ce peut la survie de toutes les langues, quelle qu’elle soit. N’oublions pas que " Laisser mourir une langue, c'est perdre une partie de la culture mondiale ".

Il faut cependant être vigilant car le " complexe de Babel " est toujours présent et pousse inlassablement à reconstruire les unités perdues ou rêvées. Le français fut la langue des puissances européennes de Louis XIV à Napoléon et son usage était indispensable pour quiconque voulait être toléré, admis dans la société la plus prestigieuse de l'univers. Actuellement, l'anglais a acquis le premier rang mondial par sa puissance industrielle et sa force militaire… (économique ?)

Bien que le président Senghor décrétait que : " le français est la langue avec laquelle on doit parler à Dieu." ( peut-être faut-il voir sous cette hyperbole de poète la souriante malice d'un vieux sage africain...) il faut bien se dire et être persuadé qu’aucune langue n'est plus concise, plus mélodieuse, plus poétique ou plus énergique que les autres. Il ne peut donc y avoir de langue internationale, unique, puisqu'elle se heurterait à l'un des instincts les plus profonds et les plus constants de l'Homme, celui de s'exprimer par ses mots à lui. " La langue est la représentation fidèle du génie des peuples, l'expression de leur caractère, de leur existence intime, leur verbe pour ainsi dire." Michelet.

Un examen lucide de la place respective des langues et de la compréhension de ce que peuvent être leurs (r)apports réciproques face à l'humanité ne sera jamais réduite à s'en remettre à une seule langue internationale, unique. La place légitime de chacune des langues participe à la culture universelle. Le pluralisme doit être le garant de la tolérance. Comme le souligne Hannah ARENDT : « La tolérance n’est pas l’assimilation mais l’acceptation de la différence ». Face que le monde soit assez sage pour n’oublier ni l’Histoire ni nos poètes et avec l’un d’entre eux, souvenons nous que : «  on voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».


Béatrice POTHIER
France, Angers Linguistique - URFA

Droits de reproduction et de diffusion réservés © LESTAMP - 2005
Dépôt Légal Bibliothèque Nationale de France N°20050127-4889

 
 
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